Rouen - Le Gros-Horloge

Le beffroi gothique abrite depuis sa construction à la fin du 14e siècle, les cloches communales et l'horloge de la ville.

Le Gros-Horloge est un pavillon de la Renaissance qui enjambe la rue, dont l'arche est richement sculpté.

L'agneau pascal, représenté au centre de l'arcade, symbolise les armes de la ville.

Les deux faces de l'arche comportent le même cadran dont l'aiguille unique pointe l'heure.

Les moutons, en frise, rappellent l'importance du travail de la laine pour la prospérité de la ville.

Au-dessus du cadran, un globe pivotant indique les phases de la lune. 

Sous le chiffre VI, la divinité qui symbolise le jour de la semaine apparaît, à midi, sur un char de triomphe.

Enfin, une fontaine Louis XV complète l'ensemble et célèbre les amours du dieu fleuve, Alphée, et de la nymphe Aréthuse (enfin... une fontaine sans eau, à vrai dire)

On visite l'intérieur par un escalier en colimaçon étroit et raide à souhait.

C'est dans des moments comme ça que je me réjouis d'être en forme et pas sujette au vertige.

Il y a tout de même de petites salles en palier qui présentent quelques points d'intérêt, objets ou panneaux d'information.

Dans l'une des salles, on peut voir le semainier, c'est-à-dire les images qui défilent sur le cadran au fil des jours.

On continue la grimpette jusqu'à la salle des cadrans dont on voit l'envers, dans un espace vide.

J'ai été perplexe qu'il n'y ait pas de mécanisme d'entraînement et je n'ai pas compris ce qu'était la sorte de maquette placée au fond.

Le manque de cartel était agaçant et, bien sûr, l'audio-guide que je me suis résolu à enclencher, totalement inutile. C'est le comble quand on sait que c'est le seul musée payant de la ville.

J'ai pris mon mal en patience, en attendant de pouvoir interroger la personne à l'accueil.

J'ai repris l'ascension vers ce qui me fascine le plus : les mécanismes. 

Il y a d'abord la salle des cloches mais tellement encombrée de poutres qu'on n'a qu'un vision partielle.

Un jour montre que nous sommes bien à l'aplomb de la salle des cadrans mais rien ne semble les relier au mécanisme qui, curieusement, présente quelques toiles d'araignées.

Un affreux doute m'envahit...

Mais je suis à côté de l'accès à l'extérieur du beffroi, donc je continue la visite avec une vue complète sur la ville.

La sortie se fait par la cour dite "aux canons" (visiblement) et je me hâte de retourner à l'entrée pour avoir l'explication de fonctionnement.

Eh bien, comme je le soupçonnais, le mécanisme est désormais purement décoratif et c'est la "maquette" dans la salle des cadrans qui est en fait un module électrique qui commande le carillon.

J'avoue que je suis un peu déçue.

Au fait, pourquoi dit-on  "le Gros Horloge" et non "la Grosse Horloge" ?

Célestine Tourtet, guide conférencière à Rouen, explique que l’histoire est liée à la transition du latin au français, et à l’évolution de la langue française même.  Il faut savoir qu’en latin il y a trois genres : masculin, féminin et neutre. Le mot horloge vient du latin horologium qui vient lui-même du grec hôrologion qui était masculin

Dans la transition entre le latin et le français, plusieurs mots, comme horloge, n’avaient pas de genre défini donc, au Moyen-Âge, on pouvait dire une ou un horloge. C’est à partir du 16e siècle qu’on a commencé à vouloir fixer les genres des mots, et c’est au 17e siècle qu’on a fixé celui d’horloge qui est devenu féminin.

On a d'ailleurs dit « la Grosse horloge » jusqu’au milieu du 20e siècle à peu près, comme on attestent des archives. Sans qu'on sache pourquoi, c’est le nom masculin qui a fini par rester.

En tout cas, cette forme a le mérite de distinguer le monument rouennais grâce à son seul nom.