Né en 1982 dans un village du Péloponnèse, Christos Papadopoulos a passé de longues heures en vagabondage, à observer la faune et la flore dans la nature.
Après des études en danse, chorégraphie et sciences politiques, il enseigne le mouvement depuis 2003 à l’école d’art dramatique du Conservatoire d’Athènes, tout en menant sa carrière de chorégraphe.
Ses premières œuvres, en 2016 et 2017, lui ont valu une reconnaissance internationale. Son écriture se distingue par une dimension plastique très travaillée et l'accent mis sur le groupe choral.
Dans cette création, il dit s'être inspiré du mycélium, ce réseau souterrain de filaments qui permet aux végétaux de partager des nutriments et s'envoyer des signaux. Il a voulu une danse aux connexions proliférantes, sublimant la perception des rapports entre individus au sein d’un groupe.
Le résultat est un ensemble absolument fascinant.
Sur la musique électro de Coti K, tel le grondement lointain d'un orage, un homme seul apparaît, comme porté par le sol lui-même. Le costume noir ne dégage que le visage et les bras, sur lesquels joue la lumière tandis qu'il paraît ondoyer tel une algue au rythme de l'océan.
Peu à peu d'autres apparaissent semblant se détacher du néant.
Comme la course lente des nuages ou l'avancée des aiguilles d'une montre, les mouvements semblent imperceptibles jusqu'à ce que la configuration ait changé.
Parfaitement synchrones, frémissant uniquement par l'oscillation des épaules et des hanches, les personnages se déplacent insensiblement, s'éloignant et se rapprochant sans jamais quitter le public du regard.
L'effet est hypnotique, comme un feu de cheminée ou le ressac,
Formant un groupe serré, tel un banc de poissons, les interprètes semblent être retenus par des liens invisibles qui les rassemblent quand ils se sont éloignés.
A mesure que la musique s'enrichit de syncopes, la danse très organique introduit des décalages de rythme au sein des structures répétitives.
Quelques saccades de la tête, à la manière des oiseaux, des bras qui passent devant le corps, pour capter la lumière et l'ensemble s'ouvre, se déploie, se sépare pour se croiser...
On est captivé et le coeur se met à l'unisson, la sensation physique rejoignant la perception visuelle.
J'ai vécu un moment de grâce, comme ceux qu'apporte Sankai Juku.
Après le spectacle, j'ai pris conscience de la performance extraordinaire du Ballet de l'Opéra de Lyon, cette capacité à la cohésion alors même que le regard ne quitte pas le public. La finesse des mouvements, la fluidité des déplacements, tout requiert un immense talent, à la mesure de la magnifique création de Christos Papadopoulos.
Mycelium - Création en septembre 2023 pour le Ballet de l’Opéra de Lyon
Du 9 au 14 septembre 2023 à l'Opéra de Lyon - Durée : 1 h
Chorégraphie Christos Papadopoulos - Assistant chorégraphique Georgios Kotsifakis
Maîtres de ballet Pierre Advokatoff, Amandine Roque De la Cruz
Musique Coti K
Interprètes Marie Albert, Jacqueline Bâby, Edi Blloshmi, Eleonora Campello, Katrien De Bakker, Abril Diaz, Jade Diouf, Alvaro Dule, Brendan Evans, Paul Grégoire, Jackson Haywood, Amanda Lana, Marco Merenda, Albert Nikolli, Leoannis Pupo-Guillen, Noëllie Riou, Anna Romanova, Raul Serrano Nuñez, Giacomo Todeschi, Kaine Ward
Lumières Eliza Alexandropoulou - Costumes Angelos Mentis
Coproduction Opéra de Lyon – Biennale de la danse de Lyon – Théâtre de la Ville de Paris
Christos Papadopoulos & le Ballet de l'Opéra de Lyon - Mycelium - Biennale de Lyon
Christos Papadopoulos & le Ballet de l'Opéra de Lyon - Mycelium, Biennale de Lyon