Pour le dernier jour du voyage, j'ai trotté dans Palerme entre les lieux de visite culturelle.
Voici pêle-mêle des images de la ville où le superbe côtoie le miteux.
Les Quattro Canti ("Quatre chants") sont une place officiellement nommée Piazza Vigliena, à l’intersection des deux rues principales de Palerme, la via Maqueda et le Corso Vittorio Emanuele.
Ses quatre façades furent réalisées entre 1609 et 1620 par l’architecte florentin Giulio Lasso. Surmontés de blasons royaux, les quatre niveaux se succèdent selon le principe de l’ascension du monde de la nature à celui du ciel. On y trouve, de bas en haut :
- les fontaines, représentant les rivières de la ville antique (Oreto, Kemonia, Pannaria et Papireto),
- un niveau de style dorique avec les quatre saisons, symbolisées par Éole, Vénus, Cérès et Bacchus,
- un niveau de style ionique avec les statues de Charles V, Philippe II, Philippe III et Philippe IV,
- un niveau avec les saintes Agate, Ninfa, Oliva et Cristina, qui étaient les patronnes de la villes avant l’arrivée de Sainte-Rosalie et Saint- Benoît le Maure.
Bon, vous ne verrez que deux façades sur les quatre parce qu'à l'heure où je suis passée, la place est remplie d'une véritable cohue, entre les visiteurs, les calèches (je déteste cet usage des chevaux) et les voiturettes-taxis (ces dernières transportant souvent des fêtards, avec la musique à fond !).
Par hasard, je tombe sur le fameux théâtre de marionnettes Opera dei Pupi mais il est trop tôt pour une représentation... et je rentre ce soir en France.
La fresque sur le port représente Giovanni Falcone et Paolo Borsellino, deux juges anti-mafia très engagés qui furent assassinés à quelques mois d'intervalle par la Cosa Nostra après avoir néanmoins obtenu 360 condamnations, dont 19 peines à perpétuité lors de ce qui fut appelé "le maxi-procès".
Toto Riinà, qui avait organisé leur meurtre alors qu'il était en cavale, fut enfin emprisonné. Toutefois, beaucoup d'observateurs déclarèrent que les autorités n'avaient arrêté Riinà qu'en raison de la pression médiatique engendré par les meurtres des deux juges et les attentats qui suivirent.
Ils interprétèrent la facilité avec laquelle Riina avait berné la justice comme un exemple de l'apathie des autorités siciliennes dans la lutte contre la mafia.
La preuve en est que pendant ses trente années de fuite, Riina avait habité sa maison de Palerme, bénéficié de soins médicaux en raison de son diabète, et enregistré ses quatre enfants sous leur vrai nom à l'hôpital local. Il s'était même rendu à Venise en lune de miel sans être inquiété.
Même si l'affaire a mis fin à la puissance de la mafia sicilienne, il n'y a pas de quoi se réjouir puisque c'est la 'ndrangheta calabraise qui a repris l'activité, en s'infiltrant plus discrètement dans les réseaux de corruption.