Né en Belgique en 1976, Sidi Larbi Cherkaoui est un auteur-chorégraphe avec une centaine de spectacles à son actif en tournée dans le monde entier. Plusieurs oeuves ont marqué les esprits comme Loin (2005) ou Puz/zle (2012) dont des extraits sont présentés sur la plateforme Numéridanse.
Sa chorégraphie sur le Boléro de Ravel pour le Ballet de l’Opéra de Paris a fait sensation en 2013 et reste l’une de ses pièces les plus iconiques.
Depuis 2022, Sidi Larbi Cherkaoui est le nouveau directeur du Ballet du Grand Théâtre de Genève.
Sa création Ukyo-e, se veut une méditation sur la résilience.
En 1665, Asai Ryōi, expliquait :
Vivre uniquement le moment présent,
se livrer tout entier à la contemplation
de la lune, de la neige, de la fleur de cerisier
et de la feuille d'érable... ne pas se laisser abattre
par la pauvreté et ne pas la laisser transparaître
sur son visage, mais dériver comme une calebasse
sur la rivière, c'est ce qui s'appelle ukiyo.
Le rideau s’ouvre sur un décor de gradins qui seront plus tard scindés en éléments que les danseurs et danseuses feront pivoter au gré de la chorégraphie, les arpentant de haut en bas jusqu’à donner l’impression d’un vertige à la Escher.
L’effet est d’autant plus saisissant que parfois des interprètes disparaissent en se laissant tomber dans le vide.
Tandis que, dans les coulisses, l’orchestre entremêle la musique contemporaine avec le chant et les instruments traditionnels japonais, sur scène, le mouvement est incessant, frénétique, les bras sans cesse en mouvement et les mains en floreos de flamenco.
Les interprètes tournoient en groupe serré dans de vastes kimonos noirs finissant par évoquer étrangement des chauve-souris. Ils sont porteurs d’émotions au gré des tableaux, alternant des atmosphères d’affrontement, d’abandon, d’affirmation, de résignation, ou d’adoration par le jeu des portés.
Une rupture se produit quand une danseuse se met à réciter le long poème « Hold your own » de Kae Tempest, dont on suppose qu’il vient renforcer le message de résilience de Charkaoui mais qui somme toute n’apporte rien à la chorégraphie.
L’impression générale est celle d’un rituel païen, à la fois chaotique et répétitif, où même dans les ensembles collectifs, chaque individu interprète ses propres figures. Ce rituel sera d’ailleurs plus explicite dans le final porteur de sacrifice.
Si la technique des interprètes est impeccable, j’avoue ne pas avoir été conquise par cette danse frénétique qui frise la contorsion.
Le public de la Maison de la Danse a néanmoins ovationné l’œuvre, ce qui prouve encore, s'il en était besoin, combien l'art est subjectif.
Ukiyo-e - Création 2022 • 22 interprètes • Durée : 1h10
Du 11 au 19 septembre à la Maison de la Danse de Lyon
Chorégraphie Sidi Larbi Cherkaoui
Interprètes Ballet du Grand Théâtre de Genève
Dramaturgie Igor Cardellini - Scénographie Alexander Dodge
Costumes Yuima Nakazato - Lumières Dominique Drillot
Composition musicale Szymon Brzóska et Alexandre Dai Castaing
Chant et danse Kazutomi «Tsuki» Kozuki
Chant, shinobue, nohkan et kokyū Shogo Yoshii
Percussions Alexandre Dai Castaing et Shogo Yoshii
Musique électronique Alexandre Dai Castaing
Musique originale Piano : Johann Vacher - Trio à cordes : Amia Janicki, violon ; Natanael Ferreira Dos Santos, alto ; Gabriel Esteban, violoncelle
Photos © Grégory Batardon
Création mondiale en novembre 2022, Grand Théâtre de Genève.
Coproduction Maison de la danse de Lyon, pôle européen de création ; Biennale de la danse de Lyon 2023 ; Fondazione Romaeuropa Arte e Cultura ; Eastman. Avec le soutien de Dance Reflections by Van Cleef & Arpels.