Haute de 83 mètres avec sa flèche, la basilique dédiée à Saint-Quentin figure parmi les plus grandes églises françaises, avec des dimensions comparables à celles de la cathédrale Notre-Dame de Paris
A la fin du IIIᵉ siècle, Quintinus, évangélisateur de Picardie est martyrisé. C’est au milieu du IVᵉ siècle qu’Eusébie retrouve le corps de saint Quentin et l’inhume au sommet de la colline. En 651, saint Eloi procède à la deuxième invention du corps, ouvre le sarcophage et le partage en de nombreuses reliques. À partir de cette époque la vénération pour le saint ne cesse de croître et, une communauté de clercs s’établit autour de l’église mérovingienne constituant un monastère.
Ce sont les Carolingiens qui vont définitivement asseoir la dévotion autour des reliques du saint. En 814 l’abbé Fulrad construit une imposante église. En 835 le comte abbé Hugues, fils naturel de Charlemagne ajoute une turris, une tour-porche à l’origine de la tour actuelle.
Au IXᵉ siècle, protégé par une enceinte construite par le comte-abbé Thierry, le vicus Sancti Quintini devient le noyau primitif de la ville de Saint-Quentin. C’est à cette époque que la communauté de moines va évoluer en collège de chanoines.
À la fin du XIIᵉ siècle, accueillant de nombreux pèlerins, les chanoines souhaitent démontrer leur puissance et leur indépendance vis-à-vis des évêques, en faisant bâtir une église dépassant en taille les cathédrales voisines, en particulier celles de Noyon et de Soissons.
L'édifice s'est donc construit laborieusement du XIIe au XVe siècle en réunissant toutes les évolutions successives de l'architecture gothique.
Cependant, en raison des contraintes financières et des guerres, il n'a jamais pu être achevé. À la place de la façade monumentale envisagée, l'église devenue basilique en 1879 conserve sa tour-porche héritée de l'ancienne abbatiale carolingienne, ce qui lui donne son aspect singulier.
Très endommagée durant la Première Guerre mondiale, la basilique a bénéficié d'une longue restauration au cours du 20e siècle.
Elle possède un plan original à double transept.
La basilique de Saint-Quentin reflète le gigantisme des constructions du XIIIe siècle.
L’utilisation exclusive du cercle dans le plan imprime un rythme original et exceptionnel au chœur de la Basilique.
Le rond-point, le déambulatoire ainsi que les chapelles s’inscrivent dans un plan généré par deux pentagrammes, conférant à l’ensemble une relation exceptionnelle avec le nombre d’or.
Elevée durant pratiquement tout le XVe siècle, la nef a les caractéristiques du style rayonnant avec ses solides piliers fasciculés.
Eclairée par les fenêtres d’une largeur exceptionnelle qui atteignent quasiment la moitié de la hauteur, la nef incarne la majesté du lieu.
Comme les cathédrales de Chartres et de Bayeux, la basilique de Saint-Quentin a conservé son labyrinthe d'origine, posé en 1495 à l'entrée de la nef;
En dalles noires et blanches, il présente une forme octogonale proche de celui de la cathédrale d'Amiens, avec un rayon de 11,60 m et un développement de 260 m.
Le chemin tortueux fait de pierres noires qui mène au centre représente le parcours d’une vie passée. La symbolique est simple : passer des ténèbres à la lumière, mourir pour renaître.
La forme octogonale est à rapprocher du baptistère où l’on procède à la mort symbolique du petit enfant dans le monde des païens puis à sa renaissance dans le monde chrétien., le nombre huit étant le nombre du passage, le 8e jour étant celui de la résurrection.
Dès la fin du 18ᵉ siècle on va y voir un cheminement spirituel pouvant évoquer un pèlerinage vers la Jérusalem céleste et il pourra être utilisé dans une démarche de pénitence, le parcours se faisant à genoux et en prière.
Etant donné la taille du bâtiment, j'ai fait de mon mieux pour prendre le plus de photographies possible, dans les limites imposées par les distances, le manque de recul, les contre-jour, les zones d'ombre... et mon petit appareil photo d'amateur.
Pour ne rien manquer, j'ai fait le tour systématique en commençant par la droite de l'entrée qui se fait par la tour occidentale.
Globalement, l'endroit est plaisant et, malgré sa taille, jamais écrasant. ll est aussi actif car il y a des cierges allumés, des fleurs fraîches et des personnes en prière.
A l’extérieur du chœur, dans les bas-côtés tout le long du mur sud et nord, court un bas relief réalisé au XIXᵉ siècle représentant la légende de saint Quentin.
Au regard des couleurs de la basilique et de ses ornements, le portrait suivant est pour le moins très incongru. On dirait que Jésus a un peu trop traîné dans les années 80...
Le sacrarium est une armoire à reliquaires, dite Trésor ou Trésorerie.
Les portes métalliques coulissaient afin d’exposer les reliques à la contemplation des pèlerins.
La basilique possède une crypte située sous le chœur qui remonte au IXᵉ siècle à l’époque carolingienne.
Elle est en principe accessible au public uniquement lors des visites guidées, en été.
Par chance, la guide qui avait commenté le Buffet de la Gare nous a reconnus, mon compagnon et moi, et nous a proposé de nous joindre à un groupe scolaire à qui une visite était destiné.
On y trouve le sarcophage de saint Quentin du IVᵉ siècle qui est en fait une colonne de marbre gallo-romaine réemployée.
Le sarcophage ayant été vidé par saint Eloi en 651, le tombeau ne contient plus les reliques du saint.
Après l'incendie de la basilique de Saint-Quentin, en 1917, ce qui restait des stalles du chœur fut déposé et l'architecte qui dirigeait ces travaux eut la surprise de découvrir, en peinture, des portées musicales.
Les signes était assez grands pour être lus à distance par les chanoines qui occupaient les stalles et ces peintures leur servaient ainsi d´antiphonaires.
Le reliquaire contient une main qui était considérée comme celle de saint Quentin mais une analyse au carbone 14 a révélé qu'elle datait de la fin du 15e siècle.
Un avertissement affiché dans la chapelle explique que les reliques étaient souvent volées, cachées, perdues et qu'il fallait donc considérer cette main non plus comme une relique mais plutôt comme une statue, lors des prières.
J'ignore si ça fait la moindre différence sur l'efficacité de la chose mais on peut saluer l'honnêteté des gens d'église sur ce coup-là.
C'était une jolie balade dans un édifice qui n'a rien d'écrasant malgré son ampleur.
J'ai juste été déçue qu'il n'y ait pas de belle chaire en bois sculpté mais seulement un caisson ordinaire (avec néanmoins un radiateur électrique judicieusment placé à l'arrière).
Il est possible de visiter les hauteurs de la basilique mais uniquement lors de visites guidées qui ne sont disponibles qu'en été.