La formation urbaine de Bordeaux, originellement Burdigala, semble remonter au IVe siècle avant J.C. C’est à cette période que s’installent les Bituriges Vivisques, un peuple gaulois fait de navigateurs et commerçants d’origine celte.
Leur activité s’organise d’abord autour du contrôle du trafic de l’étain venu de l’Ouest puis des vins, huiles et poteries. Très tôt, la cité devient un centre actif des échanges entre Méditerranée et Atlantique.
La guerre des Gaules amène le lieutenant de César, Julius Crassus, à Bordeaux. La mainmise romaine sur la ville entraîne sa prospérité économique et le développement rationnel de son urbanisme.
Pillée et incendiée lors des invasions barbares de 276, la ville se dote de remparts. Elle reconstruit son port et se diversifie avec le commerce de cuivre, cire, poix et papyrus.
Christianisée au 4e siècle, elle participe plus tard à la révolte des ducs d’Aquitaine, avant d’être soumise par Pépin le Bref puis par Charlemagne qui en fait la capitale du royaume d’Aquitaine.
En 1154, Aliénor d’Aquitaine épouse Henri Plantagenêt. Quand il devient roi d’Angleterre, Bordeaux passe sous tutelle anglaise, et c’est le début de la guerre de Cent ans, entre Français et Anglais.
Cette période amène aussi une expansion viticole sans précédent et une exportation massive des vins de Bordeaux vers l’Europe du Nord. Les seigneurs aquitains profitent de la présence anglaise pour obtenir de hautes fonctions à la cour des Plantagenêts, En 1453, la ville repasse aux mains des Français, et perd toute indépendance politique.
La devise en latin de Bordeaux fait clairement allusion à la domination exclusive du roi de France sur la ville après l'époque anglaise : Lilia sola regunt lunam, undas, castra, leonem se traduit par « Les lys règnent seuls sur la lune, les ondes, la forteresse et le lion »
C’est une période difficile pour ses habitants, qui ne souhaitent pas ce changement. Les tensions entre les oligarques et la couronne de France font de Bordeaux un opposant politique historique à la royauté.
La ville devient un foyer culturel, voyant se fonder l’université, le parlement, la première imprimerie et le collège de Guyenne qui forme des esprits humanistes, dont Montaigne et La Boétie.
Ruinée par les combats d’origines religieuse et politique, les épidémies et les disettes, il faut attendre le 17e siècle pour que Bordeaux renaisse à la prospérité grâce à la reprise des exportations de vin, et surtout à l’essor du trafic d'esclaves dit "commerce triangulaire".
L’arrivée des intendants du Roi à la Chambre de commerce ouvre la ville sur ses faubourgs et sur son fleuve. La place Royale (actuelle place de la Bourse), finie en 1755, est une brèche dans la ville close, tandis l’on réorganise l’espace : places, fontaines, portes, jardin public... Boucher est le véritable initiateur du "style bordelais", fait de pierre blanche, d’arcades plein cintre et d’un classicisme marqué.
Dans le même temps, Vauban se voit confier par Louis XIV la construction de trois forts défensifs.
En parallèle, la ville devient le point de départ du négoce avec les Antilles et les Indes, qui fait grossir les fortunes de la bourgeoisie bordelaise : commerce du café, du cacao, du sucre et du coton. Avec 411 expéditions négrières au 18e siècle son port se place en 1789 au premier rang des ports français et au deuxième rang des ports du monde après Londres.
Il est des voix pour s’élever contre le traitement réservé à ceux que l’on considère comme des sauvages, mais elles restent nuancées et sans grand poids. Parmi elles, il y a celle de Montesquieu, juriste et philosophe des Lumières, qui se pose comme la figure intellectuelle bordelaise de l’écriture critique en ce siècle agité.
L’essor économique et démographique s’accompagne d’une croissance démographique sans précédent et Bordeaux devient troisième ville du royaume.
Les cours arborées remplacent les remparts, on édifie de somptueux hôtels particuliers, le Grand Théâtre, l’Archevêché, le palais Rohan, l’actuel Hôtel de ville, et l’on aménage le quartier des Chartrons, lieu privilégié du négoce du vin.
Perçue comme un repaire de la Contre-Révolution par Robespierre la ville est soumise à la Terreur, et son économie, troublée par les évènements ainsi que par l’agitation dans les colonies et la guerre avec l’Angleterre, connaît une forte récession. L'arrivée de Napoléon au pouvoir est accueillie positivement par la population.
Le 19e siècle marque la construction de nouvelles voies fluviales et des chemins de fer qui ouvrent une nouvelle période de prospérité avec de nombreux travaux d’utilité publique. En parallèle, les arts décoratifs se développent dans les maisons bourgeoises, de la céramique aux vitraux et à la ferronnerie.
En milieu de siècle, l’industrie prend en ampleur et avec elle ses activités nouvelles : chimie lourde, agroalimentaire, métallurgie, construction automobile. Le port modernise ses infrastructures, avec la construction de quais verticaux, de bassins à flot et de docks.
Le commerce colonial continue de l’alimenter. Sous l’administration du baron Haussmann, élu préfet de Gironde en 1851, Bordeaux signe une nouvelle reprise économique, à la faveur d’un nouveau déploiement de l'urbanisme. On construit pêle-mêle le Théâtre Français, la gare Saint-Jean, le cours d’Alsace, les réseaux d’eau et d’éclairage des rues, le canal latéral à la Garonne, les bibliothèques, facultés, nouveaux quartiers...
L’ouverture des voies ferrées ralliant Paris et Bayonne permettent la consolidation du lien existant entre la ville avec son arrière-pays.
À la chute de l’Empire, le maire proclame la République, et la statue de Napoléon III est jetée dans la Garonne. Elle sera remplacée par la Fontaine des Trois grâces.
Devenue capitale économique et intellectuelle du Sud-Ouest, Bordeaux est faite temporairement capitale politique lorsque l’armée allemande menace d’occuper Paris. La délégation gouvernementale de Léon Gambetta y siège en 1870, et l’Assemblée Nationale en 1871.
En 1914, sa situation géographique fait du port de Bordeaux une base de ravitaillement privilégiée en temps de guerre.
Par suite, la ville connaît un entre-deux guerre marqué par la prospérité et l’accroissement des activités industrielles, dont l’aéronautique naissante. Le port se modernise pour permettre aux grands transatlantiques d’accoster, la municipalité lance des programmes de réfection et d’équipement des espaces publics d’envergure, et la vie culturelle se caractérise par une belle effervescence.
Ce souffle de modernité se laisse surprendre par la crise, qui ouvre les heures sombres d’un Bordeaux marqué par l’inflation, le chômage puis l’occupation allemande, la collaboration et les rafles.
Sous l’impulsion de Jacques Chaban-Delmas, figure de la résistance, devenu maire en 1947, la ville connaît un nouveau mouvement de modernisation. Entre 1955 et 1960, les premières cités sortent de terre pour répondre aux problèmes d’insalubrité des logements.
L’aéronautique se fait une place de plus en plus grande dans l’économie de la ville. Le nouvel aéroport civil est inauguré en 1959, et le premier complexe aéronautique et aérospatial de la ville, berceau des fusées françaises, naît dans les années 60, en même temps que les industries pharmaceutiques, chimiques, automobiles, et électroniques. Parallèlement, le port connaît un regain d’activité dû aux nouveaux besoins en transport des hydrocarbures.
La population, nourrie par les vagues d’immigration post-décolonisation en Afrique du Nord et par l’attrait qu’exerce la ville sur tout le Sud-Ouest français, grimpe à 600 000 habitants au début des années 1970.
Le TGV fait son entrée en 1990, et la rocade est achevée en 1993.
En 1995, l’arrivée d’Alain Juppé à la tête de la ville s’accompagne d’un vaste programme de rénovation urbaine. La ville est enfin dotée d’un réseau de transports approprié, et le trafic prend une fluidité qui offre une place nouvelle aux piétons. On en profite pour travailler la mise en lumière des monuments et de la promenade des quais, ravaler les façades et favoriser la construction d’écoquartiers accessibles en tramway.
De nombreux quartiers connaissent les mutations contemporaines que l’on retrouve dans nombre de ville : végétalisation, métamorphose des anciens entrepôts, casernes et hangars désertés en lieux de vie, de culture et de rencontre…
L’arrivée de la Ligne à Grande Vitesse en 2018 signe le début d’une nouvelle ère pour Bordeaux, située maintenant à seulement 2h10 de Paris.
Depuis 2014, le projet "Bordeaux 2030" donne à la ville une perspective économique, éthique, écologique, politique et sociale à la mesure des enjeux du futur.