L’Ensemble Céladon, mené par le contre-ténor Paulin Bündgen, explore le répertoire de la musique ancienne, des chansons de troubadour à la naissance du baroque.
Sortant des sentiers battus, ils nous ont présentés ce soir No Time in Eternity, un concert mêlant des compositions commandées à Michael Nyman et des "consort songs" élisabéthaines, ces chansons anglaises typiques de la fin du 16e siècle écrites pour une ou plusieurs voix, et accompagnées d'instruments, principalement de violes de gambe.
Comme le souligne Paulin Büdgen : "Bien souvent eux-mêmes poètes, les musiciens de la Renaissance anglaise attachaient une importance toute particulière au texte. Dans ces compositions pour violes et voix, c’est à cette dernière que revient de prolonger l’émotion portée par le concert de violes."
Michael Nyman avait écrit le Self-Laudatory Hymn of Inanna and Her Omnipotence, sur un poème sumérien dédié à la déesse Ishtar. Cette oeuvre d’une quinzaine de minutes complète les cinq Songs for Ariel qui ponctuent le concert classique. Celles-ci, plus intimes, composées en 1991 pour le film de Peter Greenaway, Prospero’s Books, sont arrangées ici pour contre-ténor et violes de gambe.
La voix de Bündgen est le fil conducteur. Envoûtante dans les "consort songs", elle est mise à rude épreuve avec les partitions de Nyman, tirant la tessiture vers le bas. En outre, quand les passages répétitifs caractéristiques du compositeur restent séduisants, les dissonances délibérées font parfois regretter les écritures plus classiques.
Si l'expérience musicale est intéressante, la mise en scène ne la sert pas au mieux. Ainsi, la voix féminine hors champ qui déclame parfois des passages de La Tempête ou la mise en français des textes poétique est par trop juvénile. En outre, alors que la scène est dans une pénombre ambrée très enveloppante, on subit périodiquement une douloureuse rampe de néons blancs, le meilleur moyen de gâcher la rêverie.
Il n'en reste pas moins que l'Ensemble Céladon et Paulin Bündgen ont fait preuve d'un grand talent et que ce spectacle a été l'occasion de les découvrir.
Interview de Paulin Bundgen | No Time In Eternity
Interview réalisée avec Paulin Bundgen, contre-ténor et directeur musical de l'Ensemble Céladon qui présente le concert "No Time In Eternity" au Théâtre de la Croix-Rousse le 28 septembre 20...
Pour ce qui est de Michael Nyman son dynamisme et son éclectisme se révèlent dans cette anecdote : il aurait trouvé sa voie artistique en jouant l'aria Madamina, il catalogo è questo de Don Giovanni, au piano, à la manière de... Jerry Lee Lewis.
Pour mémoire, le Théâtre de la Croix-Rousse avait présenté, en 2015, son opéra L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau.
Full fathom five - Michael Nyman (Songs for Ariel – texte de Shakespeare)
Prepare to die - Nathaniel Patrick
While you here do snoring lie - Michael Nyman (Songs for Ariel – texte de Shakespeare)
Where the bee sucks there suck I - Michael Nyman (Songs for Ariel – texte de Shakespeare)
Eliza, her name gives honour - John Bennet
Before you can say come and go - Michael Nyman (Songs for Ariel – texte de Shakespeare)
Sacred muses, race of Jove - William Byrd
No Time In Eternity - Michael Nyman - création 2016 (poèmes de Robert Herrick)
In Nomine - Picforth
Send forth thy sighs – Nathaniel Patrick
O Jove, from stately throne - Richard Farrant
Come unto these yellow sands - Michael Nyman (Songs for Ariel – texte de Shakespeare)
In Nomine - Christopher Tye
Self-Laudatory Hymn Of Inanna And Her Omnipotence - Michael Nyman
Consort Songs élisabéthains et œuvres de Michael Nyman | avec Paulin Bündgen contre-ténor et direction musicale ensemble Céladon : Catherine Arnoux , Liam Fennelly , Viviana Careaga-Gonzalez , Luc Gaugler , Nolwenn Le Guern violes de gambe | conception visuelle Félicie d'Estienne d'Orves | stylisme Agathe Trotignon | arrangements musicaux Songs for Ariel Caroline Huynh-van-Xuan | textes d'après La Tempête de William Shakespeare, voix off et regard extérieur Gilles Pastor | création lumières Jean-Cyrille Burdet | voix off Alizée Bingöllü | régie plateau Olivier Higelin | régie lumières Stéphanie Gouzil | avec le concours de KastôrAgile | traduction Francis Guinle