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Baronne Samedi

Broutilles paraissant le crésudi

Naples - Sansevero : marbres stupéfiants et machines anatomiques

Publié le 21 Novembre 2019 par Baronne Samedi in Voyage, Naples, Italie, Art et spectacles, Musée

La chapelle appartient depuis des générations à la famille Sansevero qui l'exploite à titre privé.  De fait, la seule chose qu'on peut photographier est... la porte d'entrée.

Pour le reste, j'ai utilisé des cartes postales vendues sur place ou des images du site dont j'ai mis le lien.

Naples - Sansevero :  marbres stupéfiants et machines anatomiques

La chapelle, également connue comme l'église de Santa Maria della Pietà ou Pietatella, se trouve dans la via Nilo, au cœur du centre historique de Naples, à côté de la maison historique de la famille Sansevero, 

Elle contient de belles statues de marbre et deux mystérieuses "machines anatomiques" situées au sous-sol.

Naples - Sansevero :  marbres stupéfiants et machines anatomiques

La commande du Christ voilé (Cristo velato) avait été faite au sculpteur Antonio Corradini qui mourut avant d'exécuter l'oeuvre. Il fut remplacé par  Giuseppe Sanmartino.

La maîtrise du sculpteur napolitain est telle qu'il parvient à rendre un voile d'une grande finesse laissant deviner les stigmates du martyre subi par le Christ.

Le rendu magistral du voile a donné naissance au cours des siècles à la légende que le célèbre scientifique et alchimiste Raimondo di Sangro aurait  enseigné à Giuseppe Sanmartino une méthode permettant de transformer du tissu en marbre cristallin.

Impressionnés par sa finesse, les visiteurs pensaient à tort que la  statue aurait été couverte d'un vrai voile qui se serait cristallisé par un processus alchimique.

J'avoue être sceptique sur ce point car j'ai vu des oeuvres de Corradini avec des rendus similaires, d'une finesse stupéfiante, qui n'avaient pas fait l'objet d'une telle légende.

Par ailleurs, l'éclairage par chandelles devait sans doute rendre difficile une vision précise de l'oeuvre.

Naples - Sansevero :  marbres stupéfiants et machines anatomiques
Naples - Sansevero :  marbres stupéfiants et machines anatomiques

Ce sont deux autres oeuvres qui m'ont bien plus impressionnée, à vrai dire.

Pour commencer, "La pudeur" de Corradini, dont la volupté fait de l'oeuvre un véritable oxymore !

Naples - Sansevero :  marbres stupéfiants et machines anatomiques
Naples - Sansevero :  marbres stupéfiants et machines anatomiques

Davantage encore, je suis restée ébahie devant "La désillusion" de Francesco Queirolo.

En substance, selon le site : « Le groupe de sculptures décrit un homme libéré du péché, représenté par le filet. Un ange aide l’homme à se libérer en lui montrant le globe, symbole du monde des passions. Le livre est la Bible mais aussi l’une des trois « grandes lumières » de la Maçonnerie. Un bas-relief sur le socle, avec l’histoire de Jésus rendant la vue à l’aveugle, renforce l'allégorie. »
 

Naples - Sansevero :  marbres stupéfiants et machines anatomiques

On dit que les polisseurs, de crainte de briser le filet refusèrent de le poncer, laissant ce soin à Queirolo.

C'est bien possible : même avec le nez dessus, je n'arrivais pas à croire que ce n'était pas un filet enduit d'une substance à base de marbre et drapé par-dessus la statue.

Naples - Sansevero :  marbres stupéfiants et machines anatomiques
Naples - Sansevero :  marbres stupéfiants et machines anatomiques

Au sous-sol, les machines anatomiques, telles que les a surnommées Raimondo di Sangro lui-même, sont les corps d'un homme et d'une femme, totalement désincarnés, mettant en évidence leur système sanguin entier (artères, veines et capillaires) tels des tables anatomiques.

Elles ont  été conçues comme des objets d'étude, et auraient été réalisées par Domenico Giuseppe Salerno, médecin anatomiste de Palerme, sous la direction de Raimondo di Sangro, un homme à la réputation sulfureuse, adepte d'ésotérisme et d'alchimie, premier Grand Maître de la Franc-Maçonnerie napolitaine, inventeur, écrivain et académicien.

Une légende veut que les corps des malheureux soient le résultat d'une injection de métal dans les veines d'une servante et d'un serviteur. L'histoire macabre attisant la curiosité, la famille Sansevero (toujours propriétaire) s'est longtemps opposée à des études approfondies.

Finalement, en 2008,  des chercheurs de l'Institut d'Archéologie du University College de Londres ont pu prélever des échantillons qui se sont  se sont révélés être composés de fibres de soie et de petits câbles métalliques enrobés de cire de couleur. La prouesse n'en est que plus grande étant donné que le résultat est conforme à la réalité anatomique.

Les squelettes sont bien réels et l'étude ne précise pas la nature des organes conservés à l'intérieur des corps : sont-ils faux ou s'agit-il d'organes embaumés ? En tout cas, c'est assez éprouvant à contempler !

Naples - Sansevero :  marbres stupéfiants et machines anatomiques
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