Un 14 juillet à la Cave des Echansons de la Croix-Rousse

Tout l'monde peut pas être de la Croix-Rousse, il en faut bien un peu d'ailleurs...

L'adage se confirme avec Laurent, un sommelier qui nous vient d'Auvergne. Joyeux et bondissant comme un farfadet, disert comme seuls peuvent l'être les passionnés, il nous a offert une belle dégustation.

Mêlant anecdotes et pédagogie, il nous a transmis gaiement tout ce qu'il sait des viticulteurs qu'il a rencontrés et dont il nous a présenté les vins dans une ambiance de grande convivialité.

J'ai appris au passage que la caudalie est l'unité de mesure d'une seconde exprimant la durée d'expression en bouche des arômes du vin et que la serviette en tissu utilisée pour le service du vin pour recevoir la goutte restant sur le goulot s'appelle le liteau.

Il m'a fallu sortir de ma zone de confort car nous avons commencé par des vins blancs qui ne sont pas ceux que je préfère. Néanmoins, pour avoir eu de bonnes surprises, je sais qu'il faut explorer.

Jérémie Huchet est vigneron en muscadet, héritier de la quatrième génération sur son domaine, mais pour son Chapeau Melon, il a renoncé à l'appellation pour travailler un assemblage de melon de Bourgogne et de sauvignon. 

Apre et court en bouche, il a cette acidité typique des vins blancs que je n'aime pas.

Le goût est quelque chose de très personnel et c'est ce qui fait la beauté de des dégustations : mes compagnes et compagnons ont apprécié ce vin justement pour ses caractéristiques de fraîcheur.

Le suivant était tout aussi curieux, à commencer par l'étiquette Sur la plage, amandonné. Oui, vous avez bien lu, et si vous avez l'air de la chanson dans la tête, cet amandonné est intrigant.

En fait, c'est ainsi qu'ils le prononcent en le chantant, avec l'accent du Langedoc, selon le vigneron Jean-Marie Rimbert, un homme de caractère qui a même dessiné l'étiquette.

Bien que son domaine soit à Saint-Chinian, ce vin blanc n'en a pas l'appellation car il a expérimenté, sur son sol de schiste, un cépage colombard venu de Charente .

Le nez est saisissant de sauge sclarée (ou de pamplemousse, selon vos repères olfactifs) avec une longue présence en bouche grâce au sol de schiste qui lui donne de la charpente, et sans excès d'acidité.

Nous avons terminé sur un vin rouge de Corbières, Les Pipelettes, le vin rouge qui fait parler... préparé avec trois cépages : Cinsault,  Syrah et Grenache.

Le domaine Sainte Marie des Crozes est au coeur du terroir de l'Alaric, à Douzens, en Languedoc. Entourées par la garrigue, les vignes sont plantées à flanc de montagne, sur des sols argilo-calcaires.

L'héritier du domaine, Bernard Alias, a choisi de pratiquer la viticulture bio. C'est l'occasion pour Laurent de nous expliquer la méthode employée et d'évoquer en outre le retour chez certains du concept ésotérique de biodynamie.

Du fait de la chaleur qui règne ce jour, et bien que le vin soit rafraîchi, le nez est un délicieux arôme de bretzel fraîchement cuit, dans lequel je n'ai pas trouvé la touche de framboise annoncée. 

Les tanins sont bien présents, avec une pointe d'amertume, sur la longueur, mais en finesse.

Alors que nous étions sur le départ, une femme est entrée dans la boutique en disant "Tous les chats sont gris".

Laurent s'est immédiatement penché sur un casier pour en sortir une bouteille et c'était comme assister à un jeu d'espion !  Dans  un fou rire, nous avons échangé d'improbables phrases cryptiques en nous demandant ce que nous vaudraient "Les chiens jouent au yoyo" ou "Le canard est sur le toit".

En donnant sur sa page un mot de passe associé à un vin secret, Laurent pourrait lancer la surprise du mois !