Aujourd'hui, nous prenons la route vers Thoune, pour un long périple vers un joyau architectural. Le car est un modèle délicieusement rétro d'une couleur radieuse à faire oublier la pluie...
C'est un ancien modèle avec le volant à droite, comme ils se faisaient jusque dans les années 1970, quand les routes de montagne plutôt brutes longeaient soit des parois rocheuses soit des précipices. La visibilité était alors cruciale à droite pour le chauffeur.
La machine à côté du volant était le distributeur de billets :
Après avoir longé le lac de Thoune jusqu'au village de Hilterfinger, nous traversons un parc pour découvrir le très joli château de Hünegg construit en 1861-1863 pour le baron prussien Otto von Albert Emil Parpart.
Son architecte était le Berlinois Heino Schmieden, alors âgé de 26 ans, qui s'était inspiré des châteaux de Blois, Chenonceau et Azay-le-Rideau.
En 1900, un architecte de Wiesbaden, Lemke-Schuckert, l’a rénové dans le style art nouveau et le château est resté dans des mains privées jusqu'en 1958, quand le canton de Berne l’a acheté pour en faire un musée témoignant des styles néo-renaissance et art nouveau.
L'intérieur est d'une beauté stupéfiante, composé d'un dédales de pièces spacieuses complétées de petits salons.
Malgré la décoration très artistique, les équipements des cuisines et de la salle de bains sont impressionnants de modernité, avec de nombreux points de chauffage.
Au rez-de-chaussée, la salle à manger est complétée par un petit office destiné au service.
En sous-sol se trouvent la salle à manger du personnel, la cuisine principale, la buanderie, la cave à vins, toutes bien équipées.
La lumière naturelle provient d'une ouverture en rez-de-jardin :
Il y a, en très bon état, une pièce de haute technologie : le balai mécanique Bissell créé en 1876 qui constitua une révolution ménagère.
Le tableau d'appel de service et le monte-charge donnent une idée de la taille de la maison...
Les petits sachets blancs à droite, enrobent des blocs de cire à enduire les fers à repasser : c'est une découverte !
Un fourneau spécial permettait de mettre au feu plusieurs fers à la fois ; ils doivent être en fonte car leur poids est énorme par rapport à leur taille.
Une puissante chaudière au charbon permettait de chauffer l'eau alimentant la cuisine et la salle de bains.
A l'étage se trouvent les chambres, les pièces pour écrire et s'habiller ainsi qu'une superbe salle de bains.
J'ai été impressionnée par la baignoire et le sabot en inox : j'ignorais même que ça existait !
J'ai beaucoup aimé cet astucieux service à thé avec réchaud sous la théière suspendue :
Nous repartons, bien sûr sous la pluie, pour déjeuner face au lac.
Deux heures de route dans la nature verdoyante nous ramènent à l'hôtel où nous avons du temps libre avant le dîner de succulente raclette, suivi d'un petit débat amusant autour du changement opéré en Sherlock après le grand hiatus.
Conan Doyle a dit dans son autobiographie :
Certains ont pensé que les histoires n'était plus aussi bonnes, et la critique a été clairement exprimée par un batelier de Cornouailles qui m'a dit : "Je pense, Monsieur, que quand Holmes est tombé de cette falaise, même s'il ne s'est pas tué, il n'a plus jamais été le même homme".
Les hypothèses allaient du double-fantôme à un dommage neurologique en passant par une pure substition, le tout n'étant bien sûr qu'autant de prétextes à s'amuser.