Pour ma plus grande joie, j'ai pu assister le 29 avril à une représentation de "La Bohème" au Metropolitan Opera.
Initialement situé dans Broadway, il réputé pour la qualité de ses représentations depuis le 19e siècle. Après avoir subi un incendie, il a été reconstruit en 1966 au Lincoln Center.
Revenant du musée, je n'ai que le temps de changer de robe avant de me hâter pour rallier l'opéra, dont l'entrée semble indiquée dans la 63e rue, à droite dans le sens de la marche.
L'ennui, c'est que passée la 62e rue, la suivante est la 64e... Il est déjà 19 h 10 et la représentation commence dans 20 mn, ce qui signifie que les portes seront fermée.
Où diable est la 63e rue ?! Je n'ai pas le temps de faire le trajet inverse et tenter une autre approche. La rue est déserte de passants que je pourrais interroger.
Grand moment de panique...
C'est là que je vois sortir un homme en uniforme à qui j'ai dû flanquer une trouille bleue en me ruant sur lui. Heureusement, il a du sang-froid pour deux et me rassure en m'expliquant qu'on peut accéder à l'opéra par le garage souterrain : il s'avère que le bâtiment a été construit au milieu de 63e.
Au temps pour le glamour, voici par quoi je fais mon entrée :
Tant pis pour l'entrée principale, je me hâte le long du mur de la gloire pour rejoindre l'escalier :
J'avais acheté ma place de balcon sur la Toile, pour la bagatelle de 110 $. Je m'attends donc à être au premier étage mais sur le palier, je m'entends dire par l'ouvreur que je dois prendre un ascenseur : mon balcon est en fait au 6e étage...
Le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est haut ! Même le rideau en soie damassé, qui est le plus grand du monde paraît petit.
Les sièges sont sommaires mais somme toute plus confortables que les abominables brime-fesses de l'Opéra de Lyon.
L'écran de traduction est commodément situé. En attendant le début du spectacle, il fait défiler le nom des généreux donateurs, entreprises ou particuliers.
C'est quelque chose de récurrent dans les musées et dans la ville : des arbres, des bancs, des fontaines etc. ont été offerts par des mécènes ou par des donateurs en mémoire à des personnes.
C'est la première fois que j'entends et vois "La Bohème" mais j'ai été émue par le roman d’Henri Murger, Scènes de la vie de bohème, .
Le premier acte s'ouvre sur une mansarde Son réalisme est époustouflant : c'est une construction sur deux niveaux et en profondeur.
Marcello, le peintre, Rodolfo, le poète, et Colline, le philosophe, ont faim et froid. Heureusement Schaunard, le musicien, apporte victuailles et bois de chauffage. Benoît, le propriétaire, surgit pour réclamer son loyer, mais ils ont vite fait de l’éconduire. Rassurés, ils décident d’aller réveillonner au café Momus mais Rodolfo veut d’abord terminer son travail. C’est alors qu’une voisine vient lui demander du feu. La jeune fille tombe en syncope puis se ressaisit. Rodolfo déjà sous le charme, s’arrange pour qu’elle s’attarde. Ils font connaissance et rejoignent leurs amis au Quartier Latin.
Il est clair que la scène est gigantesque ! Du fait de la distance, je ne peux pas distinguer les visages mais l'acoustique est excellente.
C'est heureux car les chanteurs sont excellents. Bryan Hymel est un ténor magnifique qui donne beaucoup de vie à Rodolfo. Sa voix claire et forte frémit aussi dans l'émotion.
D'ailleurs, à ma grande surprise, le public est très expressif, riant à leurs facéties et applaudissant après chaque solo. On se sent plus au théâtre qu'à l'opéra.
Le Quartier latin, du deuxième acte est encore plus impressionnant : non seulement le décor est immense mais il y a tant de figurants qu'on se croirait vraiment dehors.
Au café Momus bondé, Rodolfo présente Mimi à ses amis. Musetta, l’ancienne maîtresse de Marcello, arrive en faisant grand tapage.
Elle descend d'une calèche tirée par un vrai cheval, tandis que la carriole du marchand ambulant Parpignol l'est par un âne. Je viens de comprendre pourquoi j'ai croisé ces deux animaux dans le passage souterrain sans voir le temps de m'interroger !
Elle a décidé de reconquérir Marcello, bien qu’elle soit en ménage avec le riche bourgeois Alcindoro. Une ruse habilement menée expédie Alcindoro chez le bottier et lui permet de se réconcilier avec Marcello.
La soprano Ailyn Pérez campe une Musetta piquante et insolente, interprétant avec enthousiasme "Cuando me'nvo".
L'ensemble du choeur
Au troisième acte Mimì et Rodolfo ne forment plus un couple heureux. vient se confier à Marcello et Musetta, mais se cache quand arrive Rodolfo qui confie à Marcello que Mimì est gravement malade et ne survivra que si elle quitte leur vie de bohème misérable. Ils se sépareront au printemps.
Le décor de neige, dans son atmosphère spectracle, souligne la tragédie.
Au quatrième et dernier acte, de nouveau seuls, Rodolfo et Marcello essaient de travailler.
L’arrivée de leurs amis les distrait de leur nostalgie. Soudain Musette surgit bouleversée : Mimi très malade est en bas de l'escalier. Ils l'aident à venir se coucher et tentent de la soigner mais après quelques moments de bonheur avec ces amis, elle meurt, retrouvant un instant l’amour de Rodolfo.
Pour l'entracte, il y a un bar à chaque étage mais à un prix rédhibitoire. Heureusement, un généreux donateur a offert une fontaine avec ses cornets de papier :
Avant de sortir, encore la larme à l'oeil, je me promène un peu dans le couloir :
Et pour finir, avant de rejoindre l'hôtel, je prends le temps de photographier l'entrée principale, mais à toute hâte car il fait très froid et un orage s'annonce.