Le Palais des foires et expositions (Veletržní palác) est l'œuvre des architectes Josef Fuchs et Oldřich Tyl. Construit entre 1925 et 1928, il étonnait ses contemporains par son style résolument moderne dans la lignée du Bauhaus allemand ou du constructivisme russe, par ses dimensions impressionnantes. Son volume permettait d'y exposer aisément des machines industrielles.
Presque détruit par un incendie en 1974, destiné à la démolition, il a été sauvé et restauré par un projet de reconversion muséale dans les années 1980.
L'extérieur est moche, surtout comparé à l'architecture 19e de la ville mais je frétille quand même car les collections s'annoncent très intéressantes.
On y trouve un grand nombre d’œuvres majeures de l’art moderne tchèque et du monde entier, notamment d’artistes français et européens tels que Picasso, Braque, Renoir, van Gogh, Gauguin...
Si la façade du musée est rebutante, l'intérieur est aérien, avec de grands volumes baignés de lumière naturelle.
J'ai eu la surprise de voir la maquette de la grande statue qui est au sommet d'une banque, près de de mon hôtel.
Il y a eu un épisode touchant devant ce tableau de Vincent van Gogh.
Une jeune fille japonaise était plantée devant, immobile comme une statue, sans même sembler respirer. J'ai attendu mon tour pour m'approcher mais comme ça s'éternisait, je suis allée visiter une autre salle. A mon retour, elle était toujours là.
J'ai connu des moments similaires mais plus marqués, où étourdie d'avoir retenu mon souffle, je vacillais, les joues en feu, une sorte de syndrome de Stendhal qui avait fait bondir un gardien de salle pour me retenir de tomber.
J'ai attendu longtemps pour ne pas lui gâcher ce moment de grâce .
Quand finalement elle a émergé et pris conscience de ma présence derrière elle, elle s'est approchée et, en s'inclinant, m'a tendu son téléphone posé à plat sur ses deux paumes, en désignant le tableau, et j'ai compris qu'elle voulait une photographie. Elle s'est mise à côté de profil, sans grimace, juste pour être là, avec lui.
J'ai cadré soigneusement, fait deux prises par sécurité et quand elle a vu le résultat, elle a rayonné et souri comme si je lui avais donné le monde.
Pour moi, c'est l'âme même des musées : offrir à tous la beauté de l'art, pour qu'elle ne soit pas réservée aux seules maisons de riches particuliers.
Regard les oeuvres d'avant-garde des peintres tchèques juifs rappelle douloureusement combien sont morts en déportation. La perte de sensibilité humaine et de talent artistique est effroyable.
Ce musée est vraiment immense et il est temps de faire une pause. Le café est très plaisant, avec de la bonne musique et de la nourriture fraîche.
Je vois défiler beaucoup de jeunes très "étudiants en beaux-arts" (cheveux multicolores mal teints, anneaux dans le nez et les sourcils, vêtements improbles) mais aussi des inqualifiables, comme ce malotru qui m'a fourré son derrière sous le nez.
J'ai dû tourner ma chaise pour déjeuner en paix.
La sculpture suivante m'a paru anodine mais quand j'ai tourné autour, j'ai été surprise de voir tout ce qu'elle évoque, selon l'angle de vue : buste d'une femme regardant par-dessus son épaule, buste au visage levé, corps agenouillé... (la photo ne rend pas toutes les nuances d'ombre).
Le lieu comporte beaucoup de salles libres pour des expositions temporaires, des locaux de répétition, des ateliers, des coins de repos...
On sent la promesse d'une belle expansion et c'est un endroit qui méritera d'y revenir, d'autant que la Galerie national y transfère régulièrement des oeuvres. L'art contemporain va s'y déployer au cours du temps.