Etant donné le beau soleil, je me suis empressée de prendre le train pour la gare de Kaiseraugst d'où, en 10 mn à pied, on rejoint Augusta Raurica, une ancienne ville romaine fondée en 44 av. J.C. par un général de César.
C'est à une dizaine de kilomètres, avec une desserte fréquente : à l'aller comme au retour, à peine ai-je pris mon billet que le train s'annonçait au départ. Pour citer John "Hannibal" Smith : "J'adore quand un plan se déroule sans accroc !".
C'est une promenade agréable, aménagée de manière didactique, et même si j'ai déjà vu mon lot de romaineries, j'ai pris plaisir à flâner.
L'industriel bâlois René Clavel-Simonius eu la bonne idée de faire construire une maison romaine reconstituée d'après les vestiges trouvés sur place et les connaissances archéologiques.
Le péristyle dessert les diverses parties de la maison, pour la plupart joliment ornées, ainsi que des ateliers. A l'entrée se trouve le laraire.
Curieusement, on trouvait des latrines... dans la cuisine : on évacuait ainsi les déjections avec les eaux usées.
Les chambres étaient simples et fonctionnelles, avec un métier à tisser pour la chambre de femme. J'ai un doute quant à l'absence d'un lit double dans au moins une des chambres...
La salle de bains, par contraste, est somptueuse, avec plusieurs pièces.
Une salle à manger/salle de jeux complète le tout.
Un petit musée jouxte la maison, qui sert principalement à exposer le clou des découvertes.
58 kg d’argent pur, façonné en 270 objets, pièces et lingots : le trésor d’argenterie d’Augusta Raurica est l’un des des plus importants de l’Antiquité tardive.
Ses propriétaires étaient des personnalités de haut rang. Chez les Romains, il était d'usage pour les riches de distribuer de précieux cadeaux, pour s'assurer de la loyauté des subordonnés ou renforcer des liens d'amitié.
En plus des dons privés, le trésor renferme des dons de l’empereur lui-même.
Le trésor était déjà pour l’époque d’une très grande valeur : il correspondait à la paye annuelle de 230 légionnaires. Le tout appartenait à un, voire peut-être deux, officiers de l’armée. Vers 351 apr. J.-C., ces derniers l’enterrèrent au pied du Castrum Rauracense, par mesure de précaution dans un contexte où les luttes internes pour le pouvoir se faisaient sentir et face à la menace des peuples germaniques. Le trésor ne refit surface que lors de travaux de construction, en 1962.
Amulettes, biberons, bijoux, figurines, jouets etc. constituent une petite présentation sur le thème de l'enfance destinée aux scolaires qui pullulent sur le site.
En sortant du musée, on trouve le théâtre au pied duquel est fort judicieusement installée une buvette, où je reprends des forces avant de continuer la visite.
En divers endroits sont installées des jumelles qui s'avèrent être des visionneuses montrant le site tel qu'il était. L'astucieux procédé donne vie aux vestiges.
Il a aussi des cartels ou des images pour expliquer ce que l'on voit. Par exemple, les thermes ou un sytème de chauffage par le sol (hypocauste).
En revanche, les mosaïques ne valent pas le déplacement...
En quittant le site, on peut voir une maison à deux étages qui fut détruite par un incendie et que les décombres avaient préservée.
Le rez-de-chaussée était directement accessible depuis la rue. Le four entièrement conservé et le foyer servaient à la cuisson de mets, probablement vendus aux passants. La pièce servait en outre d'atelier et de logement. Le laraire contenait deux Mercure, une Minerve et un nain.
L'étage pouvait être une taverne.
Le temps se gâte et il est temps de rentrer à Bâle, tout en notant que Pâques est du sérieux dans le coin et que la nature est bien jolie...