Né en 1685 et mort en 1750, Bach grand maître de la fugue, du choral, de la cantate et génie du contrepoint, fut aussi prolifique en enfants puisqu’il en conçut 20 avec ses deux épouses successives.
Alexandre Astier incarnait, hier, le « Cantor de Leipzig » avec un allant des plus enthousiasmants.
Sommé par Frédéric le Grand de donner à des gens du peuple, une leçon de musique dans son appartement de l’Ecole Saint-Thomas, Bach suspend à contre-cœur son travail acharné pour s’adresser à une foule de paysans qu’il soupçonne d’être surtout là pour piller les tapisseries et chandeliers.
Dans le rôle des paysans obtus et puants… le public même de la pièce.
asse, passant du clavecin à la viole de gambe en passant par un tableau noir et une démonstration que des miettes de pain au fond d’un moule sont disposées comme sur une portée et donc, telles un signe divin, donnent la base d’une nouvelle composition.
Le Maître s’interrompt pour prendre ses remèdes et se plaindre des médecins qui bien qu’ignorant la cause de ses insomnies et de sa perte d’appétit, accumulent les ordonnances. Plus tard, interrogeant Seigneur, il peut enfin mettre un nom sur son mal : la tristesse.
Bach interpelle le public, l’incite à partir à l’auberge pour débarrasser les lieux et s’attendrit un peu quand quelque manant vient à faire une remarque pertinente.
Si Astier nous gratifie du style truculent qu’on lui a connu dans Kaamelott, il sait aussi évoquer de manière poignante les moments tragiques du musicien qui a perdu dix de ses vingt enfants.
Malade et toujours triste, l’homme en deuil a pourtant légué à la postérité plus de mille œuvres dévotes donc la technique rigoureuse n’empêche pas l’enchantement du cœur.
Quand à la fin de la pièce, nous applaudissions, d’aucuns ont lancé «Bon anniversaire !» et dans un ensemble indigne du Cantor mais bien sincère, nous avons entonné l’air de circonstance.
Alexandre Astier, saisissant l’instant et en réponse aux nombreux rappels, nous a répartis alors en quatre groupes et par une suite de directives et remarques amusantes, nous a constitués en chœur pour nous faire chanter un magnifique accord improvisé.
C’est le bonheur du spectacle vivant qu’à chaque représentation, il puisse se passer quelque chose de plus que le texte qui a été écrit…
« Que ma joie demeure » de et par Alexandre Astier au Théâtre de la Croix-Rousse le 16 juin 2012