Naples - San Giovanni a Carbonara et péripéties

Bien que lessivée par ma longue marche dans Herculanum, j'ai voulu voir le complexe religieux dont mon amie Valentina m'avait vanté la beauté. 

L'église San Giovanni a Carbonara, de style gothique, est située sur l'avenue Carbonara du centre historique. Son nom vient qu'elle a été construite à l'endroit  qui, au Moyen Âge, servait de dépôt pour les déchets incinérés.

Mais j'ai bien failli ne pas voir ça :  le GPS m'a fait tourner en rond pendant près de trois quarts d'heure, en traversant plusieurs fois le Corso Umberto au péril de ma vie. D'ailleurs, d'après les journaux, cet axe compte de nombreux passants renversés et les pétitions s'accumulent pour le réguler. 

Beaucoup de plaques de rues ont disparu et le réseau passe mal, ce qui ralentit les mises à jour du plan. J'étais très énervée parce l'endroit ferme à 17 h et j'ai  pensé ne pas y arriver. 

J'ai traversé des quartiers peuplés essentiellement d'immigrés africains et pakistanais qui n'ont pas pu me renseigner mais je n'avais pas envie de renoncer, même en repassant à l'endroit où un voleur avait tenté de prendre mon portefeuille.

Au moment où je désespérais, j'ai pu interroger une famille, à la terrasse d'un café.

Les femmes m'envoyaient dans un sens en me montrant une  église mais le petit garçon a dit, très résolu,  "Non, c'est à l'autre bout, celle-ci c'est Santa Catarina". J'aurais pu l'embrasser !   

Grâce à lui, je suis arrivée 45 mn avant la fermeture ce qui a suffi car plusieurs parties sont encore fermées, dont le cloître, hélas. 

La construction de l'église a débuté en 1339, grâce aux dons du patricien napolitain Gualtiero Galeota.  L'agrandissement au début de 15e siècle à la demande du roi Ladislas Ier de Naples consistait en la construction d'un nouveau cloître à côté de celui déjà présent et un embellissement l'aide de marbres.

Le complexe religieux  a été restauré en 1856 mais fortement endommagé en 1943 par les bombardements alliés. Les travaux de restauration ont éliminé les ajouts du 19e siècle.  

San Giovanni a Carbonara est contiguë à deux autres églises, Santa Monica et la Consolazione a Carbonara qui ne sont pas encore accessibles.

Le double escalier monumental imaginé par Ferdinando Sanfelice donne accès à San Giovanni a Carbonara et à la chapelle de Santa Monica depuis la chaussée située en contrebas, tout en embrassant l'église de la Consolazione dont l'entrée s'ouvre entre les deux rampes.

Resté longtemps fermé, l'ensemble fait l'objet d'une nouvelle campagne de restauration.

Déçue de ne pas voir la Consolazione, j'ai craint le pire en traversant la cour mitoyenne moche

Heureusement, une porte un peu plus modeste s'avère mener à un véritable joyau, bien plus joli que Gesù Nuovo et dont j'aurais voulu pouvoir échanger les temps de visite !

Face à l'entrée, la chapelle Miroballo n'est pas une pièce en tant que telle, mais un monument dédié à Saint Jean-Baptiste enserré dans le mur de la nef.

Elle est attribuée à des artistes lombards comme Tommaso Malvito et Jacopo della Pila.

Il y voit aussi diverses statues dont les Docteurs de l'église, une Vierge à l'Enfant, ainsi que l'œuvre dédiée au fondateur de la chapelle Troiano Miroballo avec son épouse présentés par les deux saints Jean.  

Ce sépulcre est l'œuvre de Lorenzo Vaccaro et précède des fresques du 15e siècle disposées dans la niche suivante qui représentent la Vie de San Nicola da Tolentino. 

Datant de 1516, la chapelle dite de Carraciolo di Vico acueille les tombeaux de membres de la famille Caracciolo qu furent marquis de la ville de Vico, dans le Gargano (Pouilles)

De forme circulaire, ses plans auraient été conçus par l'école du célèbre architecte Bramante, en faisant un précieux témoignage de l'influence de la Renaissance romaine à Naples.

Les plus importants artistes actifs à Naples à cette époque y œuvrèrent : Giovanni Da Nola, Diego De Siloe, Bartolomé Ordóñez...

Le monumental tombeau du roi de Naples Ladislas 1e (Ladislas d'Anjou-Durazzo) s'encastre dans l'abside, au fond de la nef.

La construction du monument de style gothique fut engagée en 1414 à la mort du roi par sa soeur, la reine Jeanne. Achevé en 1428, ce monument de style gothique est l'oeuvre de plusieurs artistes toscans et lombards, dont Andrea da Firenze.

Haut de 18 mètres de haut, il est encadré par deux fresques de Leonardo da Besozzo et décoré de nombreuses statues. 

Les vertus Tempérance, Force, Prudence et Magnanimité soutiennent les trônes du roi Ladislas et la reine Jeanne.

Au-dessus, le roi gît sur son tombeau ; enfin, une statue équestre du roi couronne l'oeuvre.

Au premier rang des trésors de San Giovanni a Carbonara se trouve la chapelle Caracciolo del Sole, accessible en passant sous le tombeau du roi Ladislas.

Outre le tombeau de Sergianni Caracciolo, cette pièce circulaire construite en 1427 est couvertes de fresques du 15e siècle. Œuvres de Leornardo da Besozzo, et de Perinetto da Benevento, elles figurent en particulier la vie de la Vierge et des scènes érémitiques.

Le sol est décoré d'un beau pavement en majoliques d'origine, avec blasons, motifs végétaux et animaux.

La pièce est éclairée par de hautes fenêtres étroites en ogive et le contre-jour m'a empêchée de photographier les fresques qui les encadrent.

Entre 1557 et 1566, une dernière chapelle fut construite par la famille Somma au fond de la nef, étendant l'église sur le côté opposé à l'abside ; depuis son origine, elle est richement décorée de fresques d'un auteur inconnu.

La chapelle de la famille Somma  a été réalisée entre 1557 et 1566 d'après un dessin de D'Auria pour la partie inférieure et  de Caccavello, pour le sépulcre de Scipione di Somma en face de l'entrée. 

Les noms des peintres sont inconnus. 

En partant, je remarque le linge sur le côté de l'entrée du complexe et je me dis que la lessive est une véritable religion, par ici !