Construit entre 1855 et 1867 par les architectes Henri Parent et Arthur Diet, financé par des loteries organisées par la Société des Antiquaires de Picardie, le Musée de Picardie a été conçu tant comme un lieu destiné à recueillir les antiquités de la région et les collections de peinture de la Ville, que comme un monument élevé à toutes les gloires de la Picardie.
On y trouve des collections riches en archéologie, art médiéval, sculptures et peintures.
Le bâtiment est superbe : spacieux, lumineux, il invite à la promenade.
Le corollaire des nombreuses sources de lumière est que la photographie est difficile à cause des reflets et contre-jour. De fait, vous n'aurez qu'un bref aperçu...
Au début des années 1990, des artistes des cinq continents sont sollicités à Amiens et dans le département pour relier les sites les plus caractéristiques de la Somme.
En 1993, c'est le sculpteur allemand Stephan Balkenhol qui inaugure ce programme dans le quartier Saint-Leu. Attaché à l'humain et à sa relation au monde, l'artiste conçoit un trio sculpté, une femme et deux hommes, figures simples et anonymes dans lesquelles chacun peut se reconnaitre. Un homme et une femme tout simples, voire banals, sont visibles chacun sur une façade.
En revanche, offrant sur le fleuve une présence insolite, L'Homme sur sa bouée est vite devenu un emblème du quartier et de la vie étudiante qui l'anime : il n'est pas rare de voir d'intrépides nageurs fendre l'eau jusqu'à lui pour le vêtir d'un nouveau maillot ou d'un accessoire inattendu.
Fragilisée par sa longue exposition dans l'eau, cassée au niveau des chevilles en 2018, la sculpture originale en bois de chêne a été remplacée en mai 2019, sur proposition de l'artiste lui-même, par une nouvelle version en aluminium.
On voit donc ici la statue originale originale que je fais suivre d'une photo de celle sur le fleuve que j'ai saisie plus tard, lors d'une promenade.
Cette oeuvre, curieusement moderne parmi les sculptures académiques, m'a intriguée et j'en ai compris la raison en lisant le cartel.
Commandé par le Musée de Picardie, ce dormeur, homme exilé ou sans domicile fixe, est une forme d'autoportrait. Les mains et le visage ont été moulés sur l'artiste dans les ateliers du musée Grévin et le corps a été réalisé par prototypage 3D
Pour le buste qui suit, j'ai été très étonnée par le vêtement déboutonné mais je n'ai trouvé aucune explication ou anecdote, ni sur le cartel ni après une recherche en ligne.
Mon appareil n'a pas pu capter la qualité du tableau suivant, fascinant par ses couleurs radieuses et le rendu ultra-réaliste.
Peintes en aplats, les silhouettes apparaissent comme soigneusement dessinées. Probablement redevable aux apports de la photographie, le cadrage accentue le caractère saisissant.
La compréhension du tableau suivant nécessite d'en connaître le contexte.
Dès 1830, la redécouverte du 18e siècle va assurer un long succès au roman "Manon Lescaut" de l'abbé Prévost (1731).
Les peintres, dont Sinibaldi, tirent volontiers la conclusion amère d'une passion née à Amiens : le chevalier des Grieux, résolu d'accompagner Manon Lescaut jusqu'au Havre et de passer en Amérique avec elle, suit le convoi des condamnées à la déportation.
Philippe Cognée a développé une technique singulière en utilisant un film plastique apposé sur la toile peinte, qu'il chauffe puis ôte prestement.
Ce procédé, à l'origine de variations et d'altérations de la matière, permet d'obtenir une dissolution des images du quotidien.
Le résultat, pour ce portrait, m'a fait penser à des oeuvres de l'impressionniste espagnol Sorolla.
Sous l‘Ancien Régime, les visiteurs de la cathédrale d’Amiens étaient frappés par les dizaines de tableaux suspendus aux piliers de la nef. Depuis le milieu du 15e siècle au moins, l’édifice s’enrichissait en effet tous les ans d’un nouveau tableau à la gloire de la Vierge.
Ces œuvres étaient commandées par la confrérie du Puy Notre-Dame, une une institution pieuse dédiée à la Vierge, à vocation littéraire, dont les membres organisaient des concours poétiques de louanges à la Mère de Dieu. C’est d’ailleurs de cette pratique qu’elle tient son nom, « Puy » étant issu du latin « podium », qui désignait l’estrade sur laquelle montaient les poètes pour déclamer leurs œuvres.
Le 2 février, jour de la Purification de la Vierge, un concours poétique était organisé : les concurrents devaient composer un chant royal, dont le sujet était donné par le maître de la confrérie, sous la forme d’un palinod (un vers de dix pieds) honorant une des qualités de la Vierge.
Cette devise inspirait aussi le peintre désigné pour réaliser le tableau offert à cette dernière. Par métonymie, l’œuvre prit également le nom de « Puy ».
Accrochée dans la chapelle de la confrérie à Noël, elle restait visible pendant un an, avant de rejoindre la nef de la cathédrale.
À partir de la fin du 15e siècle, les tableaux des années précédentes furent simplement accrochés un peu plus loin dans l’église si bien qu’au début du 18e siècle, plusieurs dizaines de ces œuvres ornaient les piliers de Notre-Dame d’Amiens.
C’est précisément leur grand nombre ainsi que les évolutions du goût qui firent prendre la décision aux chanoines de vider la cathédrale de ses Puys en 1723. Seules les œuvres jugées d’une qualité suffisante furent conservées dans une chapelle à l’écart.
Du fait de cette dispersion, les Puys restants ne représentent qu’une petite part des œuvres commandées par la confrérie. Ils sont le reflet des liens artistiques avec des villes comme Anvers, Bruges, Bruxelles ou Paris. Ces œuvres brossent le portrait de la société amiénoise sur une période de près de trois siècles
A l'arrière du musée, la cour a été aménagée en jardin, un ravissement avec le bruissement de l'eau des fontaines.