Bulgarie - 5e jour : Fête de la Rose à Kazanlak

Aujourd'hui, je commence avec la visite de la première distillerie privée de Bulgarie, nommée Damascena, fondée en 1991.

Un complexe touristique a été développé autour qui est plutôt réussi.

Avant même d'entrer dans l'enceinte, on est accueilli par des statues, à commencer par la danseuse qui d'un bond brise la chaîne de l'oppression.

En face, c'est Orphée brimé par le clergé qui lui arrache sa lyre enchanteresse pour la remplacer par une couronne d'épines, faisant fuir les animaux épouvantés.

La plaque figurant un Orphée crucifié date de 2000 ans avant JC...

Devant le complexe, on nous remet une corbeille de carton pour aller nous-même cueillir quelques roses à emporter.

A cause des grosses chaleurs, une bonne partie a déjà été récoltée donc les champs ne sont pas colorés, mais l'odeur est grisante malgré tout.

Les roses utilisées pour la distillerie doivent être absolument cueillies avant de chauffer au soleil, pour conserver le plus d'odeur possible.

Le simple fait d'en cueillir parfume les mains !

Les narines encore frémissantes, ce sont les yeux et les oreilles que l'on régale avec le spectacle folklorique.

Le sol jonché de pétales embaume tout le long du chemin pour entrer dans le complexe Damascena proprement dit.

Deux personnages historiques marquent l'entrée :  Seuthès III, un roi thrace du royaume des Odryses, qui régna de vers 331 à 301 av. JC et sa reine Bérénice.

La statue de Bérénice trône sous une belle arche, inspirée de la culture et de l'art des Thraces,

Selon le site de Damascena, le monument dépeint le passé, constitué par l’histoire et la culture des ancêtres bulgares, solidement ancrées au sol, et  en haut, et la voracité malsaine des « grandes puissances » voulant conquérir le monde.

L'élément fédérateur entre le passé, le présent et le futur est l’inscription en bulgare et en latin : "Les empires ne sont pas éternels, seuls le sont les peuples qui défendent leur culture".

La technique d'extraction par distillerie a commencé en Bulgarie au 17e siècle.

Avant ça, il y avait la concrète, composée de pétales infusés dans du gras ; de la macération ou du séchage, comme le faisaient les ottomans.

Les Bulgares, eux, savaient faire fonctionner des alambics pour obtenir de l'alcool de prune, ce qui était interdit aux musulmans.

Ils ont donc appliqué les techniques et les outils à la rose, parvenant par triple distillation, à extraire tous les arômes.

Le liquide final était composé d'eau et d'huile. Celle-ci, richement parfumée, flottant à la surface, elle était recueillie avec des louche coniques.

Aujourd'hui encore, ce trésor est une spécialité nationale même si la fabrication est modernisée.

Deux statues se font face : celle de l'écrivain Aleko Konstantinov et celle de son héros truculent Bay Ganyo, le marchand d'huile de roses.

Le site est très joliment agencé en une promenade qui mène au théâtre, aux restaurants et, bien sûr, aux boutiques de produits à base de rose : cosmétiques, parfums, savons, confiture, miel...

Il est temps de rejoindre Kazanlak où se tient le défilé. Je m'attendais à un défilé fleuri mais c'est plutôt une parade de fin d'année pour célébrer les enfants, les associations de la ville, les métiers, le sport...

Trois tirs suivis d'une colonne de fumée rose annoncent le début.

Il fait la bagatelle de 34° et j'ai une faim de loup que je vais pouvoir satisfaire très vite.

Pour finir en douceur, c'est un récital de chants orthoxes et airs classiques bulgares par le choeur Seuthopolis. Composé d'amateurs éclairés, le choeur se produit dans de nombreux festivals en Europe et c'est un moment enchanteur (à part l'abominable couleur aubergine de la tenue).