Au début du 16e siècle, Marguerite d'Autriche se trouva veuve à 24 ans du duc de Savoie, Philibert II dit "Le Beau".
Elle fit bâtir en sa mémoire, aux portes de Bourg-en-Bresse, le monastère royal de Brou.
L'ensemble est constitué de bâtiments monastiques articulés autour de trois cloîtres et de la somptueuse église Saint-Nicolas-de-Tolentin, chef d'œuvre du gothique flamboyant.
Elle est d’inspiration flamande car Marguerite d'Autriche fut, par ses mariages successifs, dauphine de France, infante d’Espagne, duchesse de Savoie, puis de 1507 à 1530 régente des anciens Pays-Bas, pour le compte de son neveu, Charles Quint.
C'est de Flandre qu’elle fit venir l'architecte Louis van Bodeghem avec les meilleurs artistes et maîtres d’œuvre, de sorte que l'église de Brou constitue le joyau de la Renaissance flamande en architecture.
Écrin funéraire destiné à abriter les tombes de Marguerite d'Autriche, de son époux Philibert II et de la mère de celui-ci Marguerite de Bourbon, l’église de Brou devait aussi magnifier les Maisons de Bourgogne, de Habsbourg et de Savoie.
Comme je suis vaccinée contre la covid, j'accède au site sans difficulté en présentant mon passeport sanitaire.
J'ai pris des photographies au fil de la découverte et je les partage ici sans commentaires didactiques que vous pourrez lire ou entendre sur place si l'envie vous prenait de faire la même visite...
On entre dans l'église par l'intérieur du site. Le travail de la pierre est d'une délicatesse de dentelle qui annonce la splendeur de l'intérieur.
Une fois traversé le choeur, on trouve les trois tombeaux. Marguerite d'Autriche et son époux y sont sculptés deux fois : dessus, en gisant, c'est-à-dire dans une attitude sereine et digne, tandis qu'en-dessous, c'est la version en transi, terme issu du verbe latin "transire" signifiant « aller, passer au-delà » : la sculpture est donc une représentation plus crue de la mort.
Le tombeau de Marguerite d'Autriche est à gauche avec une chapelle dans son prolongement.
A droite, sculpté en niche, se trouve le tombeau de Marguerite de Bourbon, représentée uniquement en gisante.
Au centre se trouve le tombeau de Philibert dit le Beau, riche en symboles et figures.
Un escalier dans la chapelle de Marguerite d'Autriche permet d'accéder au premier étage. Au-delà, l'accès est interdit, mais la vue sur la nef est déjà spectaculaire.
Le "Passage de Marguerite" reliait directement la chapelle à ses appartements privés, qui sont désormais transformés en salles pédagogiques, et l'on peut y croiser son fantôme...
On peut voir la différence entre la sobriété d'une cellule de moine et le luxe des appartements du prieur.
Les Augustins de la congrégation de Lombardie restèrent les gardiens des tombeaux de Marguerite de Bourbon, de Philibert-le-Beau et de Marguerite d'Autriche, jusqu'en1658, remplacés par les Augustins de la congrégation de France qui furent chassés par la Révolution.
A l'automne et l'hiver 1793-94, le cloître abrita le 1er Régiment de Hussards, ce qui le sauva de la démolition.
L'avocat lyonnais Thomas Riboud, député de l'Ain et membre du conseil des Cinq-Cents sauva l'ensemble de Brou de la destruction en le faisant déclarer « Monument national » par la Convention. L'ancien monastère royal fut acheté en 1823 par le diocèse de Belley qui en fit un grand séminaire diocésain, confisqué et fermé en 1905.
En 1922, la Ville de Bourg-en-Bresse désormais propriétaire y installa le musée municipal en 1922 qui aujourd'hui encore présente des oeuvres allant du 13e siècle au 19e siècle ainsi qu'à l'époque contemporaine.
Le cheminement est un peu biscornu mais la balade est plaisante.
Mon père est un peuple - Kamel Yahiaoui, 2010 - L'artiste a peint sur la veste que portait son père à son décès.
Avant de ressortir, je jette un oeil à une petite salle didactique évoquant les techniques étudiées lors des restaurations.
Je termine la visite en cherchant le cadran solaire. En fait, il est sur le parvis mais je ne l'avais pas remarqué car ce n'est pas une table ni un ornement de façade.
C'est ce qu'on appelle un cadran analemmatique : l'heure est donnée par la direction de l'ombre du style (fréquemment un homme debout à une position variable suivant les jours de l'année).
Construit au début du 16e siècle, il est souvent considéré comme le premier du genre à avoir été réalisé