Naples - Déception : Un Ballo in Maschera au Teatro San Carlo

La journée a commencé sous une pluie battante qui s'est heureusement arrêtée juste au moment où je devais sortir pour aller à l'opéra. 

Le Teatro San Carlo, l'un des plus célèbres du monde et l'un des plus anciens théâtres lyriques d'Europe, entpeut accueillir 1386 spectateurs. 

ll compte six étages de loges, une vaste loge royale et un parterre long d'environ trente-cinq mètres. Inauguré au 18e siècle, il a connu des rénovations et une nouvelle façade néo-classique au 19e siècle, après un incendie. 

J'étais toute excitée d'avoir une place dans ce lieu mythique, d'autant plus pour un opéra que je ne connaissais pas encore.

Mais rien n'est allé comme je l'espérais. 

Pour commencer, dans la loge, il y a 8 sièges dans un espace conçu plutôt pour 6 et les déplacements sont impossibles quand on n'arrive pas dans l'ordre de remplissage. Il faut donc sortir pour laisser entrer les personnes placées dans les trois fauteuils devant. 

Derrière, ce sont 5 chaises hautes, étroites et très inconfortables. Comme  mes pieds n'atteignaient pas vraiment la barre d'appui, j'ai fini par grimper et lever la jambe pour m'asseoir à califourchon en posant les bras sur le dossier (heureusement, étant au dernier rang, personne ne m'a vue la jupe retroussée...).

L’opéra de Verdi s’inspire d’un fait historique : l’assassinat du roi de Suède Gustave III, lors d’un bal costumé en 1792.

Néanmoins, le compositeur eut maille à partir avec la censure, scandalisée à l’idée de voir sur scène un régicide. L'opéra prend donc pour cadre l’Amérique et se concentre sur l’amour impossible entre Riccardo, gouverneur de Boston, et Amelia, la femme de son secrétaire et  ami Renato. 

Mélange de frivolité et de gravité, la musique de Verdi connut le succès à sa création en 1859 à Rome. 

Au premier l'acte,  Renato. avertit  Riccardo d’un complot mais ce dernier ne veut pas s'en soucier.

Par jeu, il invite sa cour chez une sorcière pour un bal masqué.  Amelia la prend à part pour lui demander l’oubli de l’homme qu’elle aime. Riccardo, caché, entend toute la conversation et s'ensuit un poisseux mélodrame.

J'ai vite mesuré l'ampleur de ma misère.... 

Une femme de la loge n'a cessé de manipuler son téléphone, dont la lumière était éblouissante, en faisant cliqueter ses ongles en plastique sur l'écran. J'ai fini par lui tapoter le bras pour qu'elle arrête mais j'étais déjà bien énervée. 

Dans le rôle de Riccardo, le ténor de Vincenzo Costanzo était très faiblard et dans le rôle d'Amelia, le soprano de Valeria Sepe tirait sur le criard. Par malchance, la distribution alternant les interprètes, la célèbre Anna Netrebko ne chantait pas ce dimanche.

A la pause, la femme-au-téléphone s'est excusée en expliquant être la mère de Costanzo à qui elle avait promis de le filmer un peu. J'en ai déduit qu'il est plutôt débutant (ceci expliquant cela) et l'ai priée de seulement baisser la luminosité de l'écran. 

Je me suis concentrée sur l'immensité de la scène, la richesse des costumes mais l'orchestre manquait de force. 

Est-ce que je suis trop gâtée par l'Opéra de Lyon ? Ou ce que j'ai vu à Venise, Vienne ou Berlin ?  

J'ai eu l'impression d'une représentation de seconde zone. 

A l'entracte, j'ai repris les acrobaties pour descendre de mon perchoir avant que les autres ne se retournent.

J'ai siroté un jus de fruit au bar puis, décidant que je ne voulais pas davantage de ce calvaire, j'ai fait ce que je fais rarement : je suis partie. 

Un ballo in maschera Mélodrame en trois actes (1859) - Durée : 3 h avec l'entracte
Musique Giuseppe Verdi 
Livret Antonio Somma, d'après le livret Gustave III, ou Le Bal masqué d'Eugène Scribe

Chef d'orchestre Pinchas Steinberg - Maître des choeurs Fabrizio Cassi
Mise en scène et lumière Massimo Pizzi Gasparon Contarini
Décors et costumes Pierluigi Samaritani et Massimo Pizzi Gasparon Contarini
Chorégraphie Gino Potente

Avec
Riccardo, gouverneur (ténor) Vincenzo Costanzo 
Renato, secrétaire et ami de Riccardo (baryton)  Ernesto Petti  
Amelia, épouse de Renato (soprano)   Valeria Sepe  
Ulrica, sorcière (contralto)  Elizabeth DeShong
Oscar, page (travesti - soprano coloratura)   Cassandre Berthon
Silvano, marin (baryton basse) Maurizio Bove 
Samuel, ennemi du comte (basse)  Romano Dal Zovo♭
Tom, ennemi du comte (basse) Adriano Gramigni
Un juge/Un serviteur d’Amelia, ténor, Massimo Sirigu
Députés, officiers, marins, gardes, peuple, gentilshommes, affidés de Samuel et Tom, serviteurs, masques, couples de danseurs Chœurs 

Orchestre et Chœurs du Teatro di San Carlo
Production du Teatro Regio de Parme