Je suis réveillée en sursaut à 3 heures du matin par l'alarme d'un réveil électronique. Il me faut bien deux minutes pour me rendre compte que c'est impossible. En fait, c'est un insecte qui stridule et tellement fort que je dois mettre des bouchons d'oreilles pour dormir trois heures de plus.
A 7 h, je prends la navette pour la réserve de Curi Cancha, qui est un bosque pre-montano, c'est-à-dire une forêt tropicale de moyenne altitude, plus aérée et plus lumineuse. L'accès coûte 28 $ et la visite dure 3 heures.
Par exemple, tandis qu'un colibri invisible tsip-tsipe à pleins poumons, il explique que c'est un cri destiné à fasciner les femelles et qu'il restera sur cette arbre à intervalles réguliers car les colibris sont territoriaux.
Leur lieu de prédilection s'appelle le lek et se trouve généralement près des avocatiers à petits fruits, de la taille d'une olive.
Les avocatiers existent de plusieurs sortes, avec des fruits de formes et tailles diverses et sont aussi beaucoup cultivés pour leur bois.
En marchant, il me désigne des crottes de singes et l'odeur d'ammoniaque de leur urine. C'est tout ce que j'en verrai : les bestioles se planquent dans les hauteurs, de même que les serpents qui ont besoin de se chauffer au soleil.
Je fais aussi une croix sur les pumas et autres jaguars, qui sont des nocturnes. Ils ne sont pas loin mais se cachent.
Et c'est là que j'ai soudain vu bouger quelque chose : un couple d'agoutis !
La chasse étant interdite au Costa Rica, la régulation de la population se fait naturellement. Les agoutis sont la proie préférée des pumas, par exemple.
Pour ce qui est des oiseaux, le régulateur est le toucan dont je n'ai vu qu'un éclair de couleurs : comme le coucou, il s'empare des nids vulnérables, détruisant les oeufs et chassant les oisillons.
Oscar repère un quetzal et je fais de mon mieux pour le trouver et le photographier, ce qui donne ça :
Oscar applique mon appareil contre son télescope et parvient à obtenir ceci :
Et pour finir, il m'a envoyé les trois photos qu'il a prises avec son propre matériel, donc vous pouvez voir ci-après d'abord un quetzal mâle :
Et là, ce sont un mâle et une femelle d'Euphonia Elegantissima :
Oscar fait remarquer que de même que les fleurs spectaculaires ont rarement un parfum intéressant, les oiseaux les plus beaux n'ont pas un joli chant.
Je pense au paon à qui ça s'applique on ne peut mieux !
Et maintenant, accrochez-vous car je vais vous parler du Ficus étrangleur.
Voyez la taille de cet arbre :
On peut même y entrer car il est creux et, en regardant en l'air, il a un air de cathédrale :
L'affreuse vérité c'est que le vide au centre était occupé par un arbre. La caractéristique du Ficus étrangleur, c'est qu'il pousse de haut en bas.
Ses graines sont déposées au sommet d'un arbre par des singes ou des oiseaux. Les racines cherchent la nourriture et descendent comme des lianes. Lorsqu'elle atteignent le sol, elle épaississent en étouffant l'arbre-hôte. Au bout de 3 ou 400 ans, ça donne une cathédrale de bois.
Par terre gît un zapote pas encore mûr (il serait orangé). C'est une grosse baie à une seule graine volumineuse dont la pulpe beige orangée est paraît-il très sucrée.
En voyant cet arbre, j'ai cru à un oranger :
Et là, surprise : c'est un citron !
En fait, au Costa Rica, les oranges tirent vers le jaune et c'est l'inverse pour le citron.
Ci-dessous, à gauche, les bananes/bananas sont les fruits qui se mangent crus, tandis qu'à droite, les bananes plantains/platanos sont les bananes à cuire.
Depuis la domestication, les deux dépendent de l'homme car elles sont devenues stériles, sans graines. Elles poussent à partir d'une racine : lorsque 24 feuilles se sont formées, les bananes arrivent. Une fois cueillies, il faut couper le tronc à ras pour que recommence un cycle.
Voici une micro-orchidée. Elle est si petite que seuls les moustiques peuvent la polliniser, les mâles uniquement car ils se nourrissent de nectar.
Et là, grâce à l'oeil d'aigle d'Oscar, j'ai fini par voir un petit papillon extraordinaire, aux ailes transparentes :
Pour finir, il me montre une ruche sauvage. J'hésite à m'approcher à cause des abeilles mais il m'apprend que les abeilles du Costa Rica n'ont pas de dard...
Dans la forêt, on entendait parfois un sifflement flûté : c'est le son produit par le nez du coati quand il respire fort !