Après diverses péripéties, il se réveille entouré de géants. Il se lève et a si peur que, les pieds rivés au sol, il devient blême et tremble de tous ses membres.
Les géants, voyant qu'il ne se sauve pas, croient qu'il tremble de rage et lisant la bannière pensent que leur heure est venue : ils tombent à genoux pour demander grâce à Nazar le Brave et l'installe dans leur château où il séduit une belle jeune femme et s'invente moults exploits.
Un jour, un tigre est repéré tout près et les villageois affolés supplient Nazar de les sauver. Poussé par la foule, armé jusqu'aux dents, le voilà contraint de retourner dans la forêt. Dès qu'il se sait hors de vue, il lâche son arsenal et se précipite en haut d'un arbre au pied duquel le tigre arrive bien vite.
Nazar tremble tellement qu'il tombe de la branche et se retrouve sur le dos du tigre !
L'animal fou de rage se met à courir tandis que Nazar s'agrippe de crainte de tomber sous ses pattes. Bientôt le village est en vue et la foule se met à hurler : "Regardez Nazar le Brave ! Il a dompté le tigre comme un cheval !" et d'aucuns s'occupent de trucider la bête.
Une autre fois, une troupe ennemie marche sur le château et les géants font de Nazar le chef de leur armée. Ils le posent sur un grand cheval noir mais l'animal comprend vite que le pauvre homme n'a pas d'autorité. Il part au grand galop et Nazar, paniqué, tend le bras vers un arbre pour tenter de s'y réfugier.
Hélas ! L'arbre est vieux et sec et voilà Nazar, lancé au galop, brandissant une énorme branche comme s'il était armé.
Tout le village est impressionné : "Regardez Nazar le Brave ! Il charge tout seul, emportant les arbres sur son passage" et les hommes, encouragés, s'élancent pour gagner la bataille.
Après cet exploit, Nazar est devenu le roi.
On dit qu'il vit toujours et quand on parle devant lui de courage, d'intelligence et de talent, il s'esclaffe : "Quel courage ? Quelle intelligence ? Quel talent ? Ces mots-là ne veulent rien dire ! Tout tient à la chance : ayez de la chance et votre vie sera une fête".
Enervant, non ?