Naples - La très belle chartreuse San Martino

La chartreuse Saint-Martin (en italien : Certosa di San Martino) est un ancien monastère de chartreux situé sur la colline de Vomero. 

C’est l’un des plus grands complexes monumentaux religieux de la ville et l’un des exemples les plus réussis de l’architecture et de l’art baroque napolitain.

Il m'a fallu une bonne grimpette pour y accéder en sortant du métro mais ça en valait la peine. 

Le complexe compte une centaine de pièces, deux églises, une cour, quatre chapelles, trois cloîtres et des jardins suspendus. 

Depuis 1866, il abrite le musée national San Martino qui offre un choix intéressant de l'art et de l'histoire de Naples entre les 17e et 19e siècles... que je n'ai pas vu car il était en réfection.  Ce n'était d'ailleurs pas la seule section inaccessible alors j'en ai pris mon parti et je me suis promenée avec plaisir partout où c'était possible. 

J'ai particulièrement apprécié les belles crèches du 17e et 18e siècles, ainsi que l'étonnant cadran solaire intérieur de Rocco Bovi. 

La nef ne comporte pas de bancs et le centre est clos par un cordon qui oriente la visite en longeant les chapelles latérales. 

Les crèches, au-delà de la Nativité, ont peu à peu été complétées par des personnages et situations du quotidien, donnant finalement une dimension très humaine à la naissance du messie.

La vogue de l'orientalisme s'étendit au-delà des Rois mages, ajoutant vêtements et animaux exotiques. 

La spectaculaire la crèche Cuciniello est la plus ancienne  de la collection du 18e siècle du musée. 

Elle fut donnée en 1877 par l'architecte et dramaturge Michele Cuciniello, qui  aida personnellement à la mise en place, assisté de Luigi Farina pour l'exécution de la « pierre » en bois trempé, liège, papier mâché et terre cuite. 

Luigi Masi avait peint le paysage un peu napolitain, une solution dérivée de la scénographie baroque et rococo, donnant à l'ensemble une atmosphère de fête arcadienne entre le sacré et le profane. 

L'Annonciation est faite dans une hutte rudimentaire, peuplée de chèvres et moutons, les paysans levant les yeux vers l'ange annonciateur. 

La Nativité est placée parmi les ruines d'un temple, pour symboliser le triomphe du christianisme sur le  paganisme.  est survolée par une gloire d'anges.

Dans la taverne à deux étages des paysans portent leurs plus beaux habits et  trois musiciens de Viggiano animent le tout.  Quelques personnages jouent au jeu de cartes tressette. 

La scène centrale est enrichie à la fois par la brillante bande de musiciens orientaux et par le marché montrant de l'argenterie, des pièces de monnaie et d'autres marchandises, mettant la Sainte Famille dans un rôle un peu à la marge.  

Malheureusement, je n'ai pas trouvé en ligne de photographies présentant la crèche par sections en gros plan.

Dans la scène suivante, je suis restée perplexe quant à un des instruments : il s'avère que c'est un triccheballacche, un instrument de musique à percussion d'origine napolitaine, caractérisé par trois martelets en bois fixés sur un cadre.

Deux martelets extérieurs, animés par le musicien, frappent le martelet central fixe pour produire un son rythmique, souvent enrichi par des clochettes ou des grelots. 

En entrant dans une salle, j'ai vu au sol des beaux motifs, mais, à cause de la barrière et de la lumière éblouissante, je ne pouvais en distinguer que quelques uns  à la bordure.   

Une expérience des plus frustrantes !

Heureusement, un cartel explique de quoi il s'agit, et j'ai pu faire une photographie... de la photographie.

C'est un cadran solaire intérieur, dit "Ligne méridienne", incrusté dans le sol en majolique sur lequel sont dessinées les constellations visibles dans le ciel de Naples. 

L'œuvre est un instrument sophistiqué qui marque midi chaque jour de l'année grâce à une petite ellipse lumineuse, une étoile de rayons de soleil qui, passant à travers le trou gnomonique sur le mur, permet d'indiquer le passage du soleil sur le méridien local, fonctionnant comme un calendrier perpétuel. Le cadran solaire fournit également des indications astronomiques et géographiques très précises

Le nom et la fonction de cette ligne méridienne sont explicités dans la gravure présente dans l'ellipse du tropique du Capricorne. Cette gravure indiquerait la possibilité d'observer également les étoiles fixes qui transitent par le méridien sur un arc de sphère céleste compris entre le zénith et 64° 30'. 

Les créateurs de ce chef-d'œuvre installé en 1771 furent le scientifique Rocco Bovi, astronome et médecin, et le peintre Leonardo Chiaiese.

Je n'ai strictement rien compris à cet ingénieux système mais j'ai toute même été contente de voir l'ingéniosité combinée à l'art. 

La promenade s'est poursuivi dans un ravissant  décor froufroutant à souhait. 

C'est vraiment un endroit passionnant et j'espère pouvoir y revenir quand d'autres parties seront ouvertes. 

Le nouveau dicton est "Voir Naples et revenir" !