Le Musée archéologique couvre l’histoire de l’antique Agrigente et de son territoire, de la préhistoire à la période hellénique, avec des œuvres et des vestiges antiques.
C'est là que j'ai pu voir l'original du télamon du temple de Zeus, de beaux spécimens de poterie et des choses que je n'avais encore jamais vues ailleurs.
Outre la beauté de la fabrication, les vases sont des objets intéressants quand on prend le temps d'y discerner l'action, les personnages ou les mythes représentés.
Malheureusement, la visite était limitée à cause des petites jauges imposées par les règles sanitaires mises en place contre l'épidémie de covid-19.
Le guerrier d'Agrigente est l'une des très rares statues presque intactes qui nous sont parvenues.
C'est un marbre daté de 480-475 av. JC, composé de quatre fragments trouvés à des époques et des lieux différents.
Certaines hypothèses de reconstruction ont été avancées à propos de la statue par les archéologistes ayant découvert les fragments :
Ce vase suivant, daté du Ve s. av. JC, est original dans l'épure de son graphisme. Il montre un épisode de l'histoire de Persée et Andromède.
Dans la mythologie grecque, Andromède était une princesse éthiopienne. Sa mère Cassiopée proclama que sa fille était d'une beauté égale à celle des Néréides, les nymphes marines qui servent d'escorte à Poséidon.
Irrité, le dieu de la mer provoqua une inondation et envoya un monstre marin, la baleine Céto, pour détruire le royaume.
Désespéré, le roi Céphée consulta l'oracle d'Ammon qui lui révéla que seul le sacrifice de sa fille apaiserait le dieu. Andromède fut donc enchaînée nue à un rocher près du rivage.
Persée, de retour après sa victoire sur la gorgone Méduse, l'aperçut et promit à Céphée de tuer le monstre à condition de pouvoir épouser Andromède.
Persée massacra le monstre après une lutte acharnée au corps à corps, sans recourir au pouvoir pétrifiant de la tête de Méduse.
Sur le gros plan suivant, on voit bien néanmoins qu'il a pris le temps de lorgner la nudité d'Andromède terrifiée, avant de la libérer...
Voici le télamon original reconstitué sur le site du temple de Zeus.
Malheureusement, le temps en a fait un "écorché" et j'aurais bien aimé en voir une version reconstituée avec l'enduit de stuc blanc et la décoration colorée.
La superbe tête d'Africain du VIe s. av. JC qui suit m'a fascinée, bien qu'elle mesure à peine 20 cm de haut.
Je crois bien que c'est la première fois que je vois un Africain représenté, au ou alors, jamais aussi expressif et bien conservé.
Ce qui suit est aussi une grande première pour moi. Le cartel explique que c'est un tube rituel d'argile du VIe s. av. JC qui représente une divinité aniconique, c'est-à-dire sans visage ou attributs.
L'image de la divinité est évoquée seulement par les cheveux, dessinés pour délimiter le front, et les oreilles.
Inséré dans la terre, il avait pour but de communiquer idéalement avec le monde souterrain de l'au-delà, par des libations.
L'antéfixe suivant date du VIe s. av. JC. Curieusement, alors qu'il était censé représenter une Méduse archaïque, le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle n'a rien d'effrayant.
Pour tout dire, elle a une bonne bouille !
J'ai été très étonnée de rencontrer ici une représentation du dieu Bès.
Originaire du Soudan, il s'était implanté en Égypte sous la XIIe dynastie. En dépit de son physique peu engageant, il acquit une grande popularité grâce à sa jovialité et son rôle de protection contre le mauvais sort.
Visiblement, sa réputation le fit connaître encore plus largement puisqu'il s'agit là d'une oeuvre punique ou hellénistique produite vers 450 av. JC.
Les Puniques, tout comme les Grecs de l’époque hellénistique, étaient en relations constantes, commerciales et culturelles, avec l’Égypte, et surtout, à partir du moment où Alexandre le Grand a conquis les cités phéniciennes en 333 et l’Égypte jusqu’à la première cataracte du Nil en 331.
La belle tête qui suit, datant d'environ 500 av. JC m'a touchée par la douceur amusée de son sourire.
Selon le cartel, en raison du casque, ce pourrait être Athéna ou un guerrier. Pour ma part, j'y vois des traits féminins.
Le visage suivant (qui curieusement m'a fait penser au Grinch) était un antéfixe, daté de la fin du Ve siècle av. JC.
C'est celui du dieu-fleuve Achélôos, qui avait un corps de taureau et une tête humaine.
Selon la légende, il aurait jeté son dévolu sur Déjanire ; mais effrayée par ses dons de métamorphose, elle lui préfèra Héraclès.
Un combat s'engagea : Achélôos se métamorphosa en serpent immense qu'Héraclès parvient à étouffer, puis il se changea en taureau, auquel Héraclès arracha une corne, faisant capituler le dieu-fleuve.
En échange de sa corne, Achélôos remit à Héraclès une corne de la chèvre Amalthée qui devint par la suite la « corne d'abondance »
La statue suivante, surnommée l'Ephèbe d'Agrigente", serait un soldat selon certains ou un Eros, selon d'autres.
La souplesse du corps, le traitement élégant des muscles et le léger mouvement montrent que l’artiste a dépassé les conventions du style archaïque et qu’il s’inscrit dans la transition vers ce que l’on appelle le "style Sévère" qui domine dans la sculpture grecque au début du Ve s. av. JC.
C'est la transition le second classicisme de la deuxième moitié du Ve s. av. JC qui renouvelle la signification morale de l'image divine et le langage symbolique de la mythologie.
Et, accessoirement, l'éphèbe a un superbe popotin...