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Baronne Samedi

Broutilles paraissant le crésudi

Le Retour d'Ulysse - Monteverdi / Pierlot / Kentridge / Handspring Puppet Company

Publié le 29 Mars 2019 par Baronne Samedi in Art et spectacles, Musique, Opéra, Théâtre, Lyon

L'opéra de Monteverdi, tiré de la seconde moitié de l'Odyssée d'Homère raconte comment, après son long voyage de retour de la guerre de Troie, Ulysse, roi d’Ithaque, rentre enfin dans son royaume où il découvre que des prétendants ambitieux importunent la fidèle reine Pénélope. Avec l'aide des dieux, de son fils et de son ami, sans oublier sa ruse légendaire, Ulysse triomphe des prétendants et récupère son royaume.

L'oeuvre du compositeur est classée parmi les premiers opéras modernes,  grâce à l'utilisation de formes  telles qu'arioso, duo et ensemble,  aux côtés du récitatif de style plus ancien.

De ce monument de 3 heures, William Kentridge a tiré en 1998 une jolie version condensée, centrée sur les parties chantées et le couple mythique.

Le héros, sur son lit de mort, revit une dernière fois, en songe, les aventures  qui ont fait de lui un héros grec. Le rêve est matérialisé par la Handspring Puppet Company.  

Née en 1981, la compagnie sud-africaine doit sa renommée internationale à sa collaboration avec William Kentridge, l’artiste-metteur en scène dont le travail graphique représente l’arrière-plan émotionnel de l’action interprétée par de grandes marionnettes, dont les bras et le cou sont articulés.

Le Retour d'Ulysse est leur seule mise en scène d'opéra

Le Retour d'Ulysse - Monteverdi / Pierlot / Kentridge / Handspring Puppet Company

Sur la scène, une estrade en demi-cercle reçoit les musiciens du Ricerca Consort et leurs instruments anciens. Derrière et devant eux, au gré de la mise en scène, passent chanteurs et marionnettistes.

En fond, sur un écran, défilent en noir et blanc des  figures et paysages que les traits de fusain de Kentridge font apparaître, disparaître ou se métamorphoser. 

Est-ce parce qu'Ulysse arrive au terme de sa vie que parmi les dessins pêle-mêle se glissent de l'imagerie médicale ?

©Jean-Pierre-Maurin-2019

©Jean-Pierre-Maurin-2019

Les marionnettes retranscrivent bien que les humains sont les jouets de caprices divins. Pour autant, elles sont émouvantes car manipulés chacune par un duo chanteur ou chanteuse/marionnettiste.

En symbiose, elles semblent respirer, s'offusquer, s'attrister... Les mains humaines doublant les mains de bois affinent les gestes pour saisir un coffret, ou tendre l'arc.

©Jean-Pierre-Maurin-2019

©Jean-Pierre-Maurin-2019

Si le début, consacré à Pénélope est tout en nostalgie solennelle,  l'épreuve de tir à l'arc est un grand moment de comédie qui souligne le talent de tous à faire vivre le récit.

Alexandre Pradier, bien que souffrant, a tenu le double rôle d'Ulysse et la Fragilité humaine, et son timbre abîmé  était pour le coup totalement de circonstances.

Beth Moxon avait une voix aussi timide que la douce Pénélope qu'elle incarnait, à l'opposé d'une Henrike Henoch au timbre clair et solide, à l'image des Minerve et Amour triomphants.

La piquante Beth Taylor portait trois rôles dont deux sopranos, et son contralto s'est étendu jusque là pour donner vie à La Fortune et Mélantho comme à Amphinomos, avec beaucoup d'allant. 

Stephen Mills a mis son ténor au service de Jupiter et Eumée, tandis qu' Emanuel Heitz donnait vie à Télémaque et Pisandre. 

Le Temps, Neptune et Antinoos se sont exprimés par la basse très nuancée d'un Matthew Buswell inspiré.

S'il est surprenant de voir une production de l’Opéra de Lyon sur la scène de la Maison de la Danse, il est indéniable que ce spectacle est une réussite où qu'il se produise. 

 © John Hodgkiss

© John Hodgkiss

Du 29 mars au 3 avril 2019 à la Maison de la Danse de Lyon

Le Retour d'Ulysse (Il Ritorno d’Ulisse in patria) - Opéra en un prologue et cinq actes, 1640
Musique  Claudio Monteverdi -  Livret   Giacomo Badoaro

 

Direction musicale Philippe Pierlot
avec l'ensemble Ricercar  Consort sur instruments d’époque et les solistes du Studio de l’Opéra de Lyon

Ulysse (ténor)/La Fragilité humaine (contralto) Alexandre Pradier
Pénélope (soprano)  Beth Moxon (soprano)
Amour/Minerve (soprano) Henrike Henoch (soprano)
La Fortune (soprano)/Mélantho (soprano)/Amphinomos (contralto)  Beth Taylor (contralto)
Jupiter/Eumée (ténor)  Stephen Mills
Télémaque/Pisandre (ténor)   Emanuel Heitz
Le Temps/Neptune/ Antinoos (basse) Matthew Buswell

 

Mise en scène William Kentridge / Handspring Puppet Company
Décors, costumes et création des marionnettes Adrian Kohler

Production (1998) La Monnaie / De Munt - Bruxelles, Handspring Puppet Company - Le Cap, Wiener Festwochen - Vienne, Kunsten FESTIVAL des Arts - Bruxelles, avec le soutien du gouvernement flamand. Production (2016) Quaternaire - Paris, Asia Culture Center – Asian Arts Theatre - Corée du Sud, The Lincoln Center’s White, Light Festival - New York, Musikfestspiele, Sanssouci und Nikolaisaal - Potsdam. En partenariat avec la Maison de la Danse et l’Opéra de Vichy. Production Opéra de Lyon

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