Ce matin, j'ai quitté les hauteurs du Monteverde. Depuis mon arrivée au Costa Rica, du fait de l'altitude, j'ai connu des nuits plutôt fraîches. En revanche, pour la même raison et aussi parce que nous sommes en saison sèche, je n'ai pas eu à affronter de moustiques.
Le parc national inclut des coulées de lave des éruptions passées et un lac formé en 1974 par un barrage hydro-électrique.
53 % des espèces d'oiseaux y sont représentés et la flore est luxuriante. L'endroit est donc propice à l'observation de la canopée, aux sports d'aventure et à la détente aussi grâce aux eaux thermales.
Départ à 8 h en navette, pour rejoindre les bords du lac que l'on traversera en bateau.
La route est épouvantable, avec des ornières très grandes et profondes que le chauffeur doit contourner. Le mini-bus n'est pas vraiment le meilleur véhicule pour ça.
Sur le trajet, nous passons entre deux éoliennes, c'est très impressionnant. A ce moment, le temps s'assombrit et le terme "forêt nuageuse" prend tout son sens.
Au bout d'une heure et demie, c'est l'escale bienvenue dans un troquet où le chat de la maison est très amical :
J'essaie le tamal de maizena qui est tout simplement un flan à base de fécule de maïs, traditionnel ici, et très bon.
Puis c'est reparti sur une route d'autant plus cahoteuse que le mini-bus semble dépourvu de suspensions.
Le temps est frais, au bord du lac, et les sommets sont brumeux. Les bateaux arrivent au bout d'une vingtaine de minutes mais il faut encore un bon moment pour le changement de passagers et je suis contente d'avoir pris de la lecture.
Dans l'amoncellement des bagages, les étiquettes du mien se voient particulièrement bien !
La traversée dure environ trois quarts d'heure sur des eaux calmes, qui me permettent de continuer la lecture. En revanche, ii y une bruine glacée portée par du vent et j'enfile ma veste à capuche.
Plusieurs navettes attendent, mais sans réelle organisation, et je me retrouve embarquée dans un tour des hébergements, allant de l'auberge de jeunesse à des hôtels de luxe avec garde à l'entrée.
Les maisons et hôtels sont plutôt coquets avec beaucoup de références aux eaux thermales. Je me demande ce que va donner mon éco-lodge car je n'ai pas opté pour du luxe.
La route est désormais en terre rouge et j'admire l'habileté du chauffeur à contourner de grandes ornières. L'entretien des routes est régulier mais les pluies sont une cause importante d'érosion.
D'ailleurs, il me dit que les routes qui me paraissaient difficiles à Monteverde sont en réalité un grand progrès car jusqu'à il y a encore cinq ans, on ne pouvait y rouler qu'en 4 X 4.
Il fait une chaleur moite qui me rappelle le Sri Lanka et je suis heureuse d'arriver enfin à destination.
L'accueil est très sympathique mais je n'ai pas le temps de me baigner, juste celui de manger avant le programme de l'après-midi.
Donc, une navette vient me chercher pour ce qui s'appelle "Canopy tour" ou "Cable tour". J'en avais déduit que pour la bagatelle de 55 $, j'allais observer la canopée sur des passerelles et faire une glissade en tyrolienne.
Vu comme ça, c'était plutôt attrayant mais la réalité s'avère plutôt différente.
Je me suis retrouvée dans un troupeau d'au moins 25 personnes, à faire la queue à n'en plus finir pour me retrouver là :
A partir de là, j'ai été embarquée comme sur une chaîne de production : on m'a affublée d'un harnais, d'un casque et d'un lot de mousquetons.
Puis un type m'a attirée dans un coin avec un câble tendu pour me débiter une avalanche d'explications en anglais jusqu'à ce que je l'arrête en lui demandant de me parler en français ou en espagnol. L'automate a disparu au profit d'un humain qui m'a montré comment utiliser l'équipement de tyrolienne.
En revanche, quand j'ai demandé quand il y aurait "observation de la canopée", il a ouvert des yeux ronds avant de répondre, perplexe : "Justement, tu y seras, avec le câble".
Et me voilà à l'étape suivante, faisant la queue, comme au toboggan, pour essayer une section de démonstration.
La main gauche comme ci, la main droite par là, les jambes comme ci, la tête comme ça, fais pas ci, fais pas ça... Au final, ce n'est pas si compliqué :
L'ennui, c'est que justement, ce n'est que ça : on fait la queue, on regarde les préparatifs et les départs des 10 autres et on suit.
On glisse sur un câble et on ne voit rien à part un ruban vert et bleu qui défile à toute vitesse, avant d'être propulsé sur une plate-forme où un pauvre manard déverrouille l'attirail pour le rattacher pour l'étape suivante.
Le plus pénible est de savoir quand freiner surtout sur les longueurs de 150 à 200 mètres où on prend beaucoup de vitesse.
Au bout de cinq glissades, j'en avais plus qu'assez de l'adrénaline et c'est là que le gars de la plateforme m'a annoncé qu'il y en avait encore cinq !
A voir ma tête, il a compris que je n'avais aucun plaisir à ce cirque et il a fait un truc très sympa : il m'a prise avec lui ! Du coup, il s'est chargé du freinage et j'ai pu finir le parcours détendue.
Je me demande comment ils supportent ce travail. C'est comme l'usine, mais en plein air. Le plus épatant c'est que sur chaque plateforme, chaque gars était gentil et prévenant, alors qu'ils voient défiler des centaines de gens.
En tout cas, sans rancune, l'équipe a voulu qu'on se prenne en photo. J'ai décliné poliment mais je les affiche ici parce qu'ils le méritent (et qu'ils m'ont fait plein de compliments sur mon espagnol) :
Et ils m'ont même offert une bière fraîche pour le retour, que j'ai bu tranquillement sur le banc devant ma chambre.
Et maintenant, la beauté du jour : les plantes dans les allées de l'hôtel.