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Baronne Samedi

Broutilles paraissant le crésudi

Le Messie - Händel/Warner - Opéra de Lyon

Publié le 2 Janvier 2022 par Baronne Samedi in Art et spectacles, Musique, Opéra de Lyon

Georg Friedrich Händel représente de nos jours l'apogée de la musique baroque, aux côtés de Bach, Vivaldi, Telemann et Rameau. Son oratorio, le Messie, est considéré comme le chef-d'œuvre du genre. Inspiré de textes de l’Ancien et du Nouveau Testament adaptés en anglais par le librettiste Charles Jennens, l'oratorio  célèbre  la vie du Christ en trois parties :

  • Annonciation et naissance
  • Passion et résurrection
  • Rédemption
Georg Friedrich Haendel en 1741 - Thomas Hudson

Georg Friedrich Haendel en 1741 - Thomas Hudson

Ecrite pour orchestre et chœur, avec cinq solistes (soprano, mezzo-soprano, contralto, ténor et basse), l'oeuvre comprend une ouverture, une sinfonia pastorale et 51 récitatifs, airs et chœurs, donc le célèbre Alléluia.

Toutefois, Händel a dirigé de nombreuses fois le Messie, adaptant souvent l'œuvre aux circonstances. Dans la version présentée ici, ce sont quatre solistes et non cinq, qui se partagent les airs.

© Stofleth

© Stofleth

Le Messie n’avait pas été pensé pour la scène par Händel, mais l'Opéra de Lyon présente la vision de la Britannique Deborah Warner, réalisatrice et metteuse en scène de théâtre et d'opéra, première femme à s'être vu confier la direction d'une production dans la salle principale du Royal Shakespeare Theatre.

Dans ses propos recueillis par Rupert Christiansen, elle explique:

«Je peux comprendre les doutes que l’on peut avoir sur la nécessité de mettre en scène un oratorio comme Le Messie, mais je remarque que Haendel avait vingt-cinq ans d’opéra derrière lui lorsqu’il avait composé son oratorio [...]. Il s’attendait à ce qu’il soit représenté et non pas seulement chanté. [...] je ne souhaite pas détourner l’attention de la musique, et je veux que ce que nous faisons soit ouvert et laisse assez d’espace pour que chacun, selon son imagination, puisse donner sa signification.»

Son pari est réussi puisque c'est une ovation qui a salué la représentation de ce soir, avec un public applaudissant debout.

© Stofleth

© Stofleth

Pour ma part, c'est plus mitigé, car la musique m'aurait suffi. Les projections de scènes de foule et trafic routier en accéléré sont envahissants, tout comme les danseurs qui pirouettent en hip-hop ou les allées-venues constantes des choristes et solistes, en vêtements de ville informels.

Heureusement, le mélange de thèmes sacré et profane fonctionne, comme ce lit d'hôpital tantôt en maternité, pour la Nativité, tantôt en soins terminaux après la Passion.

Le Messie - Händel/Warner - Opéra de Lyon

Du fait de la virulence du variant omicron du coronavirus, tous les artistes ont chanté masqués, sauf en de très rares occasions où un.e soliste était isolé.e sur scène.

Pour le coup, il m'aurait paru judicieux de modifier la mise en scène en limitant les rapprochements car le port du masque a lourdement pesé sur certaines performances. Il faut saluer le courage des artistes car le chant baroque requiert une activité respiratoire larynx/pharynx hors du commun pour l’étendue requise, dépassant notablement l’ambitus naturel.

Ce n'était pas marqué pour les choeurs, heureusement, qui constituent l'essentiel de l'oeuvre. Ainsi, grâce à l'excellence de ceux de l'Opéra de Lyon, je me suis régalée avec For unto us a child is born et l'Alléluia.

En revanche, le ténor d'Allan Clayton était faible ; quant au baryton/basse de Christopher Purves, dont le talent éclatait récemment dans "Falstaff", il manquait clairement d'air dans la dernière partie, avec des vocalises chancelantes.

Christine Rice nous a offert une belle rondeur d'alto, en particulier dans But who may abide, malgré les notes les plus graves entravées. 

C'est Anna Devin qui a le mieux surmonté le masque, avec un soprano brillant et de beaux mélismes dans Rejoice greatly et dans le duo He shall feed his flock.

© Stofleth

© Stofleth

Au regard des conditions sanitaires, l'Opéra de Lyon a fait le choix courageux de ne pas annuler la représentation et, pour le coup, la mise en scène foisonnante a eu le mérite de compenser les difficultés causées aux solistes.

A Richard Brunel, directeur depuis septembre dernier, qui nous a présenté ses voeux en début de spectacle, nous souhaitons la réussite de tous ses projets de développement pour continuer de nous enchanter.

Le Messie - Händel/Warner - Opéra de Lyon

Le Messie Oratorio  HWV 56, 1742 - Livret de Charles Jennens
Reprise de 2012 – Création à l’English National Opera - Coproduction English National Opera
Compositeur  Georg Friedrich Händel

Direction musicale Stefano Montanari
Mise en scène Deborah Warner - Chorégraphie Kim Brandstrup
Décors Tom Pye - Vidéo Lysander Ashton (59 Productions)
Lumières Jean Kalman

Soprano Anna Devin - Alto Christine Rice
Tenor Allan Clayton - Basse Christopher Purves

Orchestre, Chœurs et Maîtrise de l’Opéra de Lyon
Chœur d’habitants de la ville et de la Métropole de Lyon

Cheffes des Chœurs Elena Mitrevska et Karine Locatelli

Durée 3h15 dont entractes - Langue anglais surtitré en français

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