La société holmésienne suisse The Reichenbach Irregulars fête cette année ses 30 ans, avec un joli programme international de conférences et balades.
Le symposium "Dark deeds in the Canon" sera entièrement axé sur les aspects les plus sinistres des aventures de Holmes et Watson.
Les premières conférences ont démarré dès notre arrivée à 17 h, à l'hôtel Panorama de Meiringen.
Marcus Geisser, BSI, RBI, nous a présenté "From British gas men to rats, spiders, snakes and tigers: hovering over the great cesspool of villains in the Canon”.
Dans un premier temps, il a souligné la quantité étonnante d'imagerie animale utilisée par Watson dans ses récits, comme métaphore ou comme description de personnages : paon, ours, serpent, loup, chat, rat, boeuf, tigre, lapin, requin bulldog, oiseau de proie, chien de chasse, agneau, poule, cobra, goujon, furet...
Il a enchaîné avec une typologie des méchants dans le Canon, qui s'avèrent être majoritairement guidés par la cupidité, puis par la vengeance, puis la volonté de pouvoir, le reste se partageant entre espions et escrocs mineurs.
Son humour pince-sans-rire a été une bonne introduction à celui de Peggy Perdue.
Peggy Perdue, MBt, BSI, vit à Toronto, au Canada, où elle dirige le département des collections spéciales de la bibliothèque publique de Toronto, qui abrite la collection Arthur Conan Doyle.
Dans son exposé, “Moriarty: the sum of our fears”, elle s'est penchée avec beaucoup de malice sur les leviers utilisés par Arthur Conan Doyle pour faire de Moriarty, le "Napoléon du Crime", un homme effrayant.
Le nom déjà, serait effrayant pour contenir MORiarTy (il faut dire que Peggy est polyglotte...).
Ensuite, le patronyme a un résonance irlandaise, à une époque où les nationalistes irlandais menaient des actions violentes pour réclamer l'indépendance, créant une xénophobie marquée dans l'empire britannique.
Le regard et les mouvements de tête de Moriarty sont décrites comme rappelant ceux d'un serpent, propres faire frémir ceux qui souffrent d'ophiophobie, ainsi que d'arachnophobie quand le professeur est décrit comme une araignée sur sa toile.
Et ce n'est sans doute pas un hasard si les chutes du Reichenbach susciteraient chez beaucoup une acrophobie aiguë.
Lors de ses études, Arthur Conan Doyle avait fréquenté Stonyhurst College, en même temps que deux frères irlandais appelés Moriarty qui remportèrent des prix de mathématique.
Sachant que nombreux sont ceux qui souffrent d'arithmophobie, il était somme toute logique de faire du terrible Moriarty un génie des mathématiques.
Peggy a ensuite cherché à démontrer que la Suisse était en soi un contexte terrifiant pour l'affrontement final mais après avoir inventorié les vaches, les costumes traditonnels, la fondue et chalets, force a été de reconnaître que rien ne suscite l'effroi... pas même le couteau suisse.
Pour finir, nous avons entendu Julie McKuras, ASH, BSI, d'Apple Valley, Minnesota, USA, membre des Norwegian Explorers of Minnesota et des Friends of the Sherlock Holmes Collections at the University of Minnesota.
Avec son exposé "A Singular Set of Women; Heroin, Victim, Accomplice or Villain?" Julie a fait un tour d'horizon des femmes impliquées dans les aspects sombres du Canon, soulignant que selon les points de vue, certaines méchantes pouvaient aussi être vues comme des victimes qui se défendaient.
Au passage, elle a mentionné qu'après tout on ignore si le Chien des Baskerville n'était pas une Chienne, et que le sexe de la terrible Crinière de Lion (Cyanea capillata) pouvait être tout à fait mâle...
En clôture de cette première journée, Panos Perreten, directeur de l'hôtel, nous a offert un joli discours sur l'aspect international de la rencontre puis un pot, sous un soleil radieux, avant le dîner. Les gros nuages ne faisaient que passer et ce fut un plaisir de profiter de la vue.