Les Trois Cités sont les trois villes fortifiées de Cospicua, Birgu/Vittoriosa et Senglea. La plus ancienne est Birgu, qui existe depuis le Moyen Âge, tandis que les deux autres, Senglea et Cospicua, ont été fondées par l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem aux 16e et 17e siècles.
Elles sont entourées par la ligne de fortifications dite "Cottonera" car construite à la demande du grand maître de l'Ordre, Nicolas Cottoner y de Oleza. Le terme est devenu synonyme des «Trois Cités», même si la ligne inclut également la ville voisine de Kalkara.
Cospicua a été très bombardée pendant la Seconde guerre mondiale et, même si elle est active après avoir été reconstruite, son architecture fonctionnelle n'appelle pas particulièrement la visite.
Je vais donc d'abord à Senglea, célèbre pour sa jolie gardjola, une tour de guet.
Il n'est pas facile d'y accéder car c'est un haut lieu de visite mais c'est une des circonstances pour lesquelles j'ai une patience de lézard.
Comme les visiteurs se déplacent en groupe, il faut s'insérer entre deux vagues de narcissistes qui passent un temps fou à gâcher la vue en prenant des poses.
Une fois le lieu vidé, il faut être rapide !
Sur le côté gauche, un oeil est représenté et la vue aujourd'hui est affreuse : un abominable paquebot de croisière occupe tout l'espace. C'est à cause de ces horreurs flottantes que l'île est saturée : il y a bien plus de touristes dans les rues que ne le permettrait l'hébergement disponible.
HLM flottants, très polluants et source de dégâts près des villes côtières (comme à Venise), je ne comprends pas qu'ils soient autorisés.
Du côté de l'oreille, j'ai plus de chance, avec une belle vue sur le port.
Grand Harbour (en maltais: Il-Port il-Kbir) est un port naturel utilisé depuis au moins l'époque phénicienne et aménagé au fil du temps
Je redescends en flânant pour prendre le bus qui m'amènera à Birgu/Vittoriosa
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Lorsque les Chevaliers hospitaliers arrivèrent en 1530, ils firent de Birgu la capitale de Malte : l'ancienne capitale, Mdina, se trouvait en effet à l'intérieur des terres et ne convenait pas aux exigences de la guerre navale.
Ils y bâtirent le premier hôpital de Malte et les premières huit auberges de Chevaliers.
Fin , une importante force turque débarque à Malte et met le siège devant les positions chrétiennes.
Les chevaliers de l'Ordre, appuyés de mercenaires italiens et espagnols, et par la milice maltaise, sont commandés par le grand maître de l'Ordre, Jean de Valette. Inférieurs en nombre, les défenseurs se réfugient dans les villes fortifiées de Birgu et de Senglea, dans l'attente d'un secours promis par le roi Philippe II d'Espagne.
Les assaillants commencent leur siège par l'attaque du fort Saint-Elme qui commande l'accès à une rade. Grâce à la résistance des fortifications, les chevaliers parviennent à tenir cette position durant un mois, faisant perdre un temps considérable et de nombreux hommes à l'armée turque.
Au début du mois de juillet commence le siège de Birgu et Senglea. Durant deux mois, malgré leur supériorité numérique et l'importance de leur artillerie, les Ottomans voient leurs attaques repoussées, et comptent de nombreuses pertes humaines. Début septembre, une armée de secours, menée par le vice-roi de Sicile, don García de Tolède, débarque à Malte et parvient à défaire l'armée turque, démoralisée par son échec, et surtout affaiblie par la maladie : les Chevaliers avaient trouvé le moyen d'empoisonner les puits avec des carcasses d'animaux et des plantes toxiques.
Le grand maître Jean de Valette estima que la péninsule de Xiberras, faisant face à Birgu, était moins exposé aux attaques. Il fut donc décidé d'y édifier une nouvelle capitale, baptisée La Valette. C'est également après ce siège que les Chevaliers surnommèrent Birgu, la Città Vittoriosa.
Si les escaliers ont des marches basses, c'est parce que les Chevaliers devaient pouvoir circuler à cheval.
Comme elles ne sont pas aisément accessibles en voiture, Senglea comme Vittoriosa se sont vidées et les magasins ont disparu, ce qui est le début de la dégringolade.
Aujourd'hui, les maisons d'habitation deviennent trop chères pour les Maltais car elles sont achetées principalement par des Anglais, Français et Belges pour être louées en résidences de vacances.
De fait, si j'ai d'abord été éblouie par la beauté des lieux, j'ai trouvé terrible que La Valette comme le reste soient devenus de simples décors touristiques. Il n'y a même pas une halle dans la capitale et encore moins ailleurs, et les habitants se servent principalement dans des supermarchés de périphérie.
Une statue représente "Birgu victorieuse". Outre le flonflon habituel, sa clôture est très symbolique : on voit en bas des croissants de lune couchés, percés de lances et dominés par des croix de Malte.
Un omnibus des années 20 fait une pause : il est utilisé par une agence de tourisme pour faire des balades, ce qui doit être bien agréable car Vittoriosa est constamment balayée par la brise.
Je frétille à l'idée de prendre une de ces sortes de gondole pour visiter les fortifications par la mer.
En réalité, les rames ne servent qu'aux manoeuvre d'accostage et il y a un moteur hors bord à l'arrière !
Ceci dit, avec le vent et la distance à parcourir, c'est plus raisonnable. La balade reste très agréable, et quelques embruns sont les bienvenus.
Au fond, à droite, on distingue la tour de la cloche près du fort Saint Elme.
Et là, ce sont les cabanons privés que j'avais vainement espéré être des buvettes, lorsque je les avais vus de la route.
On voit à l'horizon la gadjola de Senglea et la façon dont elle s'avance sur la mer.
Après tout ça, j'ai mérité une pause en terrasse et j'opte pour un Kinnie, une spécialité pétillante maltaise sucrée, à l'orange amère et aux herbes aromatiques. C'est délicieux !