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Baronne Samedi

Broutilles paraissant le crésudi

Naples - San Gennaro, protecteur de la ville

Publié le 22 Novembre 2019 par Baronne Samedi in Voyage, Naples, Italie

Naples - San Gennaro, protecteur de la ville

Constante référence à son sang,  représentations artistiques, nom de sites dans la ville... San Gennaro ("Saint Janvier") est partout à Naples.

Né vers 270 à Naples et serait le descendant d’une ancienne famille romaine patricienne, la Gens Januari. Il aurait été ordonné prêtre puis élu évêque de Bénévent en 302.

Vers 303-304, au début de la grande persécution de Dioclétien, deux de ses diacres furent jetés en prison sur ordre de Dragonce.

En 305, à l'abdication de Dioclétien, Dragonce fut rappelé à Rome et remplacé par Timothée. Les chrétiens emprisonnés furent relâchés.

Apprenant cette libération, Gennaro  quitta son diocèse accompagné du diacre Festus et du lecteur Desiderius pour venir célébrer une messe. Pendant celle-ci, s'élevèrent de grandes clameurs suivies d’un long silence : une voix lisait le décret de persécution de Dioclétien que Timothée avait remis en vigueur.

Naples - San Gennaro, protecteur de la ville
Naples - San Gennaro, protecteur de la ville

À la sortie de l’église, Gennaro guérit une de ses parentes paralytique et lui confia les deux burettes qui lui servaient à célébrer la messe et, suivi par la foule, se rendit à Nola lors d’une marche qui parut un triomphe.

Il fut arrêté et condamné à mort à l’issue d'un interrogatoire, mais sortit indemne du bûcher où on l’avait précipité. Il fut alors fouetté au sang et jeté en prison avec six compagnons.

Les condamnés furent menés à l’amphithéâtre de Pouzzoles  pour être donnés en pâture aux fauves qui, bien qu’affamés, se couchèrent à leurs pieds…

Timothée, pris d’un coup de sang, en perdit la vue mais, magnanime, Janvier la lui rendit… Devant ce miracle, cinq mille des trente mille spectateurs présents demandèrent à être baptisés.  Timothée, quelque peu agacé, ordonna alors qu’on coupe la tête de Janvier et ses diacres, Proculus et Sosius puis  rentra dans son palais à Nola.

Les deux diacres furent ainsi décapités le 19 septembre 305  puis  Janvier après qu'il en eut prié le bourreau, car ce dernier ne trouvait plus de forces pour faire sa funeste besogne ; ainsi revigoré, le bourreau coupa non seulement la tête du saint mais également un de ses doigts.

 Martirio di San Gennaro, Girolamo Pesce, 1727.

Martirio di San Gennaro, Girolamo Pesce, 1727.

Le bourreau et les hommes de troupe, partis faire leur rapport à Timothée n'aurait trouvé que son cadavre putréfié et auraient péri asphyxiés par les ses émanations pestilentielles.

La nuit qui suivit le martyre, la parente paralytique que Janvier avait soignée  recueillit du sang de l’évêque martyr avec une éponge, comme il était d’usage à l’époque, et en remplit les deux fioles qui avaient servi à Janvier à célébrer sa dernière messe puis elle emmena les ampoules chez elle, à Antignano près de Naples.

Un aveugle à qui saint Janvier avait rendu la vue récupéra la tête, le corps et le doigt du martyr et les plaça dans un coffre qu’il emporta à l’Agro Marciano, à Naples ; puis, le corps fut ultérieurement transféré dans la catacombe dite de saint Janvier (San Gennaro), toujours à Naples.

Selon la tradition, cela se serait passé le samedi précédant un premier jour de mai au début du IVe siècle. Ce jour-là, sur le chemin de Capodimonte, lorsque la relique passa à Antignano, la femme plaça les ampoules près du corps et le sang desséché du martyr se liquéfia. 

D'un point de vue historique, la première mention de ce phénomène date du 17 août 1389, lors de la fête de l'assomption pendant laquelle les ampoules furent exposées.

Ce phénomène se reproduit depuis à l'occasion de cérémonies organisées à cet effet, trois fois par an de nos jours :

  • le samedi précédent le premier dimanche de mai, en commémoration de la date de transfert de la dépouille du saint vers Capodimonte : cette cérémonie donne lieu à une procession vers l'église de Santa Chiara ;
  • le 19 septembre, date anniversaire de son martyr : cette cérémonie, la plus importante, a lieu au Duomo, cathédrale de Naples ;
  • le 16 décembre, en souvenir de l'intervention du saint lors de l'éruption du Vésuve en 1631 : la cérémonie a alors lieu dans la chapelle de San Gennaro, toujours au Duomo.

A ces occasions, l'avenir de la ville est en jeu : une liquéfaction rapide du sang est gage de prospérité et bonheur pour Naples, mais de sombres heures attendent la ville si elle tarde à se produire voire n'a pas lieu du tout.

Si le sang se liquéfie, le résultat est transmis en agitant un mouchoir blanc.

De nombreux scientifiques se sont penchés sur la question. La température extérieure, qui peut atteindre plus de 30 degrés en septembre et n’être que de 7 degrés en décembre, semble n’avoir aucune influence sur la liquéfaction, qui est soit lente soit rapide. D’autres pensent que le liquide enfermé dans une ampoule de verre contient d’une composition chimique à base de fer, datant du Moyen Age, à l’état solide si on n’y touche pas mais qui devient liquide quand on l’agite

A ce jour, l'Eglise ne s'est pas prononcé sur le caractère miraculeux du phénomène, préférant le qualifier de prodige.

Le sang resta figé 1939, année de la seconde guerre mondiale, et en 1980, année du séisme de l’Irpinia.

Naples - San Gennaro, protecteur de la ville
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