Malte - La Valette : première balade

Je prends mes quartiers dans un hôtel délicieux, sans me hâter, car la chaleur porte à l'indolence...

Comme les musées nationaux sont déjà fermés, je flânerai dans la ville pour me familiariser avec son plan et son architecture.

Je commence par une vue sur la mer, puisque mon hôtel est à deux pas, puis je trotte de ruelles en escaliers car la ville est toute en pentes.

L'étroitesse des rues est un avantage car elle donne beaucoup d'ombre, par ailleurs le plan de la ville est en damier ce qui compense chez moi la tragique absence du sens de l'orientation...

Les "Barraka gardens" ne sont pas la débauche de verdure que j'espérais mais quelques massifs sur la terrasse d'un bastion : l'intérêt réside surtout dans la vue panoramique sur le Grand Port.

Il y a huit bâtiments dits "auberges" qui sont devenus des lieux institutionnels. Ces auberges abritaient autrefois les chevaliers de l'Ordre du Temple, répartis par langue/pays d'origine. 

Par exemple, l'auberge de Castille, de León et du Portugal est aujourd'hui le siège du Premier Ministre de Malte.

L'axe central de la Rue de la République est une horreur de difformité causée par le tourisme donc je fais de mon mieux pour enquiller les rues plus petites, pour aller du sud où se situe mon hôtel vers le nord, où se trouve le fort St Elme.

Je passe néanmoins par la place San Gorg où se trouve le palais du Grand Maître (en maltais Palazz Maġistrali, Palazz tal-Belt ou simplement Il-Palazz) construit à partir de 1572 sur l'ordre de Jean L'Evesque de La Cassière à la suite du Grand Siège de Malte par les Ottomans. Il sert aujourd'hui de résidence au président de Malte.

Outre la couleur orangée de la pierre et la quantité extraordinaire d'oriels, j'ai été frappée par les nombreux ornements religieux en fond d'impasse ou à côté de portes de maison : niches, médaillons, statuettes...

J'apprécie de m'éloigner du centre consacré aux bars et restaurants qui sont essentiellement des pubs et des cafés servant des "tapas maltais" et autres "tartines de saumon" (aaaaargh!).

Le fort St Elme est fermé à la visite mais de toute façon, le Musée de la Guerre ne me tentait pas, alors je profite de la vue.

En repartant vers le sud, je vois au loin de petites cahutes et je cherche le moyen de les rejoindre : je meurs de soif et la perspective d'une boisson fraîche au bord de l'eau me fait frétiller !

La désillusion est à la mesure de l'espoir : ces cabanons sont des lieux privés où se prélassent les habitants, de même qu'ils occupent certains lieux d'entreposage transformés en résidences balnéaires, quand ils pêchent ou se baignent.

D'ailleurs je marche trèèèès lentement car j'ai enfin l'occasion d'entendre parler le maltais... et constater par la même occasion que je n'y comprends rien. Le mélange arabe/sicilien est très surprenant à l'oreille. Je n'aurais jamais pu l'identifier spontanément.

Le Siege Bell Memorial est un édifice constitué d'une tour de pierre calcaire contenant une cloche de 10 tonnes de bronze. Il a plus particulièrement été bâti en l'honneur des 7000 militaires en service et civils ayant perdu la vie au cours de la Seconde guerre mondiale.

Il commémore par ailleurs la victoire des forces alliées durant le deuxième siège de Malte de 1940 à 1943.

Le portrait suivant n'est pas religieux. Né et élevé dans l'extrême pauvreté et l'analphabétisme, Dimech (1860 - 1921) passa beaucoup de temps en prison où il put étudier et se révéler doué pour les lettres.

Enfin libéré, il s’engagea dans une vie publique énergique visant à une transformation globale de la société dans laquelle les pauvres et les réprouvés se verraient attribuer une place légitime en tant que citoyens d'une république libre. Ayant subi les foudres des forces politiques dominantes et des classes privilégiées, Dimech fut exilé en Egype où il mourut et fut inhumé dans une tombe non identifiée.

Il a également une statue sur la place de Castille.

La quête fut longue pour trouver un endroit où dîner, espérant vainement un "restaurant maltais traditionnel". J'ai ensuite ramené mes prétentions à la baisse en cherchant au moins à éviter les burgers et autres tapas.

Alors que je désespérais, je suis tombée par hasard, au détour d'une ruelle,sur un restaurant  ravissant, où j'ai été dorlotée puisque j'étais la seule cliente.

Il s'appelle "N'duja", soit "Andouille" du nom d'une spécialité calabraise, mais étant végétarienne j'ai opté pour des pâtes fraîches au gorgonzola et aux noix, accompagnées d'un verre de nero d'avola, un vin rouge de Sicile que m'a conseillé fort judicieusement le patron.

Pour finir, je me suis régalée d'un délicieux canolo, avant de rentrer à l'hôtel, dans un barouf infernal car il y a plein de concerts dans les rues, et ce soir une animation DJ dans les Barraka gardens.