Le musée municipal de Saint-Quentin fut créé en 1856 pour présenter les collections de Beaux-Arts, et plus particulièrement le fonds d’atelier du célèbre pastelliste saint-quentinois, Maurice-Quentin de La Tour. D'abord situé dans l’ancienne abbaye de Fervaques, le musée fut transféré en 1886 dans l’hôtel particulier du banquier Antoine Lécuyer, légué par ce dernier à la Ville pour y présenter l’exceptionnelle collection de pastels.
Bombardé au cours de la Première Guerre mondiale, l’édifice a été reconstruit à partir de 1928, selon des plans différents, et conçu dans le style 18e siècle pour souligner sa fonction d’écrin pour les pastels de Maurice-Quentin de La Tour.
On trouve également des oeuvres d'autres artistes : peintures, sculptures, porcelaines, mobilier...
Classé « Musée de France» depuis 2003, le Musée Antoine Lécuyer propose régulièrement des conférences d’histoire des arts, des expositions temporaires et des concerts.
Les portraits de Quentin de la Tour sont une véritable anthologie des caractères et des visages du règne de Louis XV. L’énorme succès de l’artiste chez les dirigeants et les intellectuels de l’époque était dû avant tout à son don exceptionnel pour capter une physionomie, en allant à l’essentiel et en idéalisant la représentation.
« Il s'afficha pour peintre de portraits, il les faisait au pastel, y mettait peu de temps, ne fatiguait point ses modèles ; on les trouvait ressemblants, il n'était pas cher. » (Mariette)
De la Tour sait magistralement donner une image positive de ses personnages sans pour autant trahir leur singularité. Les défauts du visage sont estompés, un demi-sourire apparaît souvent. L’expressivité du regard constitue parfois une véritable synthèse psychologique du personnage.
Le talent repose sur une technique parfaitement maîtrisée. De la Tour prépare d’abord des études lui permettant de cadrer, de choisir la lumière et de saisir les traits essentiels : l’expression, le regard, la bouche. Cette première phase ne nécessite qu’une pose rapide du personnage car il s’agit de simples croquis au pastel. La composition est ensuite reprise pour aboutir au portrait définitif.
La gamme chromatique est à dominante bleue et gris perle ; le rose est fréquent ; peu de rouge et de jaune. Il a inventé pour ses pastels un fixatif dont il n'a pas laissé le secret de composition.
Le pastel, par sa texture poudreuse est un moyen difficile. Initialement considéré comme un mode de dessin réservé aux dames, de la Tour lui a donné ses lettres de noblesse.
Dans ses portraits les plus réussis, un modelé à la fois souple, ferme et léger saisit au-delà de la ressemblance, derrière un regard, un sourire, une moue, la psychologie du modèle ou ce que celui-ci veut en montrer.
« Ils croient que je ne saisis que les traits de leur visage mais je descends au fond d’eux-mêmes à leur insu, et je les remporte tout entiers.» (De la Tour)