Aujourd'hui, il faut rouler longtemps dans la montagne puis la contourner vers le sud-ouest. Le paysage devient méditerranéen, avec des zones parfois arides.
C'est une région très maraîchère, qui produit aussi des cacahuètes, des grenades, des kakis, ainsi que de la vigne.
Il y a de très nombreuses cigognes perchées sur les poteaux le long des routes.
Sur une place de village, l'un des rares endroits où faire une escale, les paysannes viennent vendre leurs produits : fruits et noix au sirop, miel, herbes, jus de fruits ou vin. Malheureusement, ma valise ne pourrait pas s'accommoder de bocaux.
Il fait déjà 28° ce matin et ce sont 34° qui s'annoncent...
L'église de la Sainte Trinité, extérieurement peu spectaculaire a pourtant une histoire rocambolesque qui vaut d'être racontée.
En 1810, Bansko était une ville à son apogée, de nombreux habitants de Bansko s'étaient enrichis grâce au commerce, voyageaient à travers le monde et revenaient pleins de projets
Le plus important était d’avoir une grande église et le maire de l’époque Dyado Lazko (aussi dit Lazar German) offrit le parc qu’il possédait au centre de la ville.
270 familles, riches ou pauvres, donnèrent selon leurs moyens pour commencer la construction selon les plans des architectes Dimitar Doyuv et Gligor Doyuv.
Selon la loi ottomane qui dominait alors, une église ne pouvait être construite que dans un endroit où se trouvait déjà un site religieux. Dyado Lazko fit alors preuve de ruse : avec quelques camarades, il se glissa une nuit sur le site pour enterrer une petite incône et quelques reliques puis demanda à une femme âgée de « faire un rêve prophétique » pour révéler l’emplacement.
La deuxième étape était d'obtenir du sultan un permis de construire. Les demandes restèrent sans réponse mais bientôt la nouvelle se répandit de la naissance du fils aîné du gouverneur de Thessalonique.
Aussitôt, Dyado Lazko et ses assistants s’y rendirent avec de riches présents pour l'héritier et une bourse d'or pour le gouverneur.
L’ayant mis dans de bonnes dispositions, ils formulèrent leur demande et finir par recevoir l’autorisation de commencer la construction de l’église.
Malheureusement, la permission accordée était pour une église très petite, avec un autel "de la taille, au plus, de la peau d'une vache".
A nouveau, les habitants de la ville durent recourir à une astuce pour contourner les réglementations. Ils décidèrent d'abord d'entourer le terrain de hauts murs qui empêcheraient les turcs de voir ce qui se passerait au niveau des fondations.
Puis la peau d'une vache fut découpée en une fine lanière pour étirer le tracé de l'emplacement de l'autel.
Ensuite, plusieurs nuits de suite, quelqu'un vint déplacer les repères qui traçaient le contour des fondations de l'église pour agrandir sa superficie. Ainsi, petit à petit, Dyado Lazko et ses amis réussirent à agrandir les fondations de l’église jusqu’à atteindre leur objectif.
Il ne leur restait plus qu’à commencer à construire rapidement pour que les turcs ne le découvrent pas.
La construction de l'église commença en 1833 avec des équipes en roulement jour et nuit.
En 1834, malgré les efforts de tous, l’argent commença à manquer et la construction de l’église s’arrêta. Cela a poussé Dyado Lazko à prendre des mesures extrêmes en se rendant à Nevrokop pour emprunter demandant 300 000 pièces d'argent à Mehmed Bey, mais sans lui donner la vraie raison de l’emprunt.
Peu de temps après, Dyado Lazko disparut et beaucoup pensent que la supercherie ayant été découverte, Mehmed Bey s'était vengé car il avait été mis en disgrâce.
Un ordre avait été donné pour détruire l’église mais, même de l’au-delà, Dyado Lazko veillait : connaissant le tempérament turc, il avait fait graver à l’entrée de l'église un croissant musulman à côté de la croix chrétienne, ce qui arrêta les démolisseurs.
La prise de vue est strictement interdite à l'intérieur de l'église donc les images qui suivent sont celle du site de tourisme bulgare.
Après de nombreuses vicissitudes, finalement, en 1835, l'église de la Sainte-Trinité fut consacrée et ouvrit ses portes à ses premiers fidèles.
Il est intéressant de noter que malgré sa taille de 44 mètres de long, 24 mètres de large et une voûte de 20 mètres de haut, l’édifice a été construit pour tromper l’œil et garder une atmosphère intime.
La maçonnerie extérieure est en pierre, avec des murs épais de 1,10 m, et le toit sans dôme est porté par 12 colonnes symbolisant peut-être les disciples du Christ. Les voûtes des portes et fenêtres sont en pierres de taille et les murs intérieurs en marbre blanc.
Le plafond de Velyan Ognev symbolise le ciel et les anges. On lui doit aussi les sculptures de l'iconostase et des éléments décoratifs de l'église.
Les icônes de l'iconostase sont réalisées par Dimitar et Simeon Molerov dont le père était le fondateur de l'école d'art de Bansko. D'autres icônes sont de Toma Vishanov.
Quinze ans plus tard, les habitants de Bansko commencèrent à construire une tour qui devint un clocher quand, en 1855, les frères Veleganovi y posèrent les quatre cloches de bronze qu'ils avaient fondues en y ajoutant de l'argent pour embellir leur sonorité.
En 1866, on ajouta au clocher une horloge construite par Todor Hadji Radonov.
L'ensemble du complexe est considéré comme l'une des réalisations les plus remarquables de la culture bulgare depuis la période de la Renaissance nationale et il a été le plus grand jusqu’à la construction de Sainte-Sophie, à Sofia.
Après toute la route et les émotions, il est temps de casser la croûte !
La croix de pierre ouvragée (en arménien "khatchkar") est un cadeau de la République d'Arménie à Bansko à la gloire de Peyo Yavorov et de son poème "Arméniens".
Sur la base est sont inscrits les mots qu'il avait prononcés le 5 octobre 1912, devant les habitants rassemblés de Bansko :
« Frères, jetez les fez,
De ce jour, vous êtes des Bulgares libres ! »
Le monument principal est dédié à Paìsiy Hilendàrski (1722-c.1773), un érudit et ecclésiastique bulgare qui serait né à Bansko.
Il était une figure importante du renouveau national bulgare et il est surtout connu pour être l'auteur de Istoriya Slavyanobolgarskaya (Histoire slave-bulgare), un livre historique important publié en 1762 qui est crédité d'avoir inspiré un éveil de l'esprit national des Bulgares pendant une période où leur pays était sous domination ottomane.