Naples - L'Antiquarium et la Villa Regina à Boscoreale

Boscoreale est une ville située au nord de Pompéi, sur les pentes du Vésuve.

Grâce à sa fertilité, elle fut habitée dès la préhistoire. À l'époque romaine, elle était riche en villas et fermes dédiées à la culture de la vigne, de l'olivier et des céréales.

Elle fut ensevelie en même  temps que Pompéi dans l'éruption du Vésuve en l'an 79.

L’Antiquarium est conçu pour rapprocher les visiteurs de la vie quotidienne romaine en leur fournissant sur de nombreux panneaux des informations sur les pratiques agricoles, l’élevage et l’utilisation des ressources naturelles.

On y trouve des objets, fresques et pièces décoratives importantes  provenant des villas rustiques et nobles de Boscoreale, 

des objets témoignant de l'agriculture, la pêche, 'élevage et des activités artisanales de l'époque romaine, ainsi que des vestiges de cosmétiques, de médicaments et de cultes religieux. 

La belle statue ci-après, dont seuls les yeux ont disparu, est un "serviteur muet".

Ces éphèbes en différentes postures étaient disposés partout lors des dîners, pour porter les lampes à huile de l'éclairage. 

Sabazios (Σαβάζιος / Sabázios, « le Frappant, le Tonnant » en grec ancien) était un dieu thrace ou phrygien apparu à Athènes vers le Ve siècle av. JC.

Le culte de Sabazios semble avoir été en rapport avec celui de la Magna Mater, la « Grande Mère ». On célèbrait en son honneur des mystères privés mais on ne connaît rien du rituel avant l'époque impériale, période où, en Italie, il est assimilé à Bacchus ou à Jupiter. Son principal attribut était  le serpent.

Je n'en avais jamais entendu parlé et j'ai trouvé son buste très intéressant, de même que le vase rituel présenté à côté. 

Le liquamen (aussi dit garum) était  le principal condiment utilisé à Rome dès la période étrusque et en Grèce antique. Elle était composée de chairs ou de viscères de poisson, voire d'huîtres, ayant fermenté longtemps dans une forte quantité de sel, afin d'éviter tout pourrissement.

À l'époque romaine, il entrait dans la composition de nombreux plats, notamment grâce à son fort goût salé. Il était similaire à la sauce nước mắm d'aujourd'hui. 

La mosaïque ci-dessous, montre une amphore avec la mention liqua(minis) flos, signifiant en substance "le meilleur du liquamen". Trois autres mosaïques du même genre ont été trouvées dans l'atrium de la maison d'Aulus Umbricius Scaurus, un producteur de ce condiment (j'ai d'ailleurs vu plus tard son tombeau à Pompéi, et c'était celui d'un homme prospère).

Le chariot qui suit, unique en son genre et exceptionnellement conservé, n'était pas un véhicule agricole mais un chariot de luxe orné de décorations en bronze et en étain, probablement utilisé pour des festivités et des cérémonies. 

Longues d'environ 13 m, ces pirogues sont les seules découvertes en Italie du sud et sont importantes pour la connaissance de la navigation sur les cours d'eau à l'époque de la protohistoire. 

Le squelette à côté du broc est un celui d'un rat qui était à l'intérieur, dans un résidu de liquide épais. On imagine les conditions d'hygiène subies par les esclaves...

Un cartel allège l'atmosphère avec une blague grecque.

Un client goûte le miel d'un marchand :

- Il est très bon ! dit-il en sortant son argent
- Oui, dit le marchand, et si une souris n'était pas tombée dedans,  je ne le vendrais pas !

La Villa Regina est une villa rustique composée de plusieurs pièces disposées sur trois côtés d'une cour ouverte.

On y exploitait  la vigne pour faire du vin, et les oliviers pour en tirer de l'huile. 

Parmi les pièces de la villa, dans lesquelles certains moulages de portes sont conservés, on note en particulier un grand porche qui délimite la cour ouverte; un compartiment utilisé comme rangement et cuisine temporaire et dans lequel la plupart des meubles de la villa ont été trouvés, disposés sur les étagères et dans un placard ; le torcularium avec les restes de la presse en bois. 

La villa, qui avait également un étage supérieur, peut être datée du premier siècle avant JC.  Deux phases d'agrandissement ont suivi.

Le sol de la zone entourant la villa se compose de la terre agricole de 79 après J.-C., qui conserve les traces des cultures anciennes et dont les moulages des racines de vignes ont été réalisés. À côté d'eux ont été replantées les vignes pour la reconstruction de la plante de vigne.

La cour abrite 18 dolia. Un dolium (pluriel latin : dolia) est une jarre d'une contenance allant jusqu'à plus de 3 000 litres, et qui servait de citerne à eau, ou pour la réserve de vin, d'huile ou de céréales. 

Une fois installées, les dolia ne pouvaient être déplacés ; il fallait puiser dedans pour les vider. 

Même si la villa était rustique, on peut voir un salon qui était décoré de fresques, ce qui suppose une certaine prospérité.

Souvent, une exploitation agricole était dirigée par un maître qui employait des esclaves ou des métayers, ce qui donnait une main d'oeuvre bon marché. 

Le long des parois de l'excavation, la stratigraphie du sol montre clairement la succession de dépôts de matériaux pyroclastiques produits par l'éruption du Vésuve qui causa la destruction de la petite ferme.

En repartant, je suis vite revenue à notre époque puisque Boscoreale avait été construite par-dessus le site. 

Et comme, encore une fois, je me suis perdue en cherchant la gare, j'ai fait une rencontre des plus rustiques...