Iliade - Pauline Bayle, d'après Homère

L’Iliade et l’Odyssée sont les seuls textes qui nous soient parvenus d'un cycle épique sur la guerre de Troie.

L'Iliade raconte comment, après un siège de dix ans, le sort des armes hésite encore. Achille est le meilleur guerrier grec mais il reproche à son roi Agamemnon de lui avoir pris une belle captive et une bonne partie du butin.

Ulcéré, il quitte le combat, laissant la situation en faveur des Troyens, galvanisés par Hector.

Pour nous plonger d'emblée dans l'atmosphère du récit, c'est au guichet  du théâtre que les interprètes s'emparent du public, racontant un prélude à la bataille, avant de rejoindre la salle.

Adaptation concise, décor minimal... Pauline Bayle présente une mise en scène moderne où tous les protagonistes sont joués indifféremment par les cinq comédiens et comédiennes.  

Au travers des dialogues des Grecs et des Troyens se dessine l'amertume du destin de ces guerriers qui aspirent à la gloire immortelle et sont pourtant les jouets des dieux.

Le récit des affrontements est conté sur le mode choral, partagé entre tous les interprètes. Si le procédé est digne de la tradition orale, la fastidieuse litanie des blessures et des hommes morts au combat mériterait une scansion plus marquée (on se prend à rêver de ce qu'un Racine aurait pu en faire...)

En contraste, l'intervention des dieux est un franc vaudeville qui a fait le régal du public. Brisant souvent le quatrième mur, Héra, incarnée par un comédien affublé d'un soutien-gorge rose, négocie avec une Aphrodite toute entière dans sa perruque blonde ; Poséidon, brimé par son Zeus de grand frère, a son moment de gloire dans un rap endiablé... 

On revient au champ de bataille, évoqué par un remarquable procédé d'accessoires quand l'eau, omniprésente dans le récit, vient sur scène dans un seau.

Les héros y plongent les bras avant de les couvrir de paillettes argentées donnant l'illusion d'un métal d'armure, tandis qu'une peinture ensanglante les guerriers comme le sol.

Le récit s'accélère et le final voit le retour d'Achille au champ de bataille pour venger la mort de Patrocle vaincu par Hector. Sachant qu'il avait causé la  perte de son ami en l'envoyant combattre à sa place pendant qu'il boudait dans sa tente, il n'y a rien de noble dans son désir de vengeance.

Son attitude n'est pas plus honorable dans la manière dont il outrage le corps d'Hector après l'avoir vaincu.

Il n'empêche qu'à ce stade, l'avantage revient aux Grecs et le dénouement laisse entendre la défaite des Troyens.

Pauline Bayle a également écrit une adaptation de l'Odyssée qui raconte les aventures d'Ulysse qui, après la guerre, tente de rentrer dans son royaume d'Ithaque.

J'attends impatiemment de voir ce second volet qui est également joué au Théâtre de la Croix-Rousse.

Iliade, du 22 novembre au 2 décembre 2023 au Théâtre de la Croix-Rousse - Durée : 1 h 30

Adaptation Pauline Bayle d’après Homère
Mise en scène Pauline Bayle Assistante à la mise en scène Isabelle Antoine Assistante à la mise en scène en tournée Audrey Gendre
Scénographie Camille Duchemin, Pauline Bayle Lumière Pascal Noël
Costumes Camille Aït
Lumière Pascal Noël Régie générale, lumière Jérôme Delporte, Antoine Seigneur-Guerrini, Alain Larue

Avec Soufian Khalil, Viktoria Kozlova, Loïc Renard, Paola Valentin, Charlotte Van Bervesselès

« Nous dédions les représentations de ce spectacle à notre collaborateur et ami Juergen Hirsch qui nous a quittés en août 2023. »

Production Compagnie À Tire-d’aile, le Théâtre de Belleville, Label Saison
Production déléguée en tournée Théâtre Public de Montreuil – CDN
Soutien Plateau 31 – Fabrique de culture de Gentilly, le Shakirail, l’association Rue du Conservatoire – Elèves et anciens Elèves du CNSAD, Arcadi Ile-de-France, Fontenay-en-Scènes / Fontenay-sous-Bois.
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National
Avec le dispositif d’insertion de l’École du Nord, soutenu par la Région Hauts-de-France et le Ministère de la Culture

© Pauline Le Goff
© Simon Gosselin