Pau s'enorgueillit d'avoir vu naître Henri IV, roi Bourbon qui fut le premier souverain à réunir les couronnes de France et de Navarre, et à porter un titre qu'il transmettra à ses successeurs.
La stature d'Henri IV a eu une conséquence décevante sur le château.
En effet, soucieux de se rattacher à son glorieux ancêtre Bourbon, Louis-Philippe, roi des Français, a fait entièrement recréer l'intérieur dans l'esprit Renaissance et néo-gothique, avec des tapisseries et du mobilier répondant au souci du confort et de l'étiquette d'une cour royale du XIXe siècle.
Cette statue du bon roi Henri est une véritable curiosité. Sa noblesse semble toute entière coulée dans le bronze et pourtant... grâce au guide du château qui l'a tapotée, j'ai appris qu'elle est faite, en réalité, de carton-pierre !
C'est un mélange de colle et de craie ou d'argile, à rapprocher du papier mâché, en plus solide. On l'utilise principalement pour faire des moulures mais le procédé, bon marché, a permis de réaliser de nombreux exemplaires de cette statue dont seul a subsisté celui-ci.
La naissance d'Henri IV ne manque pas de piquant : sa mère Jeanne d'Albret, aurait accouché en public et en chantant une vieille chanson béarnaise, Nouste Dame deu cap deu poun (Notre-Dame du bout du pont), censée lui donner du courage et un fils.
Voyant l’enfant, son grand-père s’en serait saisi pour s’écrier en riant : « Il est à moi !... Il est à moi ! ». Puis, l’ayant amené dans sa chambre, il lui aurait frotté les lèvres d’ail et lui aurait ensuite fait humer une coupe emplie de vin de Jurançon. Voyant l’enfant réagir vivement, il se serait alors écrié : « Tu seras un vrai Béarnais ! ».
Dans la tradition des cabinets de curiosité, c'est une carapace de tortue marine, qui lui aurait servi de berceau.
Objet emblématique du château de Pau, le berceau-carapace occupe une place de choix au coeur du palais restauré sous la Monarchie de Juillet. Elle a été dotée en 1822 d'un décor guerrier qui évoque les hauts faits d'armes d'Henri IV.
Les étendards aux lis de France et chaînes de Navarre rappellent que le roi Bourbon fut le premier souverain à réunir les deux couronnes et à porter un titre qu'il transmettra à ses successeurs. Redécouvert au XVIIIe siècle, le berceau-carapace devait être l'objet d'un véritable culte jusqu'à la Révolution française, où il ne fut préservé que grâce à un subterfuge.
Ce berceau légendaire témoigne bien de l'aura particulière qui entoure le personnage d'Henri IV.
Le château n'est visible qu'avec un guide dont la verve fait durer l'expérience deux bonnes heures, aussi avant d'enchaîner sur le musée des beaux-arts, je prends le temps d'un agréable déjeuner au Vintage café, dont le nom improbable ne rend pas justice à sa cuisine soignée.