Aître est un mot d’ancien français, issu du latin « atrium ». Il désigne une cour intérieure placée à l’entrée d’une maison romaine et entourée d’une galerie couverte soutenue par des colonnes. Par extension, au Moyen Âge, le cimetière, très souvent situé devant les églises, prend naturellement le nom d’aître.
L’aître Saint-Maclou de Rouen est l’un des rares conservés en Europe.
Il accueillait notamment les corps des pestiférés et les ornements sculptés figurent une danse macabre, thème artistique répandu à cette époque.
La paroisse Saint-Maclou, dans laquelle est implanté le cimetière, est intégrée à l’enceinte de la ville au 13e siècle. C’est alors une paroisse très peuplée, tournée vers l’une des activités phares de Rouen : le travail textile.
Lors de la Peste noire, le cimetière contigu à l’église Saint-Maclou devient trop petit en raison des nombreux décès. Pour pallier à son exigüité, il sera par la suite agrandi grâce à un terrain acquis à proximité.
Ainsi naît le "grand aître", la dénomination "petit aître" désignant dès lors le cimetière originel. Ce nouveau lieu d’inhumation s’étend progressivement grâce à des dons et des achats de maisons et jardins.
Au 16e siècle, la capacité d’accueil du cimetière est atteinte. Les ossements des morts, précédemment enterrés, sont exhumés et transférés pour être conservés, dans les combles de galeries afin de gagner de la place pour les sépultures suivantes.
L’aître n’est pas seulement réservé au monde des morts. Dans une ville très urbanisée comme Rouen, les espaces libres sont comptés et les cimetières constituent un espace disponible convoité. Ainsi, les charpentiers utilisent l’aître Saint-Maclou pour entreposer et travailler leurs pièces de bois ; des vendeuses de fruits y posent leur étal. L’aître sert également de repaire aux enfants du quartier et aux mendiants.
Plus tard, s'y ajoutent des écoles de charité pour les pauvres. On y enseigne la lecture et l’écriture mais surtout la religion.
Une école de garçons s’installe dans l’aître vers 1661, rejointe plus tard par une école de filles. Celles-ci apprennent à lire, écrire et travailler à la réalisation de bas et de dentelle pour des marchands de Rouen.
En 1778, un arrêté du Parlement de Normandie ordonne le transfert des cimetières hors de la ville, pour des raisons d’hygiène.
Durant la période révolutionnaire, une fabrique d’armes ainsi qu’un club de quartier s’y installent.
L'aître accueille parallèlement aux écoles et aux inhumations, des ateliers de filature manuelle qui emploient des femmes nécessiteuses. En 1803, la paroisse y aménage des réfectoires, afin de distribuer des soupes aux personnes pauvres.
De 2016 à 2020, la Métropole Rouen Normandie, devenue propriétaire de l’aître, engage un programme de travaux de reconversion.
La cour est aménagée afin de pouvoir accueillir des spectacles de plein air et le lieu accueille désormais sur 500 m² la Galerie des Arts du Feu, un centre d’exposition dédié au travail de la terre, du verre et du métal.
La pièce suivante est fascinante, d'autant qu'elle est présentée avec un variateur d'intensité de l'éclairage.
Pour obtenir cette lithophanie en biscuit, l'artiste a assemblé des bandes de porcelaines et a travaillé les lignes une à une.
Une salle pédagogique est consacrée aux techniques de travail de la terre mais je ne m'attarde pas car ce n'est pas original, à l'exception de la technologie de pointe que représente la fabrication de céramique par imprimante 3D, avec ses applications tant industrielles qu'artistiques.
La pièce suivante est une Impression 3D de céramique en porcelaine, issue d'une recherche et expérimentation à l'Ecole Nationale Supérieure d'Art de Limoges, en partenariat avec les céramistes Pierre Brêteau et Max Debeauvais du Pôle Céramique Normandie.
En sortant de la visite, j'avais l'intention de visiter l'église Saint-Maclou qui a fort belle allure.
Hélas, j'ai trouvé porte close : il s'avère que l'église n'est ouverte que du samedi au lundi et pour certaines célébration. Dommage.
Pour me consoler, je décide de trotter jusqu'au Donjon, que j'avais repéré sur le chemin, et pour lequel le trajet est plaisant.
Il s'avère que l'intérieur ne se visite pas car il est exploité par une société de jeux d'évasion.
J'aurai quand même gagné un bon rire grâce à l'hôtel mitoyen qui a une conception pour le moins étonnante de la Pucelle d'Orléans...