Ce voyage a été très dense car prise par le temps, je suis allée de visite en visite sans avoir le temps de flâner.
J'ai été souvent très émue car la Bulgarie m'a rappelé l'Arménie : un pays d'artisans et commerçants qui a subi l'occupation ottomane, connu le gouvernement soviétique, un pays de montagnes où les villes sont rares, encore riches d'une profusion de verdure, de petits arbres et de buissons qui en font des villes-jardins, comme Bucarest ou comme Yerevan avant qu'elle soit victime d'un urbanisme élitiste.
Le capitalisme libéral est en train de détruire le charme du pays : les plages et thermes qui étaient auparavant destinés aux familles et aux convalescents sont transformés en zone d'attraction touristique, les enseignes américaines envahissent tout.
Les accapareurs exploitent impitoyablement la côte de la mer Noire et les régions thermales pour construire des hôtels de luxe qui ne profitent pas à la population locale.
La Bulgarie possède deux réacteurs nucléaires qui produisent environ un tiers de son électricité, mais elle développe assidûment son parc éolien, solaire et hydro-éclectrique.
Comme en Arménie, les Bulgares ont la tradition du choix de leur futur métier par les bambins, en disposant autour d'eux des outils ou images à saisir. Si les Arméniens le font au moment de la première dent, les Bulgares le font pour le premier pas.
La fête populaire Koukeri est une des plus anciennes célébrations rituelles et festives parvenue depuis l'Antiquité, bien avant que les Bulgares ne s'installent sur la Péninsule des Balkans et fondent leur Etat. Il s'agit d'une ancien rituel des Thraces relayé jusqu'à aujourd'hui. Autour du Nouvel an et avant Carême, les hommes revêtent d'épaisses fourrures de chèvre ou mouton, portent un masque horrifiant et un bâton, et agitent une ceinture de cloches de bétail qui produit un son tonitruant. Il s'agit d'éloigner les mauvais esprits et de favoriser la fertilité.
Initialement, les mouvements de bassin et la gestuelle étaient très obscènes, mais dans la parade que j'ai vue à Kazanlak, la fertilité était symbolisée par une poupée ajoutée au masque...
Je me suis régalée de la cuisine locale car elle est riche en légumes et laitages. Le fameux yaourt grec est divin, avec une texture crémeuse et ferme qui m'a fait regretter de ne pas y avoir accès en France.
Si la Bulgarie développe la viticulture, ses vins ne sont pas encore des meilleurs, mais comme en Arménie, les spécialistes s'y attachent.
La mondialisation donne à tous les mêmes vêtements, téléphones et tatouages qu'aux Etats-Unis.
J'ai vu des jeunes filles et des présentatrices de télévision avec des lèvres gonflées au collagène et simplement entourées d'un trait de crayon : le résultat est proprement hideux.
Pour mon dernier jour, après avoir visité le quartier tranquille autour du palais présidentiel et des musées, je n'ai pu que traverser Sofia dont l'architecture est très hétéroclite, ce qui s'explique par ses contraintes urbanistiques bien expliquées ICI
Un peu d'architecture du 19e et des parcs côtoient de très vilains immeubles d'époque soviétique ou actuelle, bâtis sur la ville romaine.
Les "pavés jaunes" couvrent environ 60 000 mètres carrés du centre de Sofia. Dans leur partie la plus centrale se trouvent certains des bâtiments les plus importants de la capitale Assemblée nationale, le Conseil des ministres, l’ancien palais royal, théâtre national Ivan Vazov....
Le revêtement des rues et des places de Sofia a été discuté pour la première fois lors d'une réunion du conseil municipal le 27 février 1906. Le maire Martin Todorov a prononcé un long discours décrivant trois options pour le pavage des rues et des places : la pierre, la céramique ou l'asphalte. Le maire s'est opposé à la surface asphaltée et était un fervent partisan de la pierre et de la céramique. Après discussion, deux commissions d'experts optèrent pour les pavés de céramique qui firent l'objet d'un appel d'offres.
On en avait oublié l'origine jusqu'en 1960, quand l'ingénieur Siméonov finit par obtenir ces informations du professeur hongrois Vasharhoy Baldjahar.
Les pavés en céramique jaune étaient fabriqués à partir du calcaire «margel», connu en Hongrie sous le nom de «marga», situé dans une mine près de Budapest. Le margel excavé était réduit en poussière, moulé et cuit à 1300 degrés.
Leur remplacement est un défi pour la ville car il est très difficile d'obtenir toujours la couleur exacte des pavés d'origine.