D'origine révolutionnaire, le musée des Beaux-Arts de Rouen est inauguré en 1809 avec un catalogue de 244 peintures.
L'enrichissement des collections est spectaculaire au fil du temps. La collection passe à 600 oeuvres « de premier mérite » en 1878, dans un musée désormais cité comme « le plus complet de France après celui de Paris ».
A la fin du 19e siècle, deux ailes sont ajoutées puis une rénovation complète s'achève en 1994. Elle restitue sous la houlette d'Andrée Putman la qualité architecturale d'un bâtiment malmené par le 19e siècle, tout en augmentant habilement sa superficie.
La collection des oeuvres va du 15e siècle à nos jours dont plusieurs grands noms et de très jolies toiles impressionnistes.
A mon grand regret, l'éclairage est terrible pour ce qui est de prendre des photographies, tantôt insuffisant, tantôt se reflétant dans les vitrines, donc la sélection a été réduite par les circonstances...
L'oeuvre suivante m'a intriguée car généralement, dans les tableaux, une femme avec un serpent c'est soit Eve soit Cléôpâtre. Or là, ce n'est visiblement aucune des deux.
Voici ce qu'en dit le cartel :
"Le sujet de cette toile est mystérieux. Le serpent qui entoure le bras de la femme a pu faire penser à une représentation de Cléopâtre se suicidant. une allégorie de la logique, du syllogisme, de la prudence, du toucher ou bien une figure d'Hygie, déesse de la santé et de la propreté.
Cette dernière lecture est plausible au regard des nombreux rapports de Paulus Bor avec des structures hospitalières en Hollande. L'œuvre ne sacrifie pas aux registres du charme et de la fragilité couramment associés à la féminité. Au contraire, elle affirme la forte présence d'une femme sans sourire au regard direct. Sa coiffure relâchée est très étonnante au regard des codes sociaux de l'époque.
Associée à la séduction, la chevelure éparse n'est tolérée que pour les jeunes filles. Jugulés après le mariage, les cheveux offerts développent une dimension érotique de femme dans l'intimité ou à sa toilette, ce qui n'est évidemment pas l'ambition de cette toile."
Cette anamorphose est présentée dans des conditions qui ne m'ont pas permis de bonnes photos. J'ai fait de mon mieux car elle est intéressante.
Une anamorphose est une image déformée et illisible dans la compréhension se fait à partir d'un point de vue particulier du spectateur ou par son reflet à la surface d'un miroir
Surprise visuelle et intellectuelle en soi, ce procédé révèle souvent aux 17e et 18e siècle la lecture pour un public confidentiel d'un sujet crypté de l'ordre de la caricature, du grotesque ou du licencieux.
Cette anamorphose s'inspire du panneau central du triptyque de "L'Erection de la Croix" de Pierre-Paul Rubens peint en 1611 et conservé dans la cathédrale d'Anvers.
Cette iconographie typique de la contre-réforme est un exemple d'amour sacré dans dans lequel Jésus Christ sauve l'humanité par l'offrande de sa vie.
La scène de la Passion est néanmoins mise en balance avec une scène d'amour beaucoup plus prosaïque avec la représentation d'un couple affairé dans un lit...
Cette jolie chaise à porteurs du début 18e siècle appartenait à la duchesse de La Force. Si le décor en est vraiment joli, j'ai été étonnée de l'austérité de l'intérieur, avec un simple coussin posé sur une planche.
Il est vrai que c'était prévu pour de courts trajets et que l'ornementation était destinée à manifester le rang social...
Une alcôve abrite une magnifique crèche napolitaine. Les personnages datent du 18e siècles et l'arrangement actuel fut réalisé en 1994 par le faiseur napolitain Antonio Lebro.
Ma visite se termine sur cette oeuvre qui donne plutôt l'impression qu'Orphée veut inculquer la poésie à coups de lyre !