Italie - Calabre - Altomonte : l'église Santa Maria della Consolazione et le Musée civique

Il faut monter encore pour atteindre la bien-nommée Altomonte. Du sommet où se trouve le restaurant Barbieri, on peut voir l'église qui sera l'objet de la visite suivante. 

L’église de Santa Maria della Consolazione est la plus grande architecture sacrée gothique-angevine présente en Calabre, bâtie sur un ancien bâtiment normand dédié à Santa Maria de Franchis (1070).

D’autres agrandissements furent réalisés au 15e siècle par les Sanseverino, et en 1443, l’église passa aux Dominicains qui y fondèrent un monastère et l'agrandir par l'ajout d'un étage et d'un cloître

Derrière l'autel se trouve la tombe de la famille Sangineto, d'un atelier du 14e siècle.

Sur le mur à gauche du choeur, une longue boîte en hauteur m'a intriguée. Il s'agit en fait d'un cercueil qui contiendrait le corps d'un membre de la famille noble des Ruffo di Calabria. 

Les cercueils en plomb étaient utilisés pour les inhumations de figures importantes, souvent des membres de la noblesse ou du clergé, entre le 15e siècle et le 18e siècle. Le cercueil était ensuite placé dans une boîte en bois ornementé. Ils étaient souvent suspendus dans des endroits de prédilection comme le pied d'un jubé ou le choeur dans l'axe de la nef.

En Calabre, on en trouve notamment dans la région de Cosenza.

L’intérieur de l’église a été modifié entre le 16e siècle et le début du 18e siècle avec l’ouverture des arcs sur les côtés.

Le Musée civique d'Altomonte, adjacent à l'église Santa Maria della Consolazione, occupe l'ancien monastère des Pères dominicains. Il a été construit vers 1336 à la demande de Filippo Sangineto.  Le couvent a été construit au 15e siècle à la demande de Cobella Ruffo Sanseverino, devenue comtesse d'Altomonte en 1402.

Le monastère, progressivement agrandi au fil des siècles, était avant tout un centre d'études théologiques et scientifiques.

Après les suppressions monastiques du 19e siècle, l'église et le complexe ont été fermés.

Entièrement rénové depuis 1980, le bâtiment, aujourd'hui propriété de la municipalité, abrite le musée civique, la bibliothèque municipale et la bibliothèque historique.

La Madonna delle Pere (la Madonne aux poires) et l'un des témoignages les plus importants et rares de la peinture calabraise du 15e siècle, un précieux exemple de la culture artistique de la région, évoluant sous l'influence de  la peinture flamande et les innovations picturales de l'Italie du Nord, arrivées dans le sud à travers l'œuvre d'Antonello da Messina.

Le panneau, destiné à décorer le maître-autel de l'église Santa Maria della Consolazione a été peint sur du pin rouge de Sila par Paolo di Ciacio, peintre originaire de l'ancienne Milet et élève, selon des documents de l'époque, de l'illustre maître sicilien Antonello da Messina.

Le tableau représente la Vierge occupée à nourrir son fils avec une poire soigneusement choisie parmi celles qu'elle tient dans sa main droite, symbole de la douceur de son amour pour lui.

Pour l'anecdote, Louis XI avait fait appeler Francesco da Paola (saint François de Paule) espérant un miracle de guérison. L'homme offrit au roi une semence de poirier de sa Calabre natale avec instructions de la planter et d’en prendre grand soin, comme symbole d'espérance (et il n'a pas sauvé Louis XI).