Malte - La Valette : la co-cathédrale Saint-Jean

Financée et commandée en 1572 par Jean de La Cassière, le grand maître de l'Ordre, l’église fut construite à La Valette pour les chevaliers de l’ordre de Saint-Jean, entre 1573 et 1577.

Elle reçut le titre de co-cathédrale, conféré par Pie VII en 1816, parce qu'elle partage ce statut avec la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Mdina.

Si la façade est assez sobre, l'intérieur est richissime. Au fil du temps, les grands maîtres et les chevaliers ont enrichi le lieu de dons d'objets d'art.

L'édifice est composé d’une nef imposante et de deux allées divisées en chapelles latérales.

A l’époque des chevaliers, ceux-ci étaient répartis par langues et regroupés dans une même auberge. Qu'on ne s'y trompe pas : les "auberges" étaient de beaux bâtiments aujourd'hui transformés en lieux institutionnels.

Par exemple, l'auberge de Castille, de León et du Portugal est aujourd'hui le siège du Premier Ministre de Malte.

On retrouve un rappel de cette division dans les huit petites chapelles : Provence, France, Italie, Allemagne, Auvergne, Aragon, Castille, León et Portugal, Angleterre et Bavière.

L'intérieur de la cathédrale a été rénové au 17e siècle, dans le style baroque, par l'artiste calabrais Mattia Preti qui a réalisé la voûte en berceau représentant le cycle de la vie de Saint Jean-Baptiste, le patron de l’Ordre.

En-dessous, 374 chevaliers de haut rang sont enterrés sous du marbre polychrome.

Pour l'anecdote s'il y a deux orgues dans la cathédrale, c'est pour la symétrie car un seul est vrai (et j'ignore lequel).

Le vrai a, paraît-il, un son exceptionnel.

Un étroit et long escalier en colimaçon donne accès à un balcon qui donne une vue élargie de l'ensemble. J'avoue qu'après ça, je frisais l'indigestion de baroque...

J'ai rejoint rapidement l’oratoire qui abrite "La décollation de saint Jean-Baptiste" peinte en 1608 par le Caravage et considérée comme l’un de ses chefs-d’œuvre. Il a été restauré dans les années 1990, et son clair-obscur est magnifique.

Comme j'étais la première à entrer dans l'oratoire, j'ai eu tout le loisir de profiter du lieu dans le calme.

En revanche, les photos ne sont permises que sans flash et ma pauvre boîte à savon n'a pas fait de miracles...

La signature du peintre est tracée dans le sang de la victime, libellée « Fra' Michel Angelo » (le nom complet du Caravage est Michelangelo Merisi da Caravaggio).

Ce titre de "frère" rappelle son admission récente parmi les novices des chevaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem.

L’oratoire abrite également une autre toile du Caravage, un  Saint Jérôme écrivant (1607–1608). 

Comme on peut s'en approcher, j'ai vraiment apprécié de pouvoir m'en imprégner dans le silence, car les vanités m'ont toujours attirée.

Les autres toiles de l'oratoire sont de Mattia Preti qui les a peintes en tonalités sombres pour s'harmoniser avec celles du Caravage. 

Le travail de marqueterie de marbre est vraiment impressionnant.

Par ailleurs, il y a des panneaux étonnants dont le motif abstrait provient apparemment de découpes de tranches mises en miroir.  Comme dans un test de Rorschach, ont fini par discerner des images...