Couple visionnaire, grands marchands d’art, éditeurs et imprimeurs dès l’immédiat après-guerre, Aimé et Marguerite Maeght ont organisé dans leur galerie parisienne des expositions légendaires. Lors d’un voyage aux États-Unis dans les années 1950, ils découvrent les collections Barnes, Philips et Solomon R. Guggenheim.
A la mort de leur jeune fils Bernard, ils décident de créer en sa mémoire une fondation dédiée à l’art en France.
« Faites quelque chose ici, quelque chose qui n’aurait pas de but spéculatif, qui nous permettrait à nous les artistes d’exposer de la sculpture et de la peinture dans les meilleures conditions possibles de lumière et d’espace. Faites-le, je vous aiderai.» Georges Braque
«Faites un lieu pour nous les artistes… Si vous faites cela, je viendrai avec ma barbouille y peindre les rochers » Fernand Léger
Dans les années 1950, Josep Lluís Sert avait réalisé à Palma de Majorque un vaste atelier pour son ami Joan Miró.
Aimé Maeght, galeriste et éditeur de Miró décida de lui confier son grand projet : la réalisation de la première fondation privée en Europe dédiée à l’art.
C’est main dans la main avec la famille Maeght que Sert a réalisé les plans de la Fondation en associant des artistes tels que Braque, Giacometti, Miró et tant d’autres. Sert conçoit, en humaniste, une architecture de village dédiée aux artistes, ouverte et accueillante pour les amateurs d’art.
Il a interprété les codes du village méditerranéen, en mêlant la brique, la terre cuite et le béton. La simplicité des matériaux utilisés s’intègre dans la nature. Sans brutalisme, l'architecture associe la géométrie à la rationalité fonctionnelle et à la netteté des formes et des espaces.
La fondation Maeght possède l’une des plus importantes collections en Europe de peintures, sculptures, dessins et œuvres graphiques d’art moderne (Bonnard, Braque, Calder, Chagall, Giacometti, Kandinsky, Hepworth, Léger, Miró, Tal Coat, Richier, Ubac …) et d’artistes contemporains (Bergman, Chillida, Christo, Del Re, Garouste, Immendorff, Kelly, Lam, Mitchell, Takis, Tàpies …).
Dès 1964, Marguerite et Aimé Maeght ont fait don à leur fondation d’un ensemble initial riche de 1000 oeuvres d’art outre les oeuvres in situ intégrées à l’architecture du bâtiment.
La fondation préfigure la conception moderne d’un lieu culturel en multipliant la diversité des événements artistiques : musique, danse, théâtre, arts visuels.
La chapelle Saint-Bernard a été édifiée en mémoire du fils Maeght.
Juste derrière l'entrée, s'ouvre une grande cour avec des sculpture de Giacometti qui donne sur l'arrière du bâtiment et surplombe un jardin.
Le jardin dit "Labyrinthe Miró" est un ensemble d’œuvres conçues spécialement pour la Fondation Maeght.
Il est né de la collaboration étroite de Miró, de Sert, du céramiste Josep Llorens Artigas et de son fils Joan.
Miró va créer un monde onirique peuplé d’animaux fantastiques issus de sa propre mythologie en utilisant différents matériaux que l'artiste aimait travailler : la céramique, le marbre de Carrare, le fer ou encore le bronze et le béton.
Aimé Maeght a assemblé une riche collection d’ouvrages de bibliophilie illustrés de lithographies ou de gravures originales par les plus grands artistes du 20e siècle tels Derain, Matisse, Picasso, outre les artistes dont les œuvres figurent dans la collection, accompagnant des textes ou poèmes de Beckett, Jarry, Malraux, Prévert, Queneau.
Maeght Éditeur est à ce jour le plus important éditeur du 20e siècle, notamment pour des livres d’art exceptionnels en collaboration avec les artistes et les poètes.
Durant l’hiver, la fondation expose des morceaux choisis de la collection permanente dans les salles et le jardin.
Chaque été, elle organise une exposition monographique ou thématique qui constitue un panorama de l’art moderne ou contemporain.
L'exposition du moment, "Amitiés, Bonnard-Matisse", met l’accent sur la relation amicale et respectueuse entre Pierre Bonnard et Henri Matisse, et retrace leurs liens avec la famille Maeght pour qui les deux artistes-amis incarnaient deux génies du 20e siècle, tout en partageant avec eux les grands et petits moments de la vie.
Elle explore les caractères spécifiques des deux maîtres mais aussi, par effet miroir, les particularités de chacun dans leur approche de mêmes sujets : les autoportraits, la rue, la lumière du Midi, le peintre et son modèle…
J'ai donc eu une demi-chance pour ma visite car j'aime Matisse mais beaucoup moins Bonnard.
L'affreux tableau qui suit m'a déclenché un fou-rire phénoménal : j'ai cru voir un cochon dans son auge, avant de lire le titre !
Mon fou-rire a fini par gagner les autres visiteurs de la salle dont beaucoup ont admis que la toile n'est vraiment pas une réussite.
C'était un grand moment et c'est pour ça que j'aime les musées : on ne sait jamais sur quoi on va tomber !
Pour finir, rien de tel qu'une bière locale au café de la fondation, dont le mobilier a été conçu par Diego Giacometti.