Aujourd’hui, profitant du soleil toujours radieux, j’ai longuement marché vers le nord de la ville, pour visiter Stokes Croft, avec des escales quand j’ai repéré des fresques et graffiti qui n’ont pas droit de cité dans Harbourside ou St Nicholas.
Il faut parfois bien lever les yeux et faire demi-tour pour voir la rue recto-verso...
A la base, Stokes Croft est le nom d'une route couplée avec l'A38, au nord du centre-ville mais il s’applique aussi de manière informelle à ses alentours. Ravagé par les bombardements, puis par un plan d’élargissement de l’A38, le secteur était très mal en point.
A partir de 2006, avec une subvention du Heritage Lottery, le conseil municipal de Bristol a cherché le moyen de remédier au déclin de l'activité économique et de la qualité de l'environnement qui aggravaient les problèmes sociaux depuis les années 1970.
On trouve à Stokes Croft l'école de musique BIMM et l'un des plus anciens magasins d'instruments de musique de Bristol.
En 2011, une manifestation contre l'ouverture d'un supermarché Tesco sur Cheltenham Road s'est transformée en émeute après des tactiques policières autoritaires.
L’enquête a suggéré que la frustration envers le nouveau magasin était liée à d'autres tensions locales provoquées par des années de mauvaise gestion financière par le conseil municipal de Bristol.
Un groupe de militants et d'artistes, sous l’appellation République populaire de Stokes Croft (PRSC), cherchent à revitaliser le quartier à travers l'action communautaire, l'art public, la contre-culture et une vie nocturne alternative.
Le quartier compte des clubs tels que le Croft, le Lakota et le Blue Mountain.
A la jonction de Stokes Croft et Jamaica Street la fresque, "The Mild Mild West", peinte dans les années 1990 par Banksy a été classée au patrimoine alternatif, en 2007.
La visite a été un choc : je ne savais plus quoi penser. De jolis bâtiments anciens sont à l’abandon et d’autres, à peine salubres; sont squattés.
Par endroit, les détritus et les ruines donnent l’impression d’être en zone de guerre. On croise, titubant ou affalés par terre, des drogués et des alcooliques.
Pour autant, il règne aussi une ambiance bon enfant et certaines créations sont plutôt amusantes.
Entre deux ruines, on voit apparaître de coquets petits cafés et commerce. Faire du quartier une référence de la peinture de rue lui a donné un attrait touristique qui ouvrira peut-être la voie à une réelle amélioration des conditions de vie.
C’est d’ailleurs l'évolution de tous les quartiers défavorisés quand l’hyper-centre est saturé.
Stokes Croft a bien le profil des quartiers qui attirent les bourgeois-bohèmes, et c'est plutôt un bien à condition de garder la mixité sociale qui fait l'âme d'un quartier.
J'ai une surprise en arrivant à la lisière nord du quartier. Cheltenham road se termine sur une pimpante chapelle et, surtout, le jardin sauvage d'un/e sacrée/e veinard/e...
Après quatre heures à arpenter les rues sous un soleil de plomb, je décide de retourner à l'hôtel pour me délasser un peu avant d'aller manger un morceau.
Une fois ressortie, je découvre qu'à 20 h, une grand partie des promeneurs est déjà ivre. Plein d'hommes se promènent en tenue de plage alors qu'à l'inverse, les femmes sont exagérément apprétées : maquillage à la truelle, formes boudinées dans du lycra, étalage exagéré de chair qui pourrait être troublante sans les tatouages sans goût ni grâce éparpillés sur les cuisses, les mollets, les chevilles et les bras.
Je tiens tout de même à dire que les Bristoliens sont sympathiques et accueillants. C'est uniquement leur style vestimentaire que je trouve consternant.
Parallèlement à ça, il y a beaucoup de pauvres hères en quête d'aumône, ce qui entache fortement cette illusion d'une ville en fête.
Après ça, je n'ai pas le coeur d'aller dîner quelque part. Je vais chercher un en-cas dans une épicerie et distribue le reste de l'argent aux mendiants sur le trajet de retour à l'hôtel.