Le monastère de la Nativité de la Mère de Dieu de Rozhen est niché dans le massif du Pirin, où se trouvent les spectaculaires « pyramides » de calcaire tendre.
Selon des sources conservées au Mont Athos en Grèce, il aurait été fondé en 890 après JC. Tous les bâtiments furent construits à des époques différentes, le réfectoire, et certains bâtiments agricoles étant les plus anciens, d’avant le 17e siècle.
C'est l'un des rares monastères bulgares médiévaux bien conservés à ce jour, dans la mesure où il y a eu de nombreuses réfections au fil du temps.
L’ensemble architectural est fermé, en forme hexagonale irrégulière. Les ailes d'habitation forment la ceinture, entourant une belle cour et l'église monastique.
Aucun car ne pouvant continuer sur la route étroite, j'attaque la montée avec philosophie sous un soleil de plomb et j'arrive un vingtaine de minutes plus tard.
Le monastère d'aujourd'hui est le résultat de constructions et de reconstructions, de peintures et de repeints, qui ont eu lieu entre le 16e et 17e siècles.
À l'époque, le monastère était indépendant du Patriarcat de Constantinople qui, sous les ottomans, contrôlait la partie orthodoxe orientale de la population de l'empire.
Les prises de vue étant strictement interdites à l'intérieur, les images qui suivent proviennent du bureau du tourisme bulgare.
L'église a été peinte pour la dernière fois au début du 18e siècle. L'absence d'ajouts ultérieurs fait de l'église de la Nativité de la Mère de Dieu un exemple rare d'un ensemble artistique complet, uni par un style et une conception artistique communs.
En 1715, l'église reçut également des vitraux. Ils sont encore les seuls de ce type en Bulgarie. Je n'ai trouvé d'image nulle part, donc j'ai acheté au monastère une carte postale qui comportait un vitrail en vignette : toujours mieux que rien !
A l'étage, en face de l'entrée de l'église, le réfectoire conserve quelques bribes peintures murales des 16e et 17e siècles.
La table a un rebord car il aurait été inacceptable que la moindre miette de pain, considéré comme sacré, tombe par terre.
Les trois arches sculptées au bout sont purement décoratives et n'avaient pas de fonction (j'ai caressé l'idée d'un jeu de billes, mais non).
Au 17e siècle, un incendie détruisit la bibliothèque et endommagea gravement la plupart des bâtiments dont l’église qui fut reconstruite au début du 18e siècle, grâce aux dons de riches contributeurs de toute la Bulgarie.
Une telle construction et un tel investissement dans l'art décoratif montrent que le monastère se portait bien à la fin du 17e et au début du 18e siècles.
Cependant, au fil des décennies, le monastère de Rozhen se retrouva dans une situation financière désastreuse. Pour éviter la faillite, elle dut renoncer à son indépendance pour devenir la propriété du monastère d'Iviron, une communauté du Mont Athos sous contrôle géorgien.
Des moines géorgiens s'installèrent à Rozhen et une copie de l'icône prétendue miraculeuse de la Mère de Dieu d'Iviron fut apportée au monastère.
Selon la légende, l'icône appartenait à une veuve de Nicée, en Grèce. L’empereur byzantin Théophile ayant interdit le culte des icônes, la veuve confia la sienne à la mer pour qu’elle échappe à la destruction. L'icône ne coula pas mais navigua jusqu'à ce qu'en 999 elle atteignît les portes du monastère d'Iviron en Grèce.
Elle est toujours dans l'église monastique. Le jour de la fête du monastère, le 8 septembre, jour de la Nativité de la Mère de Dieu, l'icône est montrée au cours d'une procession solennelle à laquelle participent des centaines de fidèles.
La propriété du monastère de Rozhen devint un problème après les guerres balkaniques de 1912-1913. La Bulgarie, la Grèce et la Serbie prirent la région de Macédoine à l'Empire ottoman pour se la partager.
Le monastère de Rozhen devint une partie de la Bulgarie proprement dite, mais comme son monastère-maître se trouvait sur le Mont Athos, en Grèce, ce dernier revendiqua des droits de propriété. Le problème fut finalement été résolu en faveur de la Bulgarie par la Cour permanente d'arbitrage de La Haye dans les années 1920.
Le monastère de Rozhen est aussi lié au sort de la Macédoine car il fut la dernière demeure du révolutionnaire Yane Sandanski. Celui-ci pensait que la Macédoine devait être une entité indépendante au sein d'une future fédération balkanique, ce qui suscita la colère de ses camarades les plus radicaux de l'Organisation révolutionnaire interne de Macédoine et d'Edirne, qui insistaient pour que l'ensemble de la Macédoine appartint à la Bulgarie.
En 1915, après avoir quitté le monastère de Rozhen pour un voyage, Sandanski fut tué dans une embuscade et enterré à l'extérieur du monastère.
La dernière étape de la journée sera le village de Melnik.