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Baronne Samedi

Broutilles paraissant le crésudi

La Force du destin - Verdi/Rustioni/Mondtag

Publié le 30 Mars 2025 par Baronne Samedi in Opéra, Opéra de Lyon, Lyon

L'œuvre  est une adaptation de la pièce Don Álvaro o la fuerza del sino, un drame de 1835, écrit par Ramírez de Baquedano, duc de Rivas, dont l'intrigue alambiquée est pleine de clichés de l'école romantique espagnole,  

Il n'est pas étonnant que Giuseppe Verdi, grand amateur de Shakespeare, ait voulu en faire un opéra plein de péripéties, où le motif du destin revient tout au long de l’idée de rédemption, le tout saupoudré de passages comiques.

D'ailleurs, de même que le Barde a sa "pièce écossaise" maudite, certains chanteurs refusent de prononcer le titre de l'opéra dans les théâtres, préférant le transposer en "Potenza del Fatto".  C'est pour cette raison que certains le surnomment "l'opéra innommable de Verdi", associé à une superstition négative à cause des malheurs qui ont caractérisé les représentations et les personnes impliquées dans sa création ou sa mise en scène. 

L'histoire, très résumée, est un sacré mélodrame :

À Séville, Leonora s’apprête à suivre son amant Alvaro qui, par accident, blesse le père de sa bien-aimée, lequel maudit sa fille avant de mourir.

Leonora se réfugie au monastère de Hornachuelos tandis qu'Alvaro, s’engage pour combattre combat en Italie, où il sauve la vie d’un officier, Carlo, qui n’est autre que le frère de Leonora ! 

Un duel est empêché de justesse et, pour échapper à un avenir déjà écrit, Alvaro entre dans les ordres à Hornachuelos où Carlo retrouve sa trace et le provoque.

Leur combat les mène près du logis de Leonora, où le destin fera son œuvre...

(c) Jean-Louis Fernandez

(c) Jean-Louis Fernandez

Verdi s'en est donné à coeur joie dans le mélange des genres. Héritier de la grande tradition du bel canto, il lui donne une dimension dramatique en alternant le lyrisme intime avec de grands chœurs, sans oublier quelques répliques drôlatiques dans le livrer. 

Les parties vocales sont brillantes, très exigeantes pour les interprètes.

Ersan Mondtag s'est emparé de tout l'espace scénique pour un décor kitsch, entre gothique et baroque, qui a nécessité un peu d'attente lors des changements de scène.

Les costumes de Teresa Vergho ne cherchaient pas la véracité historique mais à évoquer les catégories sociales. Ainsi, les paysans avaient une allure médiévale et des militaires portaient des uniformes inspirés des officiers de la Wermacht. J'ai trouvé un peu étrange les coiffes de dames et d'infirmières en oreille de lapin.

La Force du destin - Verdi/Rustioni/Mondtag

J'ai été éblouie par  la Léonore de Hulkar Sabirova. Son soprano était brillant, avec la capacité d'alterner puissance et douceur, sans altération du timbre. 

En revanche, pour cette représentation, le ténor Riccardo Massi, interprétant Alvaro, était parfois à la peine dans les transitions et manquait un peu de volume pour passer l'orchestre très imposant. Sa voix s'est déployée  vers la fin, en particulier dans les duos. 

Ariunbaatar Ganbaatar  était un Don Carlo imposant, avec un jeu d'acteur et un diction remarquable, à la mesure de son baryton.

Maria Barakova a donné à la bohémienne Preziosilla un mezzo-soprano triomphant qui servait bien son rôle de va-t-en-guerre. 

Michele Pertusi, campait un Père gardien solide,  avec une basse d'un grande clarté.  Paolo Bordogna était un Frère Melitone plein d'humour et  j'aurais aimé que le rôle fût plus long pour entendre davantage de son baryton. Il en allati de même pour  Francesco Pittari en Maître Trabuco. 

Les choeurs de l'Opéra de Lyon  n'était pas en reste, aussi bien en jeu d'acteur qu'en qualité vocale, à la mesure des exigences de Verdi. 

A mon goût, l'oeuvre traîne en longueur, plombée de bondieuseries et d'élans militaires, mais elle est sauvée par les belles parties des solistes.

La Force du destin - Verdi/Rustioni/Mondtag

J'ai appris avec regret que le chef Daniele Rustioni partira bientôt à New York pour devenir premier chef associé au Metropolitan Opera. 

Espérons que la personne qui lui succèdera continuera de nous faire découvrir des oeuvres rares, une particularité qui contribue au rayonnement de l'Opéra de Lyon.

 (c) Jean-Louis Fernandez

(c) Jean-Louis Fernandez

La Forza del destino - Opéra en 4 actes, 1869
Musique de Giuseppe Verdi - Livret de Francesco Maria Piave
Nouvelle production, en italien surtitré en français  
Durée : 3h30 dont 1 entracte

Orchestre et choeurs de l'Opéra de Lyon

Direction musicale Daniele Rustioni
Mise en scène et scénographie Ersan Mondtag
Chef des Chœurs Benedict Kearns

Hulkar Sabirova Donna Leonora, soprano
Ariunbaatar Ganbaatar Don Carlo di Vargas, baryton
Riccardo Massi Don Alvaro, ténor
Maria Barakova Preziosilla, mezzo-soprano
Michele Pertusi Père Guardiano, basse
Paolo Bordogna Frère Melitone, baryton
Jenny Anne Flory (soliste du Lyon Opéra Studio) Curra, mezzo-soprano
Hugo Santos (soliste du Lyon Opéra Studio) Un alcade, basse
Francesco Pittari Mastro Trabuco, ténor brillant

Costumes Teresa Vergho - Lumières Rainer Casper

Avec le généreux soutien d'Aline Foriel-Destezet

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