En 1882, Jules Verne et sa femme, Honorine, s’installent dans cette maison et en restent locataires jusqu’en 1900. L'écrivain a 54 ans et il est au sommet de sa gloire.
La maison comprend deux étages, de larges combles et une tour surmontée d’un belvédère. La cuisine, les dépendances et les écuries qui occupaient la grande aile gauche du bâtiment sont aujourd'hui remplacés par l'accueil et la boutique du musée.
Entrée principale à l’époque de Jules Verne, le jardin d’hiver est un espace clair dont la large verrière offre une vue sur la tour de la maison.
Les poteries chinoises qui ornent les murs et les plantes sont caractéristiques du goût pour l’exotisme au 19e siècle.
La salle à manger est la seule pièce de la maison à avoir gardé son décor d’origine avec son mobilier de style néo-gothique et son plafond à caissons.
On traverse ensuite les salons où sont exposés divers écrits, manuscrits ou édités, montrant la richesse de l'inspiration et de la production de Jules Verne.
On découvre même parmi ses écrits des paroles de chanson et une comédie écrite avec Alexandre Dumas Fils.
Accompagné de son frère Paul, Jules Verne se rendit aux Etats-Unis en mars 1867, à bord du Great-Eastern, le plus grand transatlantique de l’époque.
Sa visite de New-York et des chutes du Niagara lui inspira le roman "Une ville flottante".
Au premier étage sont reconstitués le salon et le bureau de l’éditeur Pierre-Jules Hetzel
La publication en 1865 de "Cinq semaines en ballon" inaugure la série des Voyages extraordinaires. L’histoire des deux hommes est intimement liée. Inspirateur, censeur, moralisateur, Pierre-Jules Hetzel inscrit Jules Verne dans son programme “d’éducation et de récréation”.
Il publie d’abord les textes de Jules Verne en feuilleton dans le Magasin d’éducation et de récréation, puis en édition brochée de petit format. Mais c’est dans leur édition de grand format (grand-octavo : 28 x 20 cm) présentés dans de magnifiques cartonnages que les Voyages extraordinaires sont surtout connus.
Le cartonnage est une technique de couverture des livres qui s’épanouit au XIXe siècle. Contrairement à la reliure traditionnelle, où toutes les parties du livre sont cousues entre elles, le cartonnage procède par emboîtage d’éléments fabriqués séparément. D’un côté les pages sont cousues et de l’autre la couverture, souvent en toile, est collée sur des cartons. Les deux éléments sont réunis par simple collage.
On compte plus d’une vingtaine de cartonnages pour les Voyages extraordinaires. Seule l’œuvre de Jules Verne a été à l’origine d’une telle profusion. Leur popularité est bien sûr liée au succès phénoménal des romans de Jules Verne mais aussi aux qualités esthétiques des décors choisis par Hetzel, attentif à les faire évoluer afin de répondre au mieux à l’évolution du goût du public.
En raison du nombre de visiteurs et des éclairages des vitrines, je n'ai pas pu photographier les différents modèles et couleurs de ces fameuses couvertures Hetzel mais vous pouvez en voir en ligne.
L’autre partie de la pièce est consacrée à la vie amiénoise de Jules Verne. Il s'installa à Amiens en 1871 afin de se rapprocher de sa belle-famille.
En 1873, il acheta une maison au 44, boulevard Longueville (aujourd’hui boulevard Jules Verne) puis en 1882, la famille s'installa dans la maison à la tour jusqu’en 1900. Mais c’est au n° 44 qu’il décèdera le 24 mars 1905.
Dès 1872, il s’engagea dans la vie locale, membre entre autres, de l’Académie d’Amiens, de la Société Industrielle, de la Société d’horticulture ; administrateur de la Caisse d’Epargne, et surtout, conseiller municipal de 1888 à 1904. A ce titre, il prononça de nombreux discours dont l'allocation d’inauguration du cirque, le 24 juin 1889.
Une reconstitution permet de découvrir l’intérieur d’un yacht anglais de la seconde moitié du 19e siècle.
La cabine donne vue sur Le Crotoy où, de 1865 à 1869, Jules Verne louait une résidence secondaire baptisée La Solitude.
Jules Verne possédait une bibliothèque d'environ 12 000 ouvrages qu’il consultait pour l’écriture de ses romans.
Les ouvrages le plus souvent consultés étaient ceux d’Homère, Montaigne, Shakespeare, Cooper, Dickens, Walter Scott, Edgar Poe…
Comme tout écrivain, Jules Verne puisait dans sa culture générale qu’il enrichissait par des lectures constantes :
« Bien avant d’être romancier, j’ai toujours pris de nombreuses notes en lisant les livres, les journaux, les magazines ou les revues scientifiques. Ces notes étaient et sont toutes classées selon le sujet auquel elles se rapportent, et c’est à peine si j’ai besoin de vous dire à quel point cette documentation a une valeur inestimable ».
C’est dans la plus petite pièce de la maison que Jules Verne s'était aménagé un cabinet de travail où il écrivait ses romans. Là, entre 5 heures et 11 heures du matin, il donna naissance à plus de trente romans dont "Mathias Sandorf", "Deux ans de vacances" et "Le Château des Carpathes".
Le cabinet est une reconstitution à l’identique de l’époque de Jules Verne, avec un lit de repos en fer, un fauteuil en cuir et un bureau.
La reproduction au sol d'une carte permet de marcher sur les sources d’inspiration de Jules Verne. Il y avait tracé en noir le trajet d’un tour du monde aérien imaginé pour son roman "Robur-le-Conquérant".
Les hachures représentent les différentes modifications effectuées par l’auteur. Ecrit en 1872, "Le Tour du monde en 80 jours" reste le roman français le plus traduit à travers le monde.
Cette histoire a également donné naissance à de nombreux produits dérivés du vivant de l’auteur. On voit un peu partout dans des vitrines de nombreux objets : jeux de lotos et de l’oie, figurines, assiettes à dessert, images de collection et même du papier peint.
L’Exposition universelle de Paris de 1867 inspira "Vingt mille lieues sous les mers" à Jules Verne. L’idée d’écrire un roman sur ce thème lui fut, par ailleurs, suggérée par George Sand après qu’elle eut lu ses premiers romans.
Jules Verne écrivit à ce sujet :
« Les lecteurs sont mes passagers et mon devoir est de veiller à ce qu’ils soient bien traités pendant la traversée et satisfaits à leur retour ».
Le dernier étage est aménagé à la façon d'un grenier de famille avec des malles de souvenirs, de vieilles photos, des jeux remisés, des lanternes magiques, des affiches… Au plafond sont exposées les machines volantes imaginées par Jules Verne.
Le théâtre a été l’une des passions de Jules Verne. Les pièces à grand spectacle du Châtelet ou de la Porte Saint-Martin autant que le théâtre de marionnettes ont fait rebondir, avant le cinéma et pour plusieurs générations, les rêves d’aventure et l’imaginaire de son époque.
Plus de 200 films d’après 35 romans et nouvelles de Jules Verne ont été produits entre 1901 et 2006. L’odyssée du capitaine Nemo dans "Vingt mille lieues sous les mers" a été l’aventure la plus reprise. Trente et un films s’en sont inspirés, loin devant "Le Tour du monde en 80 jours" avec 24 films et Michel Strogoff avec 23 adaptations.
La visite m'a d'une part rappelé à quel point j'avais aimé lire Jules Verne dans mon enfance et d'autre part que... ce n'était qu'une infime partie de son oeuvre. Un de ces jours, je me replongerai dans ses mondes extraordinaires.