Début septembre, l’Opéra de Lyon a accueilli en résidence de travail la compagnie L’Opéra Théâtre de Lyon pour sa quinzième création, le "Tosca" de Puccini mis en format de poche par son directeur artistique André Fornier, avec le conseil musical de Didier Puntos.
Jeudi dernier, le premier acte était montré en répétition publique, et ce fut une expérience surprenante. Après avoir expliqué que Puccini disait ne pouvoir écrire une note sans visualiser les personnages en scène, Fornier a souligné le grand nombre de didascalies sur lesquelles il a pu s’appuyer, pour donner vie aux intentions des personnages.
Pour arriver au format de poche, à la manière d’un orchestre de chambre et sans trahir l’œuvre, il a opté pour seulement trois interprètes. Seuls chantent, en italien, les amoureux : le peintre Caravadossi, interprété par Nicolas Gambotti, et la cantatrice Floria Tosca, incarnée par Stéphanie Loris. Par contraste, le comédien Pierre-Yves Bernard dit ses textes en français, car il est la Parole de la répression, d’abord dans la peau du sacristain, puis dans celle du funeste Scarpia.
L’orchestre, lui, tient tout entier dans un... accordéon, dont Philippe Bourdois fait surgir fidèlement les leitmotiv annonçant les personnages et résonner les thèmes annonciateurs de la tragédie.
Si l’instrument désarçonne a priori, on apprécie très vite l’étendue de ses possibilités. Quand Caravadossi chante l’amour, l’accordéon donne à l’air une gaieté de chanson populaire. Avec ses basses, ou utilisé en percussion, il annonce la menace et le gibet.
Il faut le voir pour le croire mais tout y est, du moins c’est ce qu’augurait la répétition de ce premier acte.
Bernard passait avec brio d’une personnage à l’autre. Gambotti n’avait pas, ce soir-là, une voix exceptionnelle mais son visage expressif donnait toute sa force à un peintre à la fois rebelle et amoureux.
Loris, elle, chantait comme un rossignol, avec un timbre clair et déchirant, jouant de tout son corps les sentiments qu’elle incarnait. C’était un crève-cœur qu’elle soit interrompue, mais il s’agissait d’une répétition et il fallait bien accepter que le metteur en scène fît son travail de peaufinage.
L’approche sous forme de théâtre lyrique amène le public dans l’intimité de l’œuvre et Fornier, en passionné, nous a donné envie de voir ce que sera le spectacle dans son entier, avec la scénographie de Florence Evrard.
Il sera joué de novembre à avril, de La Ricamarie à Montélimar, en passant par Vienne et d’autres villes à retrouver sur le site www.operatheatre.org
Compagnie L’Opéra Théâtre - 1 rue du Griffon- 69001 LYON – Tél. 04 78 28 09 97