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Baronne Samedi

Broutilles paraissant le crésudi

Iphigénie à Splott - Owen/Lini

Publié le 8 Novembre 2024 par Baronne Samedi in Théâtre, Théâtre de la Croix-Rousse

Selon le mythe grec, Iphigénie a été piégée pour être sacrifiée au nom de la guerre menée par les hommes contre Troie.

L'Iphigénie de Gary Owen s'appelle Effie, et elle vit à Splott, un quartier pourri de Cardiff où l'auteur lui-même a vécu.

Le sacrifice d'Effie est celui des gens de la classe ouvrière, au chômage ou mal payé, dont la vie dépend de l'aide de l'Etat : on leur enlève les piscines municipales, les bibliothèques et même les soins de santé les plus élémentaires. L'une des inspirations de Gary Owen pour cette pièce a été l'histoire d'une mère qui avait dû accoucher dans une salle d'attente d'hôpital, faute de lit, et dont l'enfant était mort à la naissance par manque de personnel.

Effie entre en scène, comme sur le ring, après une longue introduction jouée par les musiciens sur scène. D'emblée, elle prend le public à parti, provocante pour déverser son quotidien : elle est jeune, au chômage et furieuse contre le monde. Chaque nuit est occupée à boire, à baiser et parfois à se battre ; chaque matin commence par une gueule de bois.

Son monologue aux rythmes de slam résume les glaciales politiques de coupes budgétaires qui ont suivi la crise financière de 2008. Gwendoline Gauthier le hurle avec rage (et sans doute pour se faire entendre par-dessus la musique malheureusement tonitruante).

©Debby Termonia

©Debby Termonia

Une nuit, elle rencontre le soldat Lee qui a perdu une partie de la jambe au combat. Leur nuit ensemble est inoubliable. Ils échangent leurs numéros de téléphone et se donnent rendez-vous mais Lee ne parvient pas à se présenter et quand Effie essaie de l'appeler, son numéro ne fonctionne pas.

Il y a parfois des silences assourdissants.

Pour Georges Lini le metteur en scène, "ça semble basique, à la Ken Loach, c’est social et dur, mais avec humour, à l’anglo-saxonne : on ne s’apitoie jamais sur soi-même..."

Il n'empêche que le sujet est dramatique quant à la situation d'Effie, enceinte un homme disparu, qui pense en tirer quelque chose de bien

C'est à la fin de la pièce qu'on comprendra le lien avec le sacrifice d'Iphigénie...

©Debby Termonia

©Debby Termonia

Iphigénie à Splott - 2015

Texte  Gary Owen - Traduction Blandine Pélissier, Kelly Rivière
Mise en scène Georges Lini - Collaboration artistique Sébastien Fernandez
Comédienne Gwendoline Gauthier
Direction musicale François Sauveur
Musiciens Pierre Constant, Julien Lemonnier, François Sauveur
Lumières Jérôme Dejean - Costumes Charly Kleinermann, Thibaut de Coster
Une coproduction du Théâtre de Poche et de la Compagnie Belle de Nuit.
Texte traduit avec le soutien de la Maison Antoine Vitez, Centre international de la traduction théâtrale. L’auteur est représenté par MCR.

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