En préambule à la visite prévue aujourd'hui, Helen Dorey nous a offert une jolie démonstration de Sherlock en tant que collectionneur d'un genre particulier...
Si beaucoup d'holmésiens sont collectionneurs de choses en lien avec leur cher détective, Sherlock n'est pas bibliophile, il n'accumule pas les violons et vit dans un espace restreint qui ne permettrait rien de ce genre.
En revanche, à l'image de son illustre ancêtre, le peintre Horace Vernet, il a une remarquable capacité à observer ce qui l'entoure et mémoriser ce qui lui paraît nécessaire à son métier.
Il y a pour preuve ses monographies sur des sujets aussi divers que les cendres de différents tabacs ; l'usage du plâtre pour relever des empreintes de pas ; la façon dont certains métiers déforment les mains ; la datation de documents ; l'analyse de 160 codes de cryptage et même une étude de l'oreille humaine.
Géricault disait en substance de la tête de Vernet : «Il l’ouvrait comme un tiroir pour trouver chaque souvenir à sa place». C'était exagéré, mais la métaphore des objets classés reflète la façon dont l’artiste lui-même considérait la recherche visuelle comme une forme de collection.
Sherlock collecte les informations et sa capacité d'observation en fait un maître du déguisement, se transformant au point que Watson lui-même ne le reconnaît pas.
Les explorateurs et colons britanniques ont rapporté d'immenses quantités d'objets du monde entier. Cette collecte, qu'elle soit par échange ou par pillage, a rempli les musées et collections privées.
Si les méthodes étaient souvent contestables, le résultat est encore visible, comme en témoigne le stupéfiant musée Pitt Rivers.
En 1884, Augustus Pitt Rivers fit don de sa collection privée à l'Université d'Oxford à la condition qu'un maître de conférences permanent en anthropologie soit nommé. Le personnel du musée continue d'enseigner l'archéologie et l'anthropologie à l'université.
Le don initial comprenait environ 22 000 objets ; ce chiffre s'élève désormais à plus de 500 000 objets, dont beaucoup proviennent de voyageurs, d'érudits et de missionnaires. En raison de ce nombre, ceux exposés sont changés périodiquement.
Le Musée Pitt Rivers est accessible par le Musée d'histoire naturelle d'Oxford, un bâtiment spectaculaire.
Ce qu'on découvre est proprement ahurissant !
La collection du musée est organisée selon la manière dont les objets ont été utilisés plutôt qu'en fonction de leur âge ou de leur origine.
L'exposition de nombreux exemples d'un type particulier d'outil ou d'artefact, montrant des variations historiques et régionales, est une caractéristique inhabituelle et distincte de ce musée.
Cette disposition topologique est basée sur les théories d'Augustus Henry Lane Fox Pitt Rivers ; il avait l'intention que sa collection montre l'évolution de la culture humaine, du simple au complexe.
Bien que ce ne soit plus approprié dans le modèle moderne d'exposition des objets archéologiques et anthropologiques, le musée a globalement conservé l'organisation typologique d'origine en raison du contrat de donation de Pitt Rivers qui stipulait que toute modification apportée aux expositions « ne doit pas affecter le principe général posé par Augustus Henry Lane Fox Pitt Rivers ».
Vous allez comprendre tout de suite pourquoi il m'a été impossible de photographier en détail : embarquez-vous dans ce voyage dont j'espère qu'il vous donnera l'envie d'aller y voir de plus près.
C'est une visite absolument passionnante qui mériterait plusieurs jours et non quelques heures, pour en tirer le meilleur parti. Néanmoins, ça réveille des connaissances et ça donne envie d'en acquérir d'autres.
Nous avons un dernier repas à partager, pour clore cette rencontre holmésienne et c'est au Chequers que nous le prenons, un pub très ancien dont Sherlock évoquait l'excellent porto, dans "The Adventure of the creeping man".
Je mets ici pêle-mêle, pour finir, quelques images collectées au gré de mes pérégrinations.