Pas mal de route, ce matin, pour aller à Rossano. C'est l'occasion de voir du paysage.
La statue à l'entrée de la ville est celle de Santo Nilo da Rossano. Il était connu pour sa pratique ascétique, ses vertus, et son enseignement théologique.
Il répandit la Règle de saint Basile en Italie après avoir quitté la Calabre en 981 pour échapper aux persécutions des Sarrasins
La vedette de Rossano est le Codex Purpureus Rossanensis, un manuscrit enluminé sur parchemin pourpre en écriture grecque onciale en or et argent.
Il est exposé dans une salle dédiée sous haute surveillance de conservation, en raison de sa valeur historique. La dernière restauration du manuscrit a duré quatre ans, pour s'achever en 2016.
En 2015, l'UNESCO l'a inscrit dans la liste des textes « Mémoire du monde ».
Le codex est exposé ouvert, et une page est tournée toutes les deux semaines pour les montrer toutes en rotation.
Daté du 6e siècle par les spécialistes, il proviendrait d'Antioche en Syrie et serait arrivé à Rossano au 11e siècle.
Il fut trouvé à la sacristie de la cathédrale Santa Maria Achiropita de Rossano et mentionné pour la première fois par un chanoine en 1831.
Note : les images suivantes proviennent de divers sites savants ayant participé à la restauration.
L'histoire de ce codex est liée à celui des iconodules de l'empire romain d'Orient qui ont sauvé nombres d’œuvres religieuses, en les rapportant, entre autres, en Europe et plus particulièrement en Italie, sous le règne de l'empereur byzantin Léon III l'Isaurien qui appliquait une politique iconoclaste, au début du 8e siècle.
Cette position a été poursuivie par son fils, Constantin V, car à cette époque l'adoration des images de saints, du Christ ou encore de la vierge Marie était considérée comme de l’idolâtrie hérétique.
Le codex serait arrivé au 8e siècle, en même temps que les moines basiliens, venus de Constantinople, d'Égypte ou d'Afrique du Nord islamique.
De nouvelles théories affirment qu'il aurait atteint Rossano quand elle est devenue diocèse, au 10e siècle, ce qui marque également l'apogée de la splendeur de la ville.
Le codex se compose de 188 folios en vélin teinté en pourpre, avec quelques décolorations dues à différents facteurs, dont l'humidité. Il mesure 31 cm x 26 cm et contient 14 enluminures.
La résurrection de Lazare (notez le gars à côté, visiblement incommodé par l'odeur du cadavre ambulant...)
Le manuscrit contenant du texte de l'Évangile selon Matthieu et de l'Évangile selon Marc avec une lacune des versets de 14 à 20 dans celui de Marc.
Les textes de l'évangile selon saint Jean et saint Luc devaient probablement y figurer mais sont perdus.
Toutes les miniatures ont été peintes sur un parchemin moins fin que celui utilisé pour le texte des Évangiles ; une teinture poupre différente de celle utilisée pour les pages destinées au texte y a été appliquée.
Le parchemin plus épais offrait une base plus solide aux couleurs, tandis que la teinture plus opaque empêchait que la miniature peinte au recto d'une feuille ne soit visible à l'envers sur l'autre.
La structure du manuscrit est telle que les miniatures et le texte apparaissent regroupés sur des feuilles séparées.
Le codex a été produit dans l'un des centres de l'activité littéraire byzantine, reconnu par la plupart des spécialistes comme étant Antioche de Syrie. Des hypothèses de production dans d'autres centres restent à envisager.
Quoi qu'il en soit, le contexte de production est celui de l'Empire romain d'Orient comme en témoigne sa couleur pourpre, caractéristique de l'environnement de la famille impériale byzantine.
Le musée comporte d'autres choses, moins marquantes. J'en ai photographié quelques unes.
Le musée est au dos de la cathédrale Maria Santissima Achiropita, et il faut faire quelques pas pour la contourner et trouver l'entrée.