Burlesque et intrigante, jalonnée de mélodies sensibles ou d'échappées hystériques, la pièce de David Lescot nous entraîne dans le tourbillon d'une aventure extraordinaire.
Voici Georgia, femme et mère comblée, qui déjeune comme tous les mercredis avec son amie Axelle. Le concept du restaurant "Platitude", exposé par le fringant Jacques Verzier est à lui seul hilarant, autant que la chorégraphie inénarrable des serveurs, mais tous les textes qui suivront sont aussi un régal de l'esprit.
Alors que Georgia étale son bonheur, son téléphone lui apporte une chaîne de mauvaises nouvelles. Panique complète, batterie à plat... la malheureuse branche le câble dans la mauvaise prise et BANG ! la voici prise dans une boucle temporelle qui l'amènera à vouloir changer les moments-clés de son existence.
Ludmilla Dabo incarne brillamment cette femme qui tente de reprendre le cours de sa vie.
Propulsée pêle-mêle dans ses années d'étudiante, son enfance, ses amours, elle revit ses doutes et ses choix, espérant les corriger pour arrêter sa folle équipée dans le temps.
Les musiciens sont en fond de scène, derrière une gaze, et le décor se limite à quelques meubles à roulettes changés au gré des scènes, le temps d'une transition dans le noir. Le seul aspect irritant du procédé qui est fréquent au fil de l'histoire, ce sont les effets sonores discordants façon vieille science-fiction.
Si beaucoup de texte est parlé-chanté à la manière de Demy, il y a de beaux moment musicaux
Ainsi, Emma Liégeois donne sa voix mélodieuse à l'amie oubliée, Assia, pour « La tristesse ».
La mère divorcée de Georgia, flambeuse ruinée, chante aux huissiers "Prenez tout" dans une interprétation ahurissante de Candice Bouchet.
Pour tenir la cadence infernale du rap "GPS", Yannick Morzelle fait preuve d'une diction éblouissante.
Je dois dire que j'ai passé un temps fou sur la Toile à chercher qui chante quoi car la distribution est indiquée par ordre alphabétique sans spécifier le rôle. C'est très agaçant.
L'intérêt du propos et la qualité des interprètes font d' Une femme se déplace une belle découverte dans laquelle on rit autant qu'on est ému, jusqu'au dénouement.
On aimerait presque que la pèce fût en deux parties pour approfondir les tranches de vie les plus truculentes de Georgia.
Une femme se déplace (2019) du 25 au 27 avril 2023 au Théâtre de la Croix-Rousse - Durée : 2 h 10
Texte, mise en scène, musique David Lescot - Collaboration artistique Linda Blanchet
Direction musicale Athony Capelli Chorégraphie Glysleïn Lefever Scénographie Alwyne de Dardel Costumes Mariane Delayre Accessoires Gala Ognibene Perruques Catherine Bloquère
Son Alex Borgia Lumière Paul Beaureilles
Chant et comédie Candice Bouchet, Elise Caron, Pauline Collin, Ludmilla Dabo, Marie Desgranges, Matthias Girbig, Alix Kuentz, Emma Liégeois, Yannick Morzelle, Antoine Sarrazin, Jacques Verzier Musique Anthony Capelli (batterie), Fabien Moryoussef (claviers), Philippe Thibault (basse), Ronan Yvon (guitare)
Production Compagnie du Kaïros Coproduction La Filature – Scène nationale de Mulhouse, Théâtre de la Ville – Paris, Printemps des Comédiens, Théâtre de Villefranche-sur-Saône, Scène nationale de Sète.
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National et avec le soutien de L’ENSAD LR (École Nationale Supérieure d’Art Dramatique de Montpellier) et du Théâtre de Gennevilliers – centre dramatique national. Avec l’aide de la Spedidam et de l’Adami.
David Lescot est artiste associé au Théâtre de la Ville-Paris et au Théâtre de Villefranche-sur-Saône. La Compagnie du Kaïros est conventionnée par le ministère de la Culture – DRAC Île de France au titre des Compagnies et Ensembles à Rayonnement National et International